JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

14 October 1978

Dr Goldblatt : Le Coeur au travail


L'echocardiogramme sera d'une aide considérable au niveau du diagnostic.

"You’ve got to treat those who need it. To me this is just what medecine is; nothing else counts". C'est ce que déclare le Dr Elton Goldblatt, directeur du département de cardiologie au Adelaide Children's Hospital et spécialiste des maladies cardiaques chez les enfants.
 
Le Dr Goldblatt qui est très concerné par le problème affectant les jeunes Mauriciens dans ce domaine et qui a longtemps travaillé avec la Society For Aid To Children Inoperable in Mauritius (SACIM), nous parle ici de sa dernière visite à Maurice ainsi que de la position de la SACIM en ce qui concerne les différents centres hospitaliers internationaux.

Propos recueillis par
Jean-Mée DESVEAUX
L’express du 14 octobre 1978

Q: Dr Goldblatt, vous êtes le directeur du département de cardiologie au Adelaide Children's Hospital et votre visite à Maurice, quoique privée, n'est pas tout à fait étrangère aux activités de la SACIM. Pouvez-vous nous en parler?

R: Ce n'est pas ma première visite à Maurice dans le cadre des activités de la SACIM. Une vieille amitié existe entre cette association et notre hôpital. J'ai passé une semaine chez vous en 1975 pendant laquelle j'ai ausculté pas mal de petits Mauriciens. L'année dernière, j'étais invité par le gouvernement mauricien pendant trois semaines durant lesquelles, j'ai pu voir 164 jeunes souffrant de troubles cardiaques. Et cette année, la SACIM m'a demandé de m'arrêter ici une semaine lors de mon retour d'Afrique du Sud où je m'étais rendu pour des raisons personnelles.

En ce moment, j'ausculte trois catégories de malades. Ceux qui ont déjà subi des opérations cardiaques outre-mer, ensuite ceux qui, dans un avenir relativement proche, vont subir une intervention chirurgicale ailleurs et enfin ceux qui seront opérés par mon confrère australien, le professeur Wright lors de sa visite à Maurice à la fin de ce mois.

Q: La SACIM est, en ce moment, très dépendante de l'Afrique du Sud en ce qui concerne l'opération des enfants qui ne peuvent être traités ici. L'Australie apporte sa part d'aide, mais y a-t-il des chances de voir un plus grand nombre de patients partir vers l'Australie dans un proche avenir?

R: Je pense qu'il y a déjà un effort qui se fait dans ce sens. Des enfants sont envoyés en Suisse et ailleurs et presque tous les hôpitaux des grands centres australiens en reçoivent quelques-uns. Durant les six dernières années, nous en avons accueilli plus d'une trentaine à Adélaïde. La plupart de ceux qui subissent des opérations en Australie viennent chez nous. Cela nous fait une moyenne de cinq à six par an. Ils sont tous les invités de notre hôpital et la SACIM ne doit pourvoir que le passage.

This is done as a friendly gesture towards Mauritius. En fait, j'accompagnerai un jeune patient vers l'Australie à mon retour. Celui-là souffre d'un problème rénal. Une des infirmières de notre hôpital sera ici la semaine prochaine et elle accompagnera quatre autres patients qui vont être opérés au Adelaide Children Hospital.

Des parents reconnaissants envers le Dr Goldblatt.


Q: Pensez-vous que des contacts inter-gouvernementaux pourraient aider dans ce domaine?

R: Je pense que la SACIM, qui possède, du reste, des amis influents à travers le monde, organise très bien les choses. Il est bien préférable de garder les choses à ce niveau personnel et individuel car cela crée un atmosphère très propice à ce genre de travail. Il n'est pas nécessaire de faire de la propagande autour du travail qui se fait dans ce domaine. Le mieux, c'est de garder un low profile. Il est évident que nous aviserons si nous rencontrons des problèmes dans ce sens, mais, jusqu'à l'heure, nous n'avons pas eu à nous plaindre.

Q: Il a été question d'inviter des spécialistes étrangers à Maurice en vue de pratiquer des opérations sur place. Pensez-vous que ce soit une chose possible?

R: Tout dépendra du matériel dont disposera le pays en vue de permettre l'investigation des cas sur place. On ne peut faire d'opérations sans avoir des instruments de haute précision et cela coûte très cher. Il faudrait que le gouvernement dépense énormément d'argent afin qu'il y ait de telles facilités et vous avez peut-être d'autres priorités qui vous empêcheraient d'y songer tout de suite.

Q: Il est intéressant de noter dans ce contexte que la SACIM est maintenant équipée d'un Echocardiogram. Quel sera l'apport de cette nouvelle machine dans le cadre des activités de la SACIM?

R: En effet, la population mauricienne a généreusement répondu à l'appel de la SACIM en ce qui concerne l'achat de ce matériel. L'Echocardiogram sera d'une aide considérable au niveau du diagnostic. Il est très nécessaire de procéder à une sélection scientifique des patients qui sont éventuellement envoyés à l'extérieur pour être opérés. Il est très important que ceux qui sont choisis aient une chance de profiter d'une intervention chirurgicale s'ils ne peuvent être traités à Maurice même. Or, cette sélection ne pourra être faite que par l'aide d'une machine, telle que l'echocardiogram.


 Q : Pouvez-vous nous parler du comportement des jeunes Mauriciens durant leurs séjours en Australie?

R: Ils sont très effrayés au départ car ils se voient subitement dans un environnement totalement différent de celui qu'ils ont connu jusque-là. Les gens sont différents et ils parlent une langue qui leur est étrangère. Il nous arrive parfois de trouver des personnes qui parlent le créole mais c'est assez rare car il n'y a pas beaucoup de Mauriciens à Adélaïde. Quand nous réussissons à trouver une famille qui est prête à nous aider, nous permettons aux enfants d'y passer une partie de leurs séjours.

Ceci présente même quelquefois un danger, car si ces enfants voient trop de gens ou s'ils restent trop longtemps en Australie, ils risquent d'être trop gâtés, ce qui rend le départ de l'Australie et la réadaptation à Maurice généralement plus difficile. Mais il ne faut pas penser que c'est un problème énorme ou même que cela soit très courant. En général, ils se font beaucoup d'amis en Australie mais sont quand même très contents de se retrouver au sein de leurs familles. Il serait quand même nécessaire de faire ressortir que ce serait très avantageux si ces enfants, surtout les plus grands, pouvaient recevoir une certaine notion de l'anglais avant d'être envoyés en Australie.

Q : Vous avez beaucoup fait pour SACIM et pour Maurice. Est-ce à dire que vous avez en quelque sorte adopté notre île?

R: Il ne faut pas oublier d'abord que c'est un travail d'équipe et que quoique je sois plus près des enfants qui viennent chez nous, de par la nature de mon travail, il y a aussi d'autres membres dans cette équipe.
Il est vrai que je me sens très proche de l'ile Maurice; j'ai beaucoup d'amis ici dans la profession médicale comme ailleurs. J'ai eu l'occasion de rencontrer les parents de certains enfants que j'ai vus à Adélaide et leur reconnaissance m'a vraiment ému. Du reste, ils nous écrivent assez souvent pour nous donner les nouvelles de nos petits patients. Ce que nous faisons a tellement d'importance à leurs yeux que c'est certainement le meilleur encouragement que nous puissions avoir pour continuer notre travail.

Q: N'empêche que ce genre de dévouement ne se trouve pas partout.

R: To me this is just what medicine is about. You've got to treat those who need it; nothing else counts.

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