JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

07 March 2004

Nominés politiques et experts polyvalents

 l'express du 7/3/2004

Un nominé politique n’arrive pas à assumer convenablement la tâche qu’on lui a confiée ? Qu’à cela ne tienne… pas question de le mettre sur la touche. On le casera ailleurs, histoire de le maintenir sur la fiche de paie du Trésor. C’est du moins la tactique employée actuellement par le pouvoir pour conserver ses protégés dans le giron gouvernemental.

En effet, pas moins de quatre nominés politiques placés dans des chancelleries ont été invités à rentrer. Ils ne seront pas pour autant remerciés. Une source proche de l’alliance gouvernementale affirme que l’exécutif a décidé de les rappeler parce qu’ils « n’arrivaient pas à perform ».

Toutefois, pour éviter toute friction inutile au sein de la majorité, il a été décidé d’équilibrer le nombre des mutations. C’est ainsi que chaque principal partenaire de la majorité a été invité à libérer un nombre égal de sièges. Le Mouvement militant mauricien a donc choisi de faire rentrer John Dacruz et Ravin Dwarka, postés au début de l’actuelle législature respectivement en Afrique du Sud et au Pakistan. Le Mouvement socialiste militant a, de son côté, accepté de rappeler Daneelall Seewoo de la capitale indienne et Soorooj Phokeer du Caire.

Les quatre n’ont cependant pas de souci à se faire. Dès leur retour, ils seront placés comme conseillers à l’hôtel du gouvernement.

« À voir ce qui se passe ces derniers temps, le gouvernement ne devrait avoir aucune difficulté à les utiliser. Nous avons bien Deepak Bookhun, un ancien responsable du service pénitentiaire transformé en conseiller en matière de sécurité à l’intérieur des bâtiments publics », explique un observateur.

Mais il n’y a pas que les conseillers techniques qui sont parfois mutés dans des domaines où ils n’ont pas encore fait leurs preuves. Le Premier ministre en a étonné plus d’un lorsqu’il a laissé entendre à un groupe socioculturel que la nouvelle affectation à son bureau de Mitradev Peerthum, ancien attaché de presse et journaliste, vise surtout à relayer les doléances d’une section particulière de la communauté mauricienne.

L’entourage du pouvoir a également du mal à expliquer le maintien à son poste de Veella Seenyen, conseillère de l’ancien Premier ministre, recrutée pour s’occuper des doléances des mandants de Sir Anerood Jugnauth avant que ce dernier ne parte pour la State House. Il en va de même de Jean-Mée Desveaux , recruté d’abord comme conseiller économique au ministère des Finances, désigné ensuite pour représenter ce ministère au sein de certains corps parapublics et qui reste membre de ces institutions lorsque Paul Bérenger passe du ministère des Finances au fauteuil de Premier ministre.

Plus récemment, Premlall Mahadeo, recruté comme directeur du National Heritage Trust Fund placé sous l’égide du ministère de la Culture, a atterri aux Finances après avoir eu maille à partir avec le président de son conseil d’administration.


Trouver chaussure à son pied


Les quatre ambassadeurs qui rentrent bientôt ne devraient avoir aucune peine à s’adapter. À l’instar de Ravin Lochun, ancien ambassadeur, nominé politique de surcroît, qui s’est vu confier le poste de conseiller diplomatique auprès de l’ancien ministre des Finances après avoir servi moins de deux ans dans une chancellerie. Il est, depuis, passé au bureau du Premier ministre.

Comme quoi, il n’est pas nécessaire d’être compétent dans un domaine précis pour trouver chaussure à son pied, la proximité politique pourra toujours vous transformer en expert polyvalent. Fini aussi le temps où les nominations des protégès politiques dans des ambassades soulevaient des tollés au Parlement.

Selon des informations fournies à l’Assemblée nationale à la fin de mars 2002, à la suite d’une interpellation du député Arvin Boolell, les différents ministères comptaient alors 123 conseillers. Moins d’une douzaine ont depuis changé d’air.