JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

16 February 2009

Apologie d’un génocide

l'express du 16/02/2009

Par Jean-Mée DESVEAUX

Un Premier ministre corrompu, déchu et méprisé de ses pairs essaie de laver son honneur avant son expulsion dans le sang des enfants innocents de Gaza. Un ministre de la guerre et son collègue des Affaires étrangères s’associent à ces crimes de guerre pour gagner un électorat israélien d’extrême droite raciste, pour qui le seul bon Arabe est somme toute un Arabe mort.

Voilà en quelque sorte le back drop des derniers excès de l’Etat hébreux qui ont causé le meurtre, de sang- froid, de plus de 1300 Palestiniens au vu et au su d’une communauté internationale complice par son silence, elle qui est si sourcilleuse des crimes contre l’humanité quand de telles hécatombes ont lieu ailleurs.

Gaza est une terre palestinienne jusqu’à récemment physiquement occupée, en toute illégalité internationale, par l’armée de l’Etat hébreux. Cette occupation qui a duré des décennies visait à permettre aux colons juifs d’y bâtir des settlements qui feraient boule de neige jusqu’à la spoliation totale des Gazaouïs, à l’image du processus qui accompagna la naissance de l’Etat d’Israël en 1948. On se souvient qu’à ce moment, le demi- million de colons juifs, après une campagne terroriste réussie contre le protectorat britannique, expulsèrent manu militari près d’un million de Palestiniens, soit la grande majorité de ce peuple de leur pays. Ce fut le nettoyage ethnique par excellence bien que celui là on ne l’entend pas décrié par ces militants des droits de l’homme de la dernière heure. Ce sont ces Palestiniens chassés de leurs terres qui, aujourd’hui au nombre de plusieurs millions, vivent depuis 60 ans sous des tentes dans des camps de réfugiés à la merci des pays d’hôtes ( Liban, Jordanie, etc) qui ne rêvent que de les chasser. Ce sont ces mêmes millions de Palestiniens qui vivent des aumônes internationales auxquels Israël , ce paragon de démocratie occidentale , refuse le droit humain le plus élémentaire de retour à leur pays d’origine.

Malheureusement pour Israël, en ce qui concerne le petit territoire palestinien de Gaza, ce plan n’a pas marché comme prévu. Ariel Sharon, le Premier ministre israélien en 2003, ( responsable de la sécurité des civils qu’il a laissés égorger par ses alliés, lors du Massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila en 1982) allait concéder que la résistance du Hamas rendait impossible l’annexation, par l’usure, de ce territoire pas plus grand que l’ile Maurice. L’armée israélienne se retira de Gaza militairement tout en renforçant l’occupation des accès aérien et maritime et le bouclage hermétique des frontières.

Cette chape de plomb fait de Gaza aujourd’hui le plus grand camp de concentration que le monde ait jamais connu. Pour survivre, les Gazaouis ont montré au très puissant Etat d’Israël que malgré sa supériorité écrasante et le soutien indéfectible des Etats Unis, l’esprit humain est indomptable et ne se plie pas quand l’injustice qui l’afflige et essaie de le rompre est aussi déshumanisante. Leur héroïsme et leur ingéniosité ont permis à ces Gazaouis de creuser des tunnels jusqu’à l’Egypte voisine à travers lesquels la survie de ce peuple qu’Israël menace d’extermination est tant soit peu assurée. C’est dans ces tunnels que le gouvernement égyptien ( dont la longue dictature survit à cause des milliards du contribuable américain) a pompé du gaz mortel pour parachever l’image du camp de concentration.

Cet épisode qui fait honte au genre humain où tout un peuple est obligé de se nourrir comme des taupes restera gravé dans l’histoire comme l’exemple infâme et flagrant de la lâcheté de la communauté internationale. Que les grands de ce monde choisissent plutôt de condamner la seule riposte ( hautement symbolique) des rockets artisanaux que les Gazaouis lobent sur Israël à partir de leur camp de concentration, ne fait qu’appuyer le parti pris des grandes puissances en faveur d’Israël.

Pour corser son insolente résistance aux yeux du militarisme débridé israélien, les Gazaouites ont, en toute légitimité, à travers des élections on ne peut plus libres et justes, voté pour le Hamas, seul parti qui permette encore aux Palestiniens de s’accrocher à l’espoir que leur existence cessera un jour d’être le cauchemar qu’ils vivent depuis 60 ans. Ils ont ainsi rejeté le Fatah de Mahmoud Habbas devenu tragiquement le paillasson de l’Etat israélien et de son allié américain. Habbas, dont le Fatah est le gouvernement fantoche du West Bank ( l’autre territoire palestinien occupé malgré la litanie de résolutions onusiennes) est régulièrement tourné en bourrique par les promesses sans cesse rompues de l’Etat hébreux et a perdu toute crédibilité à travers un savant système de manipulation . Que dire en effet d’un aspirant chef d’Etat palestinien qui reçoit du matériel militaire …. d’Israël pour combattre ses propres frères palestiniens.

