JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

11 December 2004

«Des décisions radicales pour mes 100 premiers jours au pouvoir»

l'express du 11/12/2004

L’assistance est chauffée à blanc. Et Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste (PTr) lors d’un meeting de l’alliance sociale, hier promet des décisions radicales pour ses 100 premiers jours à la tête du pays. Les élections législatives de 2005, il est convaincu de les remporter.

«Mo pa pou donn letem. Dan mo 100 premier jour à la tet pays ou pou guete, arete bef travail et cheval manze», précise-t-il à une assistance d’environ 2 500 personnes.

Tour à tour, le leader du PTr fait allusion au «gros capital», aux abus du pouvoir, à la corruption, et au «gaspillage des fonds publics à travers ces nombreux expatriés qui occupent des postes importants avec des salaires mirobolants au sein des différents organismes dont l’Etat a un droit de regard». Il cite pour exemple, le nom d’un expatrié travaillant pour le compte du Central Electricity Board (CEB) qui a des honoraires de Rs 450 000 par mois.

Dans le même ordre d’idées, il dénonce les 240 conseillers du gouvernement qui coûtent à l’Etat, Rs 6 millions par mois. Il a qualifié le conseiller spécial du Premier ministre, Jean Mée Desveaux de «super-ministre». «Jamais dans mo l’époque quand mo ti Premier ministre conseiller ti donne l’ordre ministre», ajoute-t-il.

Navin Ramgoolam allègue que Jean Mée Desveaux a un «meilleur traitement» que Deotam Santokhee alors qu’ils travaillent au bureau de Paul Bérenger en tant que conseillers.

Selon Navin Ramgoolam, le gouvernement a «appauvri» la classe moyenne à Maurice et a fait «40 000 personnes perdre leur emploi et a ralenti la croissance économique». En contrepartie, fait-il ressortir, ce sont les «représentants du gros capital qui ont bénéficié de tout».

Il cite un dernier exemple en date : «Scandale bann limousinn pour conferens Sids. Conferens pa encor comence 50 % loto finn fini vende. Gouvernement avec ou casse command encore 100 loto. Et subside Rs 50 m lors di riz ration gouvernement pas oulé metté.»

De plus, Navin Ramgoolam insiste à plusieurs reprises sur le fait que le choix des futurs candidats ne doit pas faire l’objet de critiques ou de division de l’électorat en termes de caste pour faire le jeu de Bérenger. Il demande formellement un vote en bloc «60-0 pou ki mo reprend mo poste Premier ministre qui Berenger pe occupe».

Concernant l’assistance, il fait remarquer qu’il «n’a jamais vu autant de personnes à un meeting. Même quand nous ti faire l’alliance avec MMM jamais finn gagne autan dimounn coume ça».

Le deputy leader du PTr, le Dr Rashid Beebeejaun fait de son côté état du «manque d’élèves» dans les collèges nouvellement construits et du «manque d’enseignants». Il évoque également le manque et le retard de livres scolaires pour la rentrée 2005.

Le Dr Rashid Beebeejaun fait, lui, mention d’autres projets où des milliards de roupies ont été injectées tels que le système de tout-à-l’égout de Grand-Baie et le barrage de Midlands mais qui ne sont pas opérationnels à 100 % «en raison d’une mauvaise planification des autorités concernées».

Rama Sithanen, ex-ministre des Finances, allègue que Paul Bérenger « exerce des pressions » sur la Banque de Maurice et le bureau central des Statistiques pour «falsifier les chiffres relatifs au chômage et sur l’économie en général».

Il rend le gouvernement responsable de la dépréciation de la roupie par rapport à l’euro et «ce sont les Mauriciens qui paient les pots cassés».

Rama Sithanen critique de son côté le gouvernement qui «dépense des centaines de millions» pour l’achat de voitures et «ne peut accorder Rs 50 millions pour maintenir les subsides sur le riz».

Rama Valayden, leader du Mouvement républicain, affirme que la visite de Bérenger aux Seychelles ne relève pas seulement de la coopération économique «mais c’est surtout une question de secret bancaire».

Le meeting était présidé par Indira Seeburn. Plusieurs autres orateurs ont pris la parole dont Madun Dulloo, Cader Sayed Hossen, Manou Bheenick.






Mystère autour des tractations d’alliances

Qui dit vrai : le journal Le Militant, organe de presse du MMM, ou Navin Ramgoolam, le leader du PTr ? «Selon nos informations, l’entourage de Navin Ramgoolam a vainement tenté d’engager des négociations au moins à cinq reprises avec le leader du MMM. Mais ils se sont retrouvés face à un mur.» L’article paru dans l’édition d’hier du journal Le Militant n’aurait pu être plus clair. Mais aux questions de l’express hier soir, Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste (PTr), déclare que «c’est faux et archifaux ce qui a été écrit dans ce journal».

