JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

14 November 2012

Nul n’est prophète en son pays

Par Jean-Mée DESVEAUX

L’express du 14 novembre 2012
 
L’ironie veut que la Mauritius Revenue Authority (MRA), ayant failli d’assainir son Customs department, ait ainsi raté l’occasion de mettre en œuvre le mécanisme apte à bloquer les barons de la drogue en aval. Il ne lui restait donc qu’à adopter la stratégie présente de percevoir une cote part sur l’argent gagné sur le cadavre des enfants mauriciens.

Les frasques de Gro Derek et la réclamation de Rs20 millions que lui fait la MRA pour fraude fiscale ouvrent un chapitre que je croyais clos avec l’article que j’écrivis dans l’express du 15 septembre 2008, intitulé : « Goodbye Bert, Welcome narco paradise ! ».

Le lecteur se souviendra que l’avènement de la MRA en 2005 visait essentiellement à réformer la Mauritius Customs. A la tête de la douane depuis 2003, Bert Cunningham avait réussi à colmater les brèches énormes qui existaient jusque-là dans les recettes douanières du pays. Mais il devenait évident que Cunningham n’allait pas pouvoir mener à bien sa réforme dans les conditions administratives qui prévalaient alors au sein du Customs. Le «dead wood» ainsi que les «rotten eggs», qui faisaient dire à Cunningham qu’il était à la tête de la douane la plus corrompue au monde, étaient protégés par les conditions du service civil.

Pour échapper à ces contraintes archaïques et repositionner la douane sur une base saine, moderne, transparente et où prévaudrait enfin le principe de l’«accountability», il n’y avait qu’une solution possible : l’institution d’une MRA. Elle engloberait naturellement non seulement la douane mais aussi tous les autres bureaux du fisc, tels la TVA, l’Income Tax et le Registrar General, entre autres, au sein d’une organisation où la flexibilité et l’efficience du secteur privé primeraient. Le principe fondamental de cette institution allait être : «ability to hire and fire», de recruter les meilleurs talents et de résilier le contrat des employés non performants ou corrompus.

C’était sans compter l’influence du Syndicat de la douane et de ses amis à l’intérieur du nouveau Board de la MRA. En effet, à côté du Special Adviser de Paul Bérenger que j’étais, il y eut sur ce Board, deux membres de taille qui n’avaient pas la même exégèse sur l’assainissement de la douane : 1) Mme la Permanent Secretary Maya Hanoomanjee, qui s’est créé, depuis, un profil politique remarquable en tant que ministre de la Santé. 2) Le Solicitor General, beau-frère du No 2 de la douane qui agissait comme acting Comptroller of Customs jusqu’à l’arrivée du Canadien à la tête de la douane deux ans plus tôt.
 
La première tâche du board était de recruter le directeur de la MRA parmi les nombreux candidats qui avaient postulé, dont Bert Cunningham, le chef d’Interpol et M. Sudhamo Lall, l’actuel Directeur général (DG) de la MRA. Il y eut deux rounds dans la sélection. Le deuxième round s’appuyait sur les qualités intrinsèques et le track record de «leadership for change» que les deux Anglophones remplissaient à merveille. Le premier round se basait sur les qualifications académiques. Il était clair, au sein du board, que si le chef canadien de la douane mauricienne ou le chef d’Interpol passait l’obstacle des qualifications académiques et expérience, l’un d’eux aurait été automatiquement choisi pour la position de DG. Ce DG aurait alors eu la personnalité et l’expérience nécessaires pour pousser la réforme de la douane jusqu'à sa conclusion logique d’un assainissement des ressources humaines de la douane de haut en bas. L’histoire doit retenir qu’aucun de ces deux hommes ne fut nommé en raison des objections des deux membres les plus puissants du board. Cunningham et le chef d’Interpol n’avaient pas, selon eux, les qualifications ou l’expérience requises.
La MRA réclame Rs 20 millions à Gro Derek pour fraude fiscale.

Ayant en vain insisté que les critères avaient été pervertis pour faire le jeu du syndicat des douanes, refusant de cautionner l’adultération grossière d’un recrutement sur lequel dépendait l’avenir du pays, je soumis ma démission au Premier ministre en tant que membre du Board de la MRA.