Son dernier trait de génie politique a été de sauvagement réprimer les manifestations anti Israéliennes du peuple palestinien dans le West Bank lors de la punition meurtrière par Israël des 1,2 millions d’habitants de Gaza. Israël a ainsi brillamment réussi à neutraliser l’Autorité palestinienne de feu Yasser Arafat aujourd’hui aux mains de la marionnette Mahmoud Habbas dont le territoire se réduit comme une peau de chagrin à coup de nouvelles colonisations juives qui ne feront du reste qu’augmenter avec les promesses électorales des partis religieux et islamophobes d’extrême droite que les deux grands partis israéliens convoitent.

Le concept de punition collective de 1,2 millions de personnes , aussi répugnante qu’elle puisse sembler, s’applique trop justement à ce qui vient de se passer à Gaza. Les Gazaouis sont punis pour deux fautes distinctes : 1) d’abord d’avoir joué à David et Goliath et réussi la prouesse de faire évacuer l’envahisseur israélien par la détermination malgré sa supériorité militaire au- delà de toute comparaison ; ceci est un mauvais exemple et risque de faire des émules au sein des habitants du West Bank et de Jérusalem Est également occupé ; 2) ils sont punis, ensuite, pour avoir voté Hamas et déjoué in extremis la brillante stratégie des Israéliens qui avaient espéré un vote pour l’Autorité palestinienne de Mahmoud Habbas devenu le laquais d’Israël. Si près du but de parfaire sa supériorité militaire par une victoire diplomatique à travers sa mainmise sur une Autorité palestinienne qu’elle renvoie à la niche entre deux conférences sans issues aux USA, Israël voit surgir une réelle résistance palestinienne qui renaît de ses cendres, cristallise les espoirs légitimes du peuple palestinien et menace le rêve sioniste du Grand Israël qui parachèverait le nettoyage ethnique de 1948; c’était trop pour un Etat qui fait fi de la retenue que lui impose sa place au sein des nations dites respectables. Quand on ajoute à tout cela un Olmert en disgrâce et des élections prochaines au sein d’un électorat surchauffé racialement à bloc à la veille de la joute électorale, on obtient la recette ( sans que les objectifs de cette massive insanité militaire n’aient jamais été rationnellement établis) à produire un de ces événements historiques qui jettent un opprobre collectif sur le genre humain.

Pour bien se prévaloir du droit de bafouer les lois internationales en matière de crime contre l’humanité dans la poursuite de sa politique expansionniste, Israël a, tel un Etat voyou, refusé, comme les USA du reste, d’apposer sa signature au traité de la Cour pénale internationale qui astreint les Etats à respecter la population civile durant les conflits armés.

Cela n’a pas empêché le secrétaire des Nations unies à exprimer publiquement sa révulsion et sa colère devant l’hécatombe qu’Israël a créé à Gaza, insistant que les responsables de ce carnage devraient être punis. En sus du blitz de F18 ( compliment du contribuable américain) et de mortiers expressément imprécis ( plutôt que ceux munis de GPS), l’usage du white phosphorus strictement prohibé au sein de la population civile fait de l’acharnement d’Israël un text book example de crime de guerre. On se souvient que cette tactique de cibler les civils était à son apogée en 2005 lors du bombardement sanglant de la population libanaise par Israël. Mais ce qui montre la scélératesse de l’Etat hébreux, c’est que ses dirigeants qui pourchassent, plus de 60 ans plus tard, les responsables de l’Holocauste contre le peuple juif, prennent congé de cette soif de justice et défendent inconditionellement des criminels de guerre en son sein : le nom des militaires impliqués dans le génocide de Gaza sont enlevés des archives publics avec soin, le visage de ces meurtriers sont strictement censurés sur les photos et vidéo des médias, l’Etat d’Israël les déconseille d’effectuer des voyages internationaux de peur qu’ils se fassent arrêter, et, l’Etat offre à tout militaire israélien pris dans le filet de la justice internationale pour crime de guerre et crime contre l’humanité une aide financière et les meilleurs hommes de lois du monde pour les défendre.