L’article fait ressortir, plus loin, que ce sont les «travaillistes qui ont fait circuler la rumeur à l’effet que le MMM a mis sur pied une cellule de contact afin d’établir les discussions avec le PTr. Du coup ils ont profité de la présence de Paul Bérenger et de Navin Ramgoolam qui participaient à une réunion du Conseil de l’Internationale Socialiste qui a eu lieu il y a trois semaines en Afrique du Sud pour amplifier la rumeur d’une alliance entre le MMM et le PTr.»

Toujours selon le journal, après cet «échec» les travaillistes se seraient tournés vers le Sun Trust Building pour continuer leur campagne de «séduction». Mais cette fois, avec le MSM. Démarche qui se serait une fois de plus soldée par un échec.

Navin Ramgoolam déclare, pour sa part, avec calme et sérénité qu’il est sûr de la victoire. «Moi je vais aux élections 2005 avec l’Alliance Sociale et on est sûr de gagner. La preuve est là aujourd’hui même. Regardez cette forte assistance. Au fait, c’est le MMM qui veut me rencontrer et essaie de prendre contact avec moi. Car le pays fait face à de multiples problèmes économiques et sociales.»

14 October 2004

Le CTB recommande la firme chinoise

l'express du 14/10/2004

Y aurait-il enfin de la lumière au bout des tuyaux ? La China International Water and Electric Company (CWE) est en passe de décrocher le contrat pour la construction de la station d’épuration de Montagne-Jacquot. Le choix de la Wastewater Management Authority (WMA) a été approuvé par le Central Tender Board (CTB) en fin de semaine dernière.

Le CTB a donné son feu vert à la WMA pour que le contrat soit alloué à la compagnie chinoise. Mais avant, la Japanese Bank for International Cooperation (JBIC) doit donner son aval.

Cette banque nippone finance la construction de la station. Elle insiste pour ce que son autorisation soit obtenue avant la signature du contrat entre la WMA et la compagnie chinoise. Des représentants JBIC étaient en mission à Maurice il y a quelques jours pour discuter de ce dossier.

La WMA a adressé une lettre à cette banque en fin de semaine dernière pour l’informer qu’elle comptait allouer le contrat à CWE. Elle espère obtenir une réponse la semaine prochaine.

Elle mettra ensuite tout en œuvre pour signer le contrat avec la CWE dans les plus brefs délais. La WMA espère que cela sera fait en janvier. Si tout se déroule comme prévu, les travaux de construction de la station d’épuration de Montagne-Jacquot devraient commencer fin janvier ou en février. Ils dureront environ 18 mois. La station d’épuration devrait donc être opérationnelle vers fin 2006.

Le projet de construction de cette station de traitement des eaux usées est une véritable saga. L’appel d’offres pour la réalisation du projet a été lancé le 23 juillet 2002. Les soumissionnaires intéressés avaient trois mois, jusqu’au 22 octobre, pour soumettre leurs offres au CTB.

Un consortium, composé entre autres du groupe helvético-suédois, Asea Brown Boveri Ltd (ABB), soumet l’offre la plus compétitive. Elle est de Rs 646 millions, contre Rs 665 millions pour la CWE. Les autres soumissionnaires sont China Shanghai Group et le consortium Grinaker-Itochu-Degremont-Ireland Blyth Ltd.


Requête prématurée

Alors que les négociations sont en cours entre la WMA et ABB, une action est entrée en Cour suprême en juillet 2003 par le consortium Grinaker-Itochu-Degremont-Ireland Blyth Ltd. Ce der- nier demande que le contrat ne soit pas alloué à ABB. Il allègue que l’offre d’ABB est non conforme aux règlements du document d’appel d’offres. Le feuilleton à rebondissements de la station d’épuration de Montagne-Jacquot ne fait que commencer.

Le plaignant est débouté par la Cour suprême à la fin de l’année dernière sur un point de droit technique. Le chef juge Ariranga Pillay et le juge Paul Lam Shang Leen ont statué que sa requête était prématurée car aucune décision n’avait encore été prise pour l’allocation du contrat.

L’affaire en cour ayant été réglée, les négociations reprennent avec ABB au début de cette année. Durant ces pourparlers, elle fait comprendre à la WMA qu’elle veut être compensée parce que le rand sud-africain s’est apprécié par rapport au dollar américain. ABB a coté dans ces deux devises. Sa réclamation se chiffrerait à Rs 39 millions. La demande d’ABB est rejetée par la WMA, qui soutient qu’un soumissionnaire a d’autres moyens de se protéger contre les fluctuations des taux de change.