La MRA hérita d’un DG rêvé en ce qui concerne le syndicat des douanes. J’avais correctement anticipé la tournure qu’allaient prendre les choses. Le tri qui devait se faire en vue d’enlever les éléments indésirables de la douane avant qu’ils ne soient recrutés au sein de la nouvelle MRA demandait quelqu’un qui avait de la poigne. Ceci fut relégué aux oubliettes. Tous eurent la hausse salariale du nouveau système sans que personne toutefois ne subisse les inconvénients d’une plus grande rigueur. La tâche de trier le bon grain de l’ivraie, toujours en foison au sein de la nouvelle douane, fut reléguée aux calendes grecques.

Il n’est pas nécessaire de faire une régression linéaire économétrique pour savoir que la progression inexorable du fléau de la drogue à Maurice est en corrélation directe avec la faiblesse de la Mauritius Customs. La part de cette progression cancéreuse due au vide causé par la maldonne administrative décrite en haut reste du domaine des thèses académiques. Il ne faut pas oublier de comptabiliser les « positive externalities » que nous avons perdus en même temps. Avec un Customs hyper actif de Cunningham, même l’ADSU, d’ordinaire assez balourd, avait subi l’effet de l’émulation et se dépatouillait pour essayer d’arriver avant les hommes du Canadien sur la scène du crime.
 
Maurice est, de nos jours, au hit parade des pays où les marchands de la mort et leur fléau décime les jeunes, sans discrimination aucune - une première chez nous. Une visite à la prison de GRNW me démontrait le nombre de petites têtes blondes qu’on pouvait y compter en 2004.

D’autre part, il ne faut pas rêver. Gro Derek parti, s’il ne réussit pas à diriger son empire à partir de sa cellule de Beau-Bassin, quelqu’un d’autre viendra prendre sa place comme cela se fait régulièrement, depuis des décennies, au Mexique. Car à Maurice, plus encore qu’au Mexique, le « barrier to entry » dans ce domaine est très très bas. Ce nouveau venu aura le même « red carpet treatment » des concessionnaires de voitures des marques les plus prestigieuses, plus soucieux de l’enveloppe mensuelle de leur vente que de l’image qu’ils projettent ainsi à la société toute entière. Ces nouveaux caids, dans bien des cas, s’accommoderont aussi, comme celui qui les a précédés, des personnalités politiques de l’endroit. En échange, ils leur demanderont un petit coup de main lors de la prochaine élection. Un politicien, par définition couard, n’a pas les nerfs qu’il faut pour ignorer une sommité de l’endroit. Son or caché, même sous la putréfaction des corps de ses victimes, peut toujours être un atout majeur lors d’une élection.

''A l'instar des plus belles roses, Maurice surgit, toute belle, d'un lit de fumier.''

 

C’est ici qu’intervient Monsieur Lall en fin stratège. Admettons, il n’a pas la pugnacité des deux Anglo-saxons précités. Mais, à chacun sa force et la sienne ne saurait décevoir. Dès le début, le DG s’est montré une vraie planche à billet pour le gouvernement mauricien et il mérite d’être félicité pour cela. Sous sa férule, la MRA a engrangé des sommes mirobolantes qu’il s’agisse au niveau de la TVA ou à celui des autres (Grand ou Petit) contribuables. Mais de loin, là où il risque de mériter une place, et pas des moindres, dans l’histoire des institutions fiscales de ce pays, c’est dans sa dernière initiative d’atteler sa machine fiscale aux trafiquants de drogue. Il a perdu la bataille de la réforme de la douane qui aurait visé à éradiquer le fléau de la drogue à sa source. M. Lall se sait mal préparé pour mener la bataille en amont, il les attend en aval. Faites votre fortune messieurs, dames, parrains et marraines. Je suis le percepteur qui vous attend au tournant et je jure que je vous traiterai avec la même rigueur que je traite IBL, Rogers et autres MCB. L’express du mardi 6 novembre nous apprend que « les transactions et revenus engendrés par ce trafic de drogue allégué n’impliquant pas moins d’une dizaine de suspects tourneraient autour de Rs200 millions selon les informations des milieux proches de la MRA. Une somme qui pourrait être révisée à la hausse. » C’est ainsi que le ministère des Finances juge les Rs 20 millions très en-deça du chiffre qu’il désire voir réclamer.