Si ce n’est pas là un aveu que l’Etat d’Israël reconnaît et assume pleinement le caractère de ses crimes contre l’humanité, ça lui ressemble étrangement.
C’est sur ce fond que doivent être jugés les événements qui se sont produits ces derniers temps sur la visite de Monsieur Enrico Macias. Ce vieux chanteur a jugé bon de donner son soutien moral à l’immoralité de l’Etat hébreux par solidarité ethnique. Il agit ainsi comme le reste de la diaspora juive pour qui, malgré ses pires excès, Israël a toujours raison. Soit. C’est son droit bien que son image chez ses fans réfléchis, s’il en existe encore, devrait prendre un certain coup. Cette apologie du terrorisme d’Etat dans une figure médiatique doit interpeller les autorités qui accueillent cet artiste au sein de leurs frontières. Ceux qui trouvent déplacée la démarche de l’ Attorney General , Rama Valayden d’engager le boycott de Macias à Maurice ne savent peutêtre pas que le lobby juif ne s’est pas gêné de décréter comme persona non grata et islamiste dangereux Cat Stevens, dont l’humanisme n’est plus à prouver.

Tout cela serait relégué à l’actualité internationale si tel le vice- Premier ministre d’une République bananière Xavier- Luc Duval ne s’était pas prostré devant le représentant du lobby juif français en lui faisant des excuses qui humilient toute la République et l’entachent du sang des enfants assassinés de Gaza. Ce redneck avait menacé de boycotter le tourisme mauricien en faisant un lobby chez ses coreligionnaires français. En ce faisant, il crée avec une irresponsabilité abêtissante, un lien dangereux dans l’esprit surchauffé des opposants du génocide palestinien, qui sont ainsi invités à faire un amalgame explosif entre touristes français et juifs supporteurs irréductibles de la boucherie qu’ils viennent d’assister sur leurs petits écrans. En ce servant des touristes français d’extraction juive comme bouclier économique à l’encontre de toute critique des excès d’Israël, ce triste sire met en danger ces mêmes coreligionnaires qu’il est ( sans doute grassement) payé de protéger. Ceci est d’autant plus vrai que des frictions de ce genre ont déjà jeté leur venin sur la quiétude de certains grands établissements hôteliers du Nord.

L’île Maurice est en passe de perdre 200 000 touristes et on pourrait à première vue comprendre le souci du ministre du Tourisme de faire tout ce qui lui est possible pour ne pas empirer cette situation.
Mais se conduire en paillasson devant les pires crimes contre l’humanité est, a été et restera une marque de lâcheté internationale hautement condamnable quel que soit le lieu, le temps ou les victimes impliquées.
La république est en droit d’espérer que Xavier- Luc Duval n’aurait pas, en plein Holocauste, appelé Berlin dans les années trente pour s’excuser des critiques acerbes d’un collègue à l’égard de la politique du Troisième Reich vis- à- vis des juifs. La république est en droit d’exiger la même retenue de nos politiciens quand les enfants des victimes d’hier deviennent aujourd’hui les bourreaux des enfants de Gaza.

Réaction à ''Apologie d'un génocide''

From: Jean-Louis GRECO [mailto:jeanlouis.greco@gmail.com]
Sent: lundi 16 février 2009 20:28
To: redaction@lexpress.mu
Subject: APOLOGIE D'UN GENOCIDE

Monsieur le rédacteur en chef,

Il est très rare de trouver, dans la presse francophone, un aussi bon article que celui de Mr Jean-Mée Desveaux. Je remercie l'Express et l'auteur pour sa clairvoyance,et son analyse très objective de la furie barbaresque de Tsahal.Pour la défense des DROITS HUMAINS et en souvenir de ceux qui sont morts pour la simple raison qu'ils sont palestiniens, il serait intolérable de continuer à laisser les crimes génocidaires d'Israel impunis. Même si aujourd'hui il peut paraître difficile dans le droit international de poursuivre l'Etat d'Israel. Rien n'est difficile, tout est possible.Devant l'affux de demandes individuelles sous l'égide d'une cinquantaine d'ONG, un juge du CPI étudie par un artifice de droit la possibilité de faire ouvrir une enquête par le procureur du CPI.Vous pourriez si vous le vouliez proposer à vos lecteurs d'écrire individuellement à Mr le Procureur de la Cour Pénale Internationale de La Haye pour lui demander l'ouverture d'une enquête.Par ailleurs Maurice recoit en grande pompe le Président de la Chine Populaire.Il ne faudrait pas oublier que Mr Hu Jintao n'est pas irréprochable, avec la répression sanglante de 1989, sans parler de la liberté de la presse qui est passablement bafouée et réprimée en Chine.

Salutations distinguées.
Jean-Louis GRECO