Des divergences sur ce dossier entre Jean-Mée Desveaux, alors membre du conseil d’administration de la WMA, et cette institution, entraînent en mai sa démission de cette instance.

Les négociations avec ABB n’aboutissent pas. Ce qui conduit le CTB à donner en mai le feu vert à la WMA pour ouvrir les négociations avec la CWE. Elles se tiennent en août. La WMA recommande au CTB que le contrat soit alloué à la CWE.


Polémique

Mais les remous autour de l’allocation du contrat continuent. Notamment, après que la CWE a demandé des clarifications à la WMA au sujet de la clause d’ajustement des prix du contrat pour ce projet. A mi-septembre, ABB fait parvenir une lettre au gouvernement, alléguant que la CWE bénéficierait de certaines facilités pour ajuster ses prix alors que cela lui avait été refusé auparavant. ABB estime que ce rajustement coûterait Rs 50 millions de plus à la WMA.

L’ambassade de France se met de la partie. Elle adresse une correspondance au ministre des Services publics, Alan Ganoo, pour lui faire part de ses appréhensions au sujet de la révision éventuelle du montant de l’offre de la compagnie chinoise. Eric Noitakis, chef de mission économique de cette ambas- sade, écrit “qu’on est en droit de s’inquiéter du contexte qui pourrait présider au choix de l’adjudicataire”

La compagnie chinoise réplique. Elle trouve que “les conjectures sur le montant des profits et de l’ajustement de prix dont elle bénéficierait sont sans fondement”.

L’ambassade de Chine a aussi fait parvenir une lettre aux autorités mauriciennes pour exprimer sa position sur ce dossier.

La station d’épuration de Montagne-Jacquot traitera les eaux usées d’une partie de la capitale et des Plaines-Wilhems. C’est la partie la plus importante du Montagne-Jacquot Sewerage Project. A cause du retard dans l’allocation du contrat, des tuyaux de très gros diamètre vont rester inutilisés pendant au moins deux ans encore. Ils ont été installés depuis plus de deux ans pour un montant de Rs 122 millions. Ce retard entraînera des coûts très importants au niveau de l’entretien du réseau.

Quant au contrat de Rs 471 millions pour l’installation d’un émissaire en mer, il a été accordé en juin 2004 à la branche mauricienne de la compagnie belge Jan de Nul. Cet émissaire sera utilisé pour déverser, en haute mer, à une profondeur de 30 mètres, les eaux usées traitées par la station de Montagne-Jacquot.


02 October 2004

Une passerelle pour aider à la réinsertion des ex-détenus

CENTRE D’ACCUEIL DE KINOUETE
 
L'express du 02/10/2004
 
Sophie de Robillard, présidente de l’organisation non gouvernementale Kinouete, fait de l’écoute, de la thérapie de groupe et du service-conseil depuis maintenant trois ans auprès des détenues de la prison des femmes de Beau-Bassin. C’est à leur contact qu’elle réalise à quel point la période de vulnérabilité extrême pour les détenues est celle des six mois suivant leur libération.

«A leur sortie de prison, les anciennes détenues ont une peur bleue du monde extérieur. Elles ont honte du délit qu’elles ont commis et portent leur culpabilité en bandoulière. Pour peu qu’elles sentent que leurs proches ne leur font pas confiance ou ont conservé une image négative d’elles, ou encore ne serait-ce que si leurs tentatives de trouver un emploi échouent en raison de leur condamnation passée, elles risquent la rechute. Il est donc impératif qu’elles soient accompagnées durant cette période», explique la présidente de Kinouete.

Jusqu’ici, cette organisation non gouvernementale effectuait ce suivi dans des fast foods. Mais ces endroits sont extrêmement fréquentés et par conséquent peu propices aux confidences et à l’encadrement psychologique nécessaire. D’où l’idée de Kinouete de mettre sur pied une structure pour les ex-détenues. Au cours d’une rencontre informelle avec Jean-Mée Desveaux, conseiller spécial auprès du Premier ministre, l’équipe de Kinouete affine cette idée, pensant à la création d’un centre de jour. Le conseiller les encourage à élaborer un projet en ce sens. Juliette François, ex-coordonnatrice de Prévention, Information et Lutte contre le Sida qui s’est joint à Kinouete, prête main-forte à l’équipe dans l’élaboration du projet.

PRÉJUGÉS

L’idée se matérialise en centre de jour qui disposerait d’une salle d’accueil, d’un salon, d’un coin cuisine et d’une salle de formation où les détenus, hommes et femmes, pourraient venir et recevoir l’aide appropriée à leurs besoins.