Imaginant que les parrains et marraines, concurrents de monsieur Gro Derek, aient engrangé une fortune non moins colossale durant leur propre incursion dans le domaine du secteur privé mauricien, on pourrait estimer leur chiffre d’affaires à quelques milliards de roupies. Frapper des impôts sur une telle somme est, sans nul doute, une aubaine pour la MRA et les finances publiques. Après tout, n’est-ce pas un secret de polichinelle qu’un grand nombre des beaux bâtiments de la Cyber City provient des caisses de l’argent sale qui aide ainsi au développement économique du pays. A l’instar des plus belles roses, Maurice surgit, toute belle, d’un lit de fumier.

Il n’existe pas de place dans le bilan des finances nationales pour la vie des enfants fauchés à la fleur de l’âge. Ces vies qui refusent d’être réduites à un 0 ou à un 1 digital sur un fichier Excel n’ont donc absolument aucune valeur. Il n’existe pas non plus, au sein de ce pauvre pays, des âmes moins fortes que ceux qui arbitrent ce combat et qui pourraient demander ce que ces milliards de roupies taxés par la MRA représentent en termes d’enfants, de conjoints, de frères et de mères enlevés prématurément durant ces sept ans d’existence de la MRA par le fléau de la drogue. Combien de cadavres faut-il pour rendre une entrée d’un million de roupies en impôts acceptable à un Etat qui se respecte ? Dix cadavres par million de roupies serait-il un sacrifice acceptable ou n’est-ce pas assez ?

Sommes-nous trop idéalistes de mettre autant d’accent sur ces êtres mal adaptés qui auraient, de toutes façons, grevé les finances publics encore plus en termes de soins médicaux s’ils n’avaient pas été aspirés par cette sortie prématurée, infiniment triste et si douloureuse. N’est-ce pas là, après tout, l’image même du modèle darwinien de la survie des meilleurs gènes dans une société capitaliste à outrance comme celle que nous sommes en train de construire à Maurice? Pour subvenir au coût imposé par ceux qui survivent, la MRA semble nous dire qu’il faudrait faire abstraction des beaux sentiments et mettre en veilleuse toute émotion relative à ces êtres appelés à disparaître inéluctablement comme l’imposent les lois de notre jungle.

28 July 2012

PUBLICATION JUDICIAIRE

J.J.M DESVEAUX VS LE DEFI PLUS LIMITEE & ANOR


LES DEFENDEURS RECONNAISSENT QUE LES ARTICLES DONT SE PLAINT LE PLAIGNANT LUI ONT CAUSE UN PREJUDICE. LES DEFENDEURS RETIRENT SANS RESERVE LES ALLEGATIONS FAITES ET PRESENTENT LEURS EXCUSES AU PLAIGNANT.


Le Defi-Plus du 28/7/2012

05 June 2012

PNQ: Le métro léger un blanc-seing à Singapour, a déclaré Bérenger

Le Mauricien du 5 juin 2012

Le leader de l’opposition Paul Bérenger a mis en garde contre l’éventualité d’un blanc-seing du gouvernement aux Singapouriens lors de l’exécution du méga-projet de métro léger. Il a fait un appel pour que les autorités n’abdiquent pas la souveraineté de Maurice lors de la signature des accords. Tout en reprenant en pas moins de trois occasions que le gouvernement veut que les procédures pour l’octroi des contrats pour le projet de métro léger soient entreprises dans la transparence et l’équité, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques Anil Bachoo n’a pas fourni de détails quant au calendrier d’exécution de ce projet ou autres détails relatifs, comme le coût du ticket de métro. Il s’est contenté de répéter que c’est le souhait du gouvernement que les travaux sur le projet de métro léger puissent démarrer l’année prochaine. À l’interpellation supplémentaire du leader de l’opposition sur la date de la mise en opération de ce Mass Transit System entre Curepipe et Port-Louis, le ministre a tout simplement répondu qu’il n’en avait aucune idée et qu’il faudra attendre le rapport des Singapouriens.

Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques a ajouté que le rapport au sujet du Due Diligence Exercice entrepris sur la proposition soumise par la Singapore Co-Operation Enterprise et le Singapore Mass Rapid Transit devra être soumis dans un délai maximal de deux semaines. Par la suite, un expert indien, dont les services ont été obtenus par le truchement de la coopération indo-mauricienne, devra valider le rapport.

Le délai accumulé dans la réalisation de ce projet, soit sept ans pour le leader de l’opposition, a soulevé des passions. Anil Bachoo devait attribuer ce délai à l’ancien représentant du Prime Minister’s Office Jean-Mée Desveaux, avec un gel du projet en 2004. De son côté, le Speaker Kailash Purryag est intervenu de manière diplomatique pour dire au VPM et ministre des Infrastructures publiques qu’il ne fallait pas s’emporter et qu’il fallait faire preuve d’une meilleure maîtrise dans le choix des mots au sein de l’hémicycle.

Bérenger : Par rapport au projet de métro léger, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques peut-il révéler à la Chambre si les coûts révisés pour la mise à exécution de ce projet dans le domaine du transport en commun, les options de financement envisagées, le coût du ticket pour les différents trajets, le choix des équipements, le tracé identifié, les répercussions sur l’emploi dans l’industrie du transport et si les autorités ont eu recours à un Request for proposals, ont fait l’objet de discussions avec la Singapore Co-Operation Enterprise et la Singapore Mass Rapid Transit, et le nombre de fois que le Steering Committee local s’est réuni, et confirmer si un partenariat public/privé avec la firme de Malaisie, Platinum Venture Group of Companies, est à l’étude ?

Bachoo : Comme la Chambre le sait, ce projet de métro léger a fait l’objet de nombreuses études depuis les années 90. La conclusion de toutes ces études est qu’un Mass Transit System s’impose en vue de trouver des solutions aux problèmes de transport en commun et aux nouveaux défis dans la conjoncture socio-économique. Des deux options possibles, soit le Bus Rapid Transit ou le Light Rail System, nous privilégions le Light Rail System. D’ailleurs, le programme du gouvernement 2012/2015 fait état explicitement d’un Mass Transit System pour connecter le pays en entier.

Dans cette perspective, lors d’une mission officielle à Singapour en septembre 2010, le Premier ministre Navin Ramgoolam a sollicité l’expertise des Singapouriens en la matière. Nous avons voulu prendre avantage de l’expérience de Singapour et un accord de gouvernement à gouvernement avait été convenu avec la Singapore Co-Operation Enterprise en vue de bénéficier des services. La Singapore Co-Operation est une agence des ministères de l’Industrie et des Affaires étrangères en vue de faciliter la coopération avec d’autres pays.

Suite à des consultations entre les autorités de Singapour et de Maurice, des propositions furent soumises en septembre 2011. Elles concernent :
– l’alignement du tracé sur le corridor Curepipe/Port-Louis ;
– une analyse économique, dont le montage financier nécessaire, pour la mise à exécution du projet de Light Rail System :
– l’élaboration de « concept and preliminary design » susceptible d’intéresser le marché sous forme de « suitably qualified delivery entities and to invite priced tenders from the entities » ;
– et le projet d’extension du métro léger vers le Nord et vers le Sud en vue de desservir toute l’île.

En décembre de l’année dernière, nous avons dû apporter des amendements à la Public Procurement Act en vue d’inclure un exercice de Due Diligence pour tout accord de gouvernement à gouvernement en vue de s’assurer que « we get value for money ».

Le 27 avril 2012, un Due Diligence Committee sous la présidence du Supervising Officer du ministère des Infrastructures publiques a été institué. Des représentants du ministère des Finances et de l’Attorney General’s Office siègent également sur cette instance. Entre-temps, le gouvernement a sollicité et obtenu les services d’un expert indien en la matière en vue de valider les propositions et les conclusions de l’exercice. Ce n’est qu’après réception du rapport de l’expert indien qu’un accord pourra être signé avec la Singapore Co-Operation Enterprise. Ce n’est qu’à la réception de ce rapport que nous allons prendre connaissance du trajet du métro léger, du coût de réalisation du projet ou encore du coût du ticket.

