JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

05 July 2005

Transcender les barrières créées par l’homme

l'express du 07/05/2005

Jean-Mée DESVEAUX 

Les propos du leader de l’opposition rapportés dans l’express du vendredi 6 mai 2005 (Ramgoolam fait un appel en faveur de l’unité) méritent d’être relevés à plusieurs niveaux. (1) Il est triste de voir qu’un ancien Premier ministre qui, de surcroît, ose se prévaloir de l’image d’un rassembleur s’attaque ainsi, lors d’une réunion politique, à un technicien dévoué au service de l’Etat mauricien.

(2) Il est hypocrite pour un ex-chef de gouvernement qui, en 1997, avait demandé à ce même conseiller de rester au service de l’Etat après la révocation de Paul Bérenger, de s’attaquer aujourd’hui à son professionnalisme.

(3) Il est inconsistant, pour un chef de l’opposition, de blâmer un conseiller de l’Etat d’avoir assaini les dossiers d’un ex-ministre qui fut pendant cinq ans la cible de l’opposition, qui l’accusait alors de corruption.

(4) Il est navrant, finalement, de voir jusqu’où s’abaisse le docteur Ramgoolam en utilisant la stratégie raciste sur laquelle repose le «voter Jeeha, c’est voter Jean-Mée Desveaux».

Le «super conseiller» dont Navin Ramgoolam demande ainsi aux électeurs hindous de se méfier, a une biographie qui pourrait étonner le chef de file travailliste. Quand j’avais trois mois, ma famille échoua sur les écueils d’un divorce, et j’ai eu la chance inouïe d’être recueilli par un vieux couple sans enfants qui me chérit et m’apprit les valeurs morales et humaines que je garde encore précieusement. Ces deux vieux, pour lesquels j’ai eu mes premiers balbutiements, «grand-père» et «grand-mère», furent les seuls visages parentaux que je n’ai jamais connus. J’ai perdu trop tôt ce grand-père qui m’aimait et que j’adorais. Nous étions nés pour transcender toutes les barrières de sang, d’âge et de race, car grand-père, cet inspecteur de police de grande droiture, était hindou et fier de l’être.

Il serait superflu d’exprimer le sentiment de gratitude et de profond respect que je ressens pour la culture de cet homme qui m’a ainsi pris dans son sein. Quant à Monsieur Ramgoolam, je le laisse dans le ghetto intellectuel où il semble dorénavant s’enfermer. Je ne reconnais pas en lui les valeurs de l’hindouisme que j’ai appris à associer à mon grand-père.