L’équipe de Kinouete se met alors en quête d’une maison, cherchant surtout du côté de Beau-Bassin, du fait que les institutions réformatrices s’y trouvent. Leurs négociations favorablement enclenchées avec les propriétaires, butent invariablement quand ces derniers apprennent que leurs futurs locataires seront d’anciens prisonniers. Kinouete finit par frapper à la porte du diocèse de Port-Louis qui leur loue le local qui abritait jusqu’à tout récemment l’imprimerie Père Laval à la route Nicolay, Port-Louis. L’organisation Elan qui poursuit le même objectif que Kinouete, obtient l’aile gauche du même bâtiment.

Le centre de jour qui y sera aménagé ne sera ni centre de réhabilitation, ni centre résidentiel, comme l’explique Juliette François, sa future coordonnatrice. «Ce sera un centre de jour qui sera destiné à accueillir les anciens détenus dès leur sortie de prison et qui leur offrira un encadrement en fonction de leurs besoins.»

Cette évaluation déterminante sera faite par un travailleur social. Une fois l’exercice terminé, il référera l’ancien détenu aux responsables qui ont accepté de travailler pour le centre. Parmi ceux-ci, un avocat, un psychologue, un médecin spécialisé dans le VIH/sida et l’usage de la drogue par voie intraveineuse, un spécialiste du renforcement des capacités et un formateur à la gestion chargé d’initier à l’esprit de petite entreprise.

Comme les détenues de la prison de Beau-Bassin ont formulé le désir de bénéficier d’un appui professionnel en coiffure, en couture et broderie, en cuisine et pâtisserie et en informatique, Kinouete utilisera le bâtiment qui abritait jusqu’à tout récemment la presse et le transformera en centre de formation. «Cette formation est importante car les anciens détenus ont d’énormes difficultés à trouver du travail. Dès que l’employeur sait que leur casier judiciaire n’est pas vierge, l’emploi vacant ne l’est soudainement plus.»

Pour que ce soutien se fasse dans les six mois suivant la libération du détenu, Kinouete a prévu l’impression et la distribution au sein des prisons de cartes de visite avec les coordonnées et le plan du centre. « Nous aimerions les voir dans les six mois suivant leur libération pour un encadrement de six mois à un an. C’est généralement le temps requis pour se relever et avoir un projet de vie. Mais si nous voyons que les anciens détenus ont besoin de plus de temps, nous étendrons ce délai. Cela dit, il est important que l’ancien détenu ne dépende pas de nous. Il doit faire son chemin, tout en sachant que s’il ressent un passage à vide, il peut revenir. Tout se jouera sur la relation construite entre lui et nous.»

REFAIRE LE LIEN SEVRÉ

En parallèle à ce soutien, Kinouete veut préparer les proches des détenus à renouer avec ces derniers. «Nous aimerions organiser des rencontres avec les conjoints, les enfants et les proches des détenus avant la sortie de ces derniers. Car souvent, les proches ont encore en tête une image négative et toutes sortes d’attentes ne cadrant pas forcément avec la réalité du détenu. Nous voulons refaire ce lien détenu-parent, détenu-conjoint, détenu-enfant. Lien qui a été sevré», explique Sophie de Robillard.

Le centre de jour opérera en semaine entre 10 et 16 heures. Toutefois, ses horaires d’ouverture seront étendus à 19 heures les mardis et jeudis pour que les anciens détenus puissent rencontrer les responsables. Si l’ouverture officielle du centre est prévue pour décembre, ses activités démarrent officieusement le 15 octobre. Le local est actuellement repeint et aménagé.

Pour mener financièrement à bien ce projet, Kinouete a sollicité le Trust Fund for the Integration of Vulnerable Groups qui a pris à sa charge la remise en état des lieux et l’achat de tout le mobilier. Le haut-commissaire britannique, David Snoxell, a offert une machine à laver et tous les équipements nécessaires aux formations professionnelles qui y seront délivrées. Si Kinouete a fait appel à la générosité de certaines entreprises et particuliers pour pouvoir rétribuer les employés du centre, l’argent obtenu à ce jour ne permettra de financer qu’un seul salaire.

«Il nous faudrait d’autres contributions pour payer les autres salariés », précise Sophie de Robillard, qui estime que la société a une responsabilité envers les anciens détenus. «Ces personnes sont des êtres humains qui ont déjà purgé leurs peines. Chaque individu est un fruit de la société et celle-ci a le devoir de l’aider soit en finançant ses premiers pas dans la liberté à travers le centre de jour, soit en lui faisant de la place au sein des entreprises.»