Le Steering Committee est présidé par le secrétaire au Cabinet et cette instance s’est réunie en pas moins de 15 occasions. La première réunion s’est déroulée le 7 octobre 2010 et la dernière en date le 31 mai dernier.

Le ministère des Infrastructures publiques n’est au courant d’aucune proposition de la Malaisie. Au cas où une telle démarche est entreprise, les dispositions du Public Private Partnership seront suivies à la lettre. Aucune dérogation ne sera tolérée.

Bérenger : En réponse à la PNQ du 14 décembre 2010, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques avait déclaré qu’après une période de quatre mois, les Singapouriens devaient apporter des éléments de réponse aux interrogations contenues dans la PNQ. Je peux citer de larges extraits de la réponse du ministre. (À ce stade, le leader de l’opposition donne lecture des éléments de la réponse à la PNQ de décembre 2010 avec accent sur le délai de quatre mois pour les réponses.) Comme on peut le constater, tout devait être élucidé en une période de quatre mois. C’est le ministre qui le dit. Aujourd’hui, plus d’une année après, il nous dit qu’il faut attendre un exercice de Due Diligence sur les propositions formulées par les Singapouriens. Une perte de temps de plus d’une année. C’est totalement inacceptable.

Bachoo : Tout ce que nous entreprenons sera fait dans la transparence et l’équité. Je concède ce que j’avais alors déclaré. Mais au cours des discussions, nous nous sommes rendus compte d’une lacune majeure dans les accords de gouvernement à gouvernement. Nous avons dû procéder à des amendements à la loi pour inclure cette étape de Due Diligence. Mais quand l’amendement a été adopté, les Singapouriens ont fait le travail.

Bérenger : Maintenant dans une réponse formulée le 15 mai dernier, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques avait soutenu que le Due Diligence Committee allait soumettre son rapport dans deux semaines. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui préside ce comité ?

Bachoo : C’est le Supervising Officer du ministère. Un rapport intérimaire devra être soumis dans un délai d’une semaine. Ensuite, c’est l’expert indien, qui devra se mettre au travail.

Bérenger : Toujours dans cette même réponse, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques avait ajouté qu’un expert sera recruté pour valider l’évaluation du rapport du comité de Due Diligence. Comme se fait cet exercice de recrutement ?

Bachoo : Avec la collaboration de la haute commission de l’Inde à Maurice et dans le cadre de la coopération technique indo-mauricienne.

Bérenger : Avec le contrat pour les Project Management Services avec les Singapouriens, le gouvernement ne devra pas émettre un chèque en blanc (un blanc-seing). Le gouvernement a le devoir de ne pas abdiquer la souveraineté du pays pour la réalisation du projet de métro léger ?

Bachoo : D’un côté le leader de l’opposition dit qu’il y a eu perte de temps. De l’autre, il évoque la souveraineté du pays. Ce n’est nullement une question d’abdication de la souveraineté. La question est étudiée au niveau du Steering Committee, qui comprend des fonctionnaires expérimentés et qui ne vont nullement nous laisser tomber. Certes, il y a eu un délai. En 1995, le projet était déjà prêt…
La suite de la réponse du VPM est couverte par des remarques venant des deux côtés de la Chambre.

Bhagwan : Who was the minister in charge of the project at that time ? You have changed side…

Bundhoo : Pa tousse nou Bachoo !

Bérenger : Nous laisse sa pou Choonee !
À ce stade, le Speaker intervient pour rappeler à Anil Bachoo qu’il n’y avait pas lieu de s’emporter et qu’il serait préférable de faire attention au choix des mots.

Bachoo : I’m sorry ! Nous demandons à l’opposition de faire preuve de patience. Il y a eu un exercice de Due Diligence. Un expert est attendu de l’Inde pour un exercice de validation. We will accept nothing blindly. Le coût de ce projet est de plusieurs milliards.