Kinouete attend également une réponse favorable du Trust Fund for NGOs’ tombant sous la tutelle du ministère de la Sécurité sociale. « Le ministre Lauthan y serait favorable, mais nous attendons certaines confirmations. Autrement, il nous sera difficile de commencer nos opérations…»

02 June 2004

La diplomatie ferait-elle défaut au conseiller spécial Jean-Mée Desveaux ?

l'express du 02/06/2004

“Personne n’est indispensable sur terre.” La réponse lapidaire du PM était adressée au député travailliste Rajesh Jeetah, qui l’interrogeait sur la démission de son conseiller spécial, Jean-Mée Desveaux, du conseil d’administration de la Wastewater Management Authority (WMA). L’on s’interrogeait toujours sur la portée de cette affirmation, lorsque Paul Bérenger a dissipé toute mauvaise interprétation qui pourrait être faite de sa déclaration : il a précisé que Jean-Mée Desveaux est “a hard worker, a genuine patriot but is not strong at diplomacy”. Il ajoute que les raisons de sa démission sont multiples et qu’il a en vain essayé de le convaincre de revenir sur sa décision.

Paul Bérenger a aussi déclaré qu’il n’y a pas eu d’ingérence d’une ambassade étrangère à la WMA et qu’il n’y a jamais eu de désaccord entre son conseiller spécial et le ministre responsable du dossier du traitement des eaux usées, Alan Ganoo. Jean-Mée Desvaux est toujours membre des conseils d’administration du Central Electricity Board et d’Airports of Mauritius Ltd, confirme Paul Bérenger.

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le mauricien du 2/6/2004

WASTEWATER MANAGEMENT AUTHORITY

Jean-Mée Desveaux a démissionné de son propre gré comme directeur

 En dépit de son invitation pour que Jean-Mée Desveaux revienne sur sa décision après avoir soumis sa démission comme directeur de la Waste water Management Authority (WMA) Board, son conseiller spécial n'a pas voulu changer d'idée.

Le Premier ministre répondait à une question à plusieurs volets du député du Parti travailliste, Rajesh Jeetah, qui voulait savoir, entre autres, les raisons pour lesquelles Jean-Mée Desveaux a soumis sa démission et s'il y a eu ingérence étrangère dans la bonne marche de la WMA. En ce qu'il s'agit de cette question d'ingérence, le Premier ministre a indiqué que la WMA n'en a rapporté aucun cas de la part d'aucune ambassade.

Devant le refus de M. Desveaux de revenir sur sa décision, c'est un autre de ses conseillers, Fong Cheong Chung Siong Fah, qui a été appelé, dit-il, à le remplacer au sein du conseil d'administration de la WMA. Pour le Premier ministre, ''personne n'est indispensable sur terre''. Il devait toutefois aussitôt ajouter que son conseiller spécial est quelqu'un de ''hard worker and honest'' et qu'il demeure toujours directeur de deux institutions : Airports of Mauritius Ltd et Central Electricity Board.

A une remarque venant des rangs de l'opposition laissant entendre qu'une ambassade aurait qualifié Maurice de ''république bananière'', le Premier ministre devait répliquer par un '' not in my presence'', pour ensuite ne rien répondre à une autre question  ''And in your absence? '' venant toujours des bancs de l'opposition.

Quant à Arvin Boolell, autre député du Parti travailliste, il a dit que selon ses renseignements il y aurait eu une dispute entre le conseiller spécial Jean-Mée Desveaux et le minitre des Services publics, Alan Ganoo. Démenti de Paul Bérenger qui réitère son appréciation de Jean-Mée Desveaux qui est, dit-il, ''un grand patriote qui travaille dur et qui est honnête''. Justement, c'est peut-être pour toutes ces raisons qu'il y a eu un ''row'' entre MM Desveaux et Ganoo, a enchaîné Arvin Boolell.

31 May 2004

La saga de Montagne Jacquot

l'express du 31/05/2004

Pour la Wastewater Management Authority, les compteurs sont remis à zéro. La firme ayant proposé le devis le moins cher pour la station d’épuration de Montagne Jacquot est éliminée de la course.

La WMA vient de recevoir l’autorisation du Central Tender Board (CTB) d’ouvrir des discussions avec l’entreprise classée deuxième à l’ouverture des plis, soit la China International Water and Electric Company (CWE).