Bérenger : Entre 2000 et 2005 avec l’aide de la Banque mondiale, nous avions engagé une somme énorme de travail sur le projet de métro léger. Puis après les élections générales de 2005, le gouvernement a gelé ce projet avant de le déterrer récemment. I’ll ask the vice-Prime Minister to go down memory lane…

Bachoo : Je ne voudrais pas être accusé de faire usage de “harsh words”. Mais en 2004, le projet était prêt. Lors d’une réunion, le représentant du Prime Minister’s Office, Jean-Mée Desvaux, a réclamé un gel du projet.

Bérenger : Elections were coming…

Le VPM poursuit sa réponse en brandissant une copie du procès-verbal de la réunion en question avant de la déposer sur la table de l’Assemblée nationale.

Bérenger : Elections were coming. We are not like you…

Speaker : Order ! Order ! Order !

Bérenger : Quelle est la somme qui a déjà été versée aux Singapouriens ? Quel est le montant prévu pour les Project Management Services à venir ?

Bachoo : This matter is being looked during the due diligence exercise. Je ne pense pas qu’il est approprié à ce stade de révéler des chiffres.

Bérenger : Récemment, la presse avait fait état de mécontentement venant de la part du ministère des Finances par rapport aux propositions des Singapouriens. Je n’ai pas vu de mise au point. Est-il un fait que le ministère des Finances a exprimé des réserves face à ces propositions ?

Bachoo : En fait, le ministère des Finances fait partie intégrante du projet. Sans le ministère des Finances, la réalisation d’un tel projet n’est pas possible. Nous travaillons en collaboration avec les Finances.

Bérenger : The minister is not replying as usual… Le ministre a fait état de 15 réunions du Steering Committee. Ces 15 séances de travail ont-elles eu lieu avec la partie mauricienne ou avec les Singapouriens ?

Bachoo : De ce que je comprends, il y a eu 15 réunions et parfois la partie singapourienne était présente.

Bérenger : Le ministre peut-il déposer à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale des copies de ces délibérations ?

Bachoo : Je transmettrai la requête au secrétaire au Cabinet.

Bérenger : Pourrai-je obtenir confirmation si le coût des tickets du métro léger a été fixé en tenant en ligne de compte le barème pour les routes à péage (toll roads). Peut-il confirmer s’il y a un lien entre le prix du ticket du métro léger et le péage ?

Bachoo : Il y a une décision de principe du gouvernement pour le péage. Pour le ticket de métro, aucune décision n’a été prise. Nous préférons attendre les recommandations de Singapour.

Bérenger : Dans sa réponse du 15 mai, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques avait trouvé de manière très lyrique que le premier coup de pioche allait être donné l’année prochaine. Maintenant, nous venons d’apprendre qu’il y a un exercice de Due Diligence et ensuite une validation de ces résultats sans oublier l’accord pour les Project Management Services de Singapour. Croit-il encore que les travaux démarreront l’année prochaine ?

Bachoo : Le souhait est que les travaux démarrent l’année prochaine. L’expert pour la validation est attendu incessamment de l’Inde.

Bérenger : En ce qui concerne les propositions de la Malaisie, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques affirme qu’il n’en est rien à son ministère. A-t-il vérifié auprès des autres ministères cette information mentionnée dans la presse ?

Bachoo : J’ai vérifié mais il n’en est rien. Peut-être que des représentants sont venus pour faire du lobbying. Mais il n’y a aucune proposition.

Les députés Roopun, Jugnauth, Jhugroo, Uteem, Obeegadoo, Ameer Meeah et Ganoo ont pris le relais du leader de l’opposition avec des interpellations supplémentaires sur le projet de métro léger.

Bhagwan : Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques peut-il préciser le rôle du Board of Investment dans ce projet. Le président du BOI, Maurice Lam, agit-il en tant qu’agent des Singapouriens ou que représentant des autorités mauriciennes ?

Bachoo : This has nothing to do with Maurice Lam…

Bhagwan : Al fer enn lanket to pou koné…

Lesjongard : Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques peut-il confirmer que la Singapore Co-Operation Enterprise ne s’est jamais engagée dans la réalisation d’un projet de cette envergure ?