Ce dénouement survient après une longue série de péripéties impliquant le consortium ABB-Ebara- WBHO, qui avait été retenu dès novembre 2002. De nombreux litiges ont ensuite opposé le maître d’oeuvre à ce groupement. Le parcours a été tumultueux et les conséquences importantes pour la WMA. Son ingénieur principal, Alan Samsoon, soumet demain sa démission de l’organisme. Il a confié à des proches un sentiment de frustration au sujet de la manière dont le processus s’est déroulé. Il y a une semaine, c’était au tour de Jean-Mée Desveaux, alors membre du conseil d’administration, de claquer la porte en se réjouissant “d’avoir réussi à déjouer toutes les manœuvres d’un faux moins-disant (lowest bidder) pour la station de Montagne Jacquot ”.

C’est en décembre 2002 que ABB-Ebara-WBHO reçoit la confirmation que son offre de Rs 646 millions est retenue pour la construction de la station d’épuration de Montagne Jacquot. Outre la CWE, les autres soumissionnaires malchanceux sont la China Shanghai Group et le consortium Grinaker-Itochu-Degremont- Ireland Blyth. Les travaux sont financés à travers un prêt de la Japanese Bank for International Cooperation (JBIC). Les consultants de la WMA sont également japonais. Il s’agit de la firme Nippon Jogesuido Sekkei (NJS).

Des discussions interminables bloqueront la concrétisation du marché durant la première moitié de l’année 2003. Invité aux discussions pré-contractuelles, ABB-Ebara-WBHO impose 12 nouvelles conditions, ce qui rend plus cher son offre initiale. La WMA objecte mais se retrouve seule dans son affrontement avec le groupe.

Les bailleurs de fonds, la JBIC, et les consultants, la NJS, semblent très intéressés à allouer le contrat au groupement ABB-Ebara-WBHO, malgré le fait qu’en révisant son offre à la hausse, le contrat n’est plus le moins-disant. La démarche des financiers et des consultants paraît suspecte aux yeux des dirigeants de la WMA, d’autant plus qu’Ebara est japonais.


Respecter toutes les clauses

De son côté, le représentant local d’ABB, Bashir Jahangheer, dispose de puissants leviers qu’il active afin de conclure le marché selon les termes souhaités par son groupement. La WMA résiste. Elle obtient finalement gain de cause. Le groupement accepte de respecter toutes les clauses du document d’appel d’offres sans exception et sans coûts additionnels.

Cette manche remportée, la WMA affronte la prochaine épreuve. Elle est traînée devant la justice par le consortium Degremont-IBL. Celui-ci allègue que l’offre de ABB est truffée de conditions, donc non conforme aux règles du document d’appel d’offres. Le plaignant est toutefois débouté par la Cour suprême fin 2003, sur un point de droit technique. Entre-temps, le processus reste gelé.

En janvier de cette année, les négociations redémarrent mais une nouvelle surprise attend la partie mauricienne. ABB revient à la table des négociations avec de nouvelles conditions contrairement à sa promesse antérieure. Le groupement veut être dédommagé pour fournir des surge protection systems pour les conduites reliant les stations de pompages de Pointe-aux-Sables et Fort-Victoria à la station d’épuration de Montagne Jacquot . Il avait mal fait ses calculs, dit-il, et réclame Rs15 millions de plus.

En outre, bien que le contrat contienne des clauses protégeant le contracteur éventuel contre les fluctuations du taux de change, ABB voulait des compensations de l’ordre de 6% du prix soumis parce que le rand sud-africain s’est apprécié par rapport au dollar américain. Sa réclamation s’élève à Rs 39 m. La WMA rejette sa demande et fait ressortir qu’un soumissionnaire a d’autres moyens pour se protéger contre les fluctuations du taux de change. Des pressions s’exercent alors sur l’organisme mauricien pour qu’il assouplisse sa position. Il ne cède pas. Cela décourage ABB. Elle ne renouvelle pas son offre alors que l’échéance légale pour le faire expire le 31 mars 2004. La WMA juge alors qu’elle s’est mise hors-jeu. Le parquet décrète que ce raisonnement est juste. Le CTB confirme. La semaine dernière, le CTB donne le feu vert à la WMA pour procéder à l’ouverture des négociations avec la CWE.

La firme chinoise s’est empressée de renouveler l’offre qu’elle a faite au départ mais a souligné que celle-ci est valable jusqu’à fin juin 2004. La WMA parviendra-t-elle cette fois à remporter la course contre la montre ?

25 May 2004

Manque de retenue de l'ambassadeur de France

l'express du 25/05/2004

• Vous avez démissionné du conseil d’administration de la Wastewater Management Authority (WWA) vendredi dernier. Vous aviez souvent été contesté en tant que dirigeant de cet organisme…

Comme vous devez le deviner, conseiller un homme comme le PM n’est pas une tâche de tout repos. Mais de tous les dossiers que j’ai suivis au jour le jour, celle de la WMA est de loin, celui où je me suis le plus investi et où l’enjeu était à mon sens le plus grand pour le pays.

Nous parlons d’une vingtaine de projets totalisant Rs 11 milliards. A partir du moment où le gouvernement travailliste signe la Sector Policy Letter avec les bailleurs de fonds en 1998, les dés étaient jetés. Quand le gouvernement MSM-MMM vient au pouvoir en 2001, la WWA – un simple département du ministère des Utilités publiques – était un organisme chancelant qui n’arrivait pas à jouer son rôle de maître d’œuvre délégué pour mener à bien des contrats complexes de centaines de millions de roupies. C’est ce qui expliquait les retards atteignant en moyenne trois ans sur l’exécution du National Sewerage Programme.

A chaque contrat où les zéros s’amoncellent, vous avez devant vous un ou plusieurs entrepreneurs et consultants étrangers aussi bien que Mauriciens dont le souci majeur semble être de chercher le moyen de soutirer plus d’argent que ne leur permettraient les conditions d’octroi du marche d’origine. A partir de là, il y a deux attitudes que peut prendre un responsable de la WMA : se conduire comme si cet argent sortait de sa propre poche et se battre jusqu’au bout, ou alors penser à l’effort nécessaire à contrecarrer ces demandes et se dire que de toute façon ce n’est pas son argent qui est en jeu. Le pire est qu’on peut facilement imaginer une situation où la docilité d’un officiel à céder aux pressions des entrepreneurs et autres consultants peut devenir une activité très rémunératrice en soi : le bakchich de la complaisance.


• Ainsi, vous n’étiez pas très aimé dans ce milieu...

Aussitôt arrivé au Board de la WMA, j’ai tourné toutes les vis pour bien faire comprendre que les jours du easy money étaient révolus. Les demandes de cost-overrun étaient passées à la loupe et seuls ceux qui pouvaient démontrer le bien-fondé de leur requêtes étaient payés. Ce régime dure depuis trois ans et cela m’a créé énormément d’ennemis. Mon bon ami le ministre Bhagwan me décrit comme l’homme le plus détesté de Maurice. Je sais qu’il n’a pas tort. Si je vous dis qu’un directeur de la WMA touche 700 roupies par mois vous me direz que je suis masochiste. Cela m’a forcé, en outre, de porter plainte pour diffamation dans une dizaine de cas contre des malfrats qui descendent ceux qui les opposent dans leurs sales boulots.

Il est évident que la prééminence que je possédais au niveau du Board découlait, comme tout le reste, de celui que je représentais en son sein. Mais il ne faut pas croire que cela peut se faire par un seul homme. J’ai tissé autour de moi des liens professionnels qui faisaient qu’à tout moment je savais vers quoi ce chantier complexe naviguait et quels étaient les écueils qu’il fallait à tout prix éviter en temps réel.


• Avez-vous un exemple concret de ces manœuvres suspectes que vous venez d’évoquer ?

Précisément, je quitte la WMA content d’avoir réussi à déjouer toutes les manœuvres d’un faux “moins-disant” (lowest bidder) pour la station de Montagne Jaquot. Si on avait accepté les conditions rajoutées après coup, cela aurait coûté au pays environ Rs 50 m de plus que sa soumission initiale. Comme le deuxième moins disant n’était plus cher que de Rs 20 m, cela aurait été une perte nette de Rs 30 millions pour la WMA. S’il avait réussi, cela aurait donné raison à ceux qui pensent qu’il suffit, pour gagner un contrat, d’offrir le prix le plus bas pour attacher ensuite des conditions à son offre, ce qui peut la rehausser d’un montant atteignant jusqu’à Rs 100 millions. Le signal était aussi important que la somme concernée. Laisser passer cela serait de la mauvaise gouvernance dans son état le plus pur.


• Vous avez gagné la bataille. Pourquoi quittez-vous néanmoins la WMA ?

On pourrait dire que c’est de l’usure ou alors “ matter of leaving while you are still ahead”. J’ai demande au PM de me relever de mes fonctions. Il a eu l’amabilité, au sein d’une réunion de ses top advisers, de me demander si je ne voulais pas “ reconsider” mais je l’ai prié de me remplacer. Apres avoir écoute tout un chacun, le PM a décide que mon ami et collègue Kewe Chung me remplacerait à la WMA. Je ne peux imaginer un homme dont la droiture et la capacité seraient aussi utile que ceux de Kewe au sein de la WMA. Il est comme moi, de cette race de gens qui ont été bannis de notre pays pendant de très très longues années par des circonstances qui nous dépassaient. Pendant ces années nous n’avions qu’un rêve : celui d’être utile à notre patrie.


• Mais pourquoi votre démission intervient-elle maintenant ?

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ou “the straw that broke the camel’s back” est arrivée pour moi devant le manque de retenue de certaines ambassades qui, en s’immisçant dans les affaires de la WMA, oublient un peu trop facilement leur devoir de réserve et le respect de la bonne gouvernance.

22 May 2004

Jean Mée Desveaux démissionne du board de la WMA

l'express du 22/05/2004

Le conseiller spécial du Premier ministre, Jean Mée Desveaux, lui a soumis hier soir sa démission du conseil d’administration de la Wastewater Management Authority (WMA). D’autres démissions de membres clés devraient très probablement suivre, à quelques mois avant le début du gros chantier de tout-à-l’égout des Plaines-Wilhems.
 

07 March 2004

Nominés politiques et experts polyvalents

 l'express du 7/3/2004

Un nominé politique n’arrive pas à assumer convenablement la tâche qu’on lui a confiée ? Qu’à cela ne tienne… pas question de le mettre sur la touche. On le casera ailleurs, histoire de le maintenir sur la fiche de paie du Trésor. C’est du moins la tactique employée actuellement par le pouvoir pour conserver ses protégés dans le giron gouvernemental.

En effet, pas moins de quatre nominés politiques placés dans des chancelleries ont été invités à rentrer. Ils ne seront pas pour autant remerciés. Une source proche de l’alliance gouvernementale affirme que l’exécutif a décidé de les rappeler parce qu’ils « n’arrivaient pas à perform ».

Toutefois, pour éviter toute friction inutile au sein de la majorité, il a été décidé d’équilibrer le nombre des mutations. C’est ainsi que chaque principal partenaire de la majorité a été invité à libérer un nombre égal de sièges. Le Mouvement militant mauricien a donc choisi de faire rentrer John Dacruz et Ravin Dwarka, postés au début de l’actuelle législature respectivement en Afrique du Sud et au Pakistan. Le Mouvement socialiste militant a, de son côté, accepté de rappeler Daneelall Seewoo de la capitale indienne et Soorooj Phokeer du Caire.

Les quatre n’ont cependant pas de souci à se faire. Dès leur retour, ils seront placés comme conseillers à l’hôtel du gouvernement.

« À voir ce qui se passe ces derniers temps, le gouvernement ne devrait avoir aucune difficulté à les utiliser. Nous avons bien Deepak Bookhun, un ancien responsable du service pénitentiaire transformé en conseiller en matière de sécurité à l’intérieur des bâtiments publics », explique un observateur.

Mais il n’y a pas que les conseillers techniques qui sont parfois mutés dans des domaines où ils n’ont pas encore fait leurs preuves. Le Premier ministre en a étonné plus d’un lorsqu’il a laissé entendre à un groupe socioculturel que la nouvelle affectation à son bureau de Mitradev Peerthum, ancien attaché de presse et journaliste, vise surtout à relayer les doléances d’une section particulière de la communauté mauricienne.

L’entourage du pouvoir a également du mal à expliquer le maintien à son poste de Veella Seenyen, conseillère de l’ancien Premier ministre, recrutée pour s’occuper des doléances des mandants de Sir Anerood Jugnauth avant que ce dernier ne parte pour la State House. Il en va de même de Jean-Mée Desveaux , recruté d’abord comme conseiller économique au ministère des Finances, désigné ensuite pour représenter ce ministère au sein de certains corps parapublics et qui reste membre de ces institutions lorsque Paul Bérenger passe du ministère des Finances au fauteuil de Premier ministre.

Plus récemment, Premlall Mahadeo, recruté comme directeur du National Heritage Trust Fund placé sous l’égide du ministère de la Culture, a atterri aux Finances après avoir eu maille à partir avec le président de son conseil d’administration.


Trouver chaussure à son pied


Les quatre ambassadeurs qui rentrent bientôt ne devraient avoir aucune peine à s’adapter. À l’instar de Ravin Lochun, ancien ambassadeur, nominé politique de surcroît, qui s’est vu confier le poste de conseiller diplomatique auprès de l’ancien ministre des Finances après avoir servi moins de deux ans dans une chancellerie. Il est, depuis, passé au bureau du Premier ministre.

Comme quoi, il n’est pas nécessaire d’être compétent dans un domaine précis pour trouver chaussure à son pied, la proximité politique pourra toujours vous transformer en expert polyvalent. Fini aussi le temps où les nominations des protégès politiques dans des ambassades soulevaient des tollés au Parlement.

Selon des informations fournies à l’Assemblée nationale à la fin de mars 2002, à la suite d’une interpellation du député Arvin Boolell, les différents ministères comptaient alors 123 conseillers. Moins d’une douzaine ont depuis changé d’air.