Bachoo : I’m not aware…

Baloomoody : Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques a-t-il eu des consultations avec les syndicats des employés du transport en commun au sujet des répercussions de l’introduction du métro léger ?

Bachoo : Nous avons donné des garanties aux employés qu’il n’y aura pas de licenciements. Ensuite, il y a les feeder routes à desservir.

À une interpellation supplémentaire du député Ganoo, le ministre soutient que la transparence sera assurée par les exercices d’appel d’offres.

Bérenger : Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques a fait état du début des travaux l’année prochaine. Peut-il révéler à la Chambre quand le métro léger sera opérationnel à Maurice ? D’abord sur le corridor Curepipe/Port-Louis, ensuite avec les extensions annoncées au Nord et au Sud ?

Bachoo : C’est notre souhait que les travaux démarrent l’année prochaine ; j’espère que tel sera le cas. Pour ce qui est de la mise en opération du métro léger, nous ne disposons d’aucun détail. Il faudra attendre le rapport des Singapouriens…

Bérenger : Le projet a accumulé un retard de sept ans Les coûts ont presque triplé. I’m disturbed. Ce projet nécessitera des dépenses de Rs 25 milliards au moins. Quelle garantie pour la sauvegarde de la souveraineté de Maurice ?

Bachoo : Le gouvernement veillera à ce que tout soit fait selon les procédures…


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L'express du 20 février 2005

 Bachoo se muscle avant de parler alliance


Pour mettre toutes les chances de son côté avant de commencer à parler officiellement alliance avec les Travaillistes, Anil Bachoo entend prouver ce qu’il a dans sa manche. Il s’est donc entouré d’une quarantaine de sympathisants pour sa première sortie officielle face à la presse. Il en a profité pour annoncer un premier congrès dans son fief de Centre-de-Flacq vendredi prochain.

Comme pour contrer toute accusation de communautarisme, le groupe a pris soin de panacher l’assistance à son point de presse vendredi à l’hôtel St-Georges, à Port-Louis. On a ainsi vu aux premières loges aux côtés des trois autres parlementaires qui ont pris leurs distances du Mouvement socialiste militant (MSM), Jocelyn Seenyen, ancien membre du Parti socialiste militant (PSM), puis du Mouvement militant mauricien (MMM) et du MSM et l’ancien ministre Noël Lee Cheong Lem, qui était, il y a peu, conseiller d’Anil Bachoo au ministère des Infrastructures publiques.

Étaient aussi présents, Bala Teeroovengadum, qu’on avait vu en compagnie des rouges lors de la campagne pour la partielle de Piton-Rivière-du-Rempart ; Swadick Peerally, un ancien MMM, qui a ensuite roulé sa bosse au PMSD, puis au MSM ; Parmanand Ramlackhan, un ancien du Mouvement des travaillistes démocrates ou encore Mario Augustin qui avait dans le temps milité au sein du PSM d’Harish Boodhoo.

Pour cette première sortie publique, Anil Bachoo s’est cependant gardé de donner des précisions sur la création de son parti, préférant sans doute garder la primeur pour ses partisans dans sa circonscription.

Il est toutefois revenu sur les raisons avancées pour justifier son désaccord avec la direction du MSM : mollesse de Pravind Jugnauth, jugé « pas fit and proper person pou lead sa parti la » avec pour conséquence que le MSM est aujourd’hui devenu « un dormant partner en déphasage avec son électorat ».


Ligne de communication avec Ramgoolam

Tout en concédant que c’est bien lui qui avait proposé le nom de Pravind Jugnauth à la direction du MSM, on sent cependant qu’il a du mal à digérer la chose. Il a ainsi, et à plusieurs reprises, utilisé le terme de « garson la » en parlant de son ancien leader comme pour bien souligner la vitesse de son ascension à la tête du MSM.

Ses reproches ne s’arrêtent cependant pas au leader du MSM et à son entourage. Il accuse Paul Bérenger d’avoir réduit « le cabinet system of government à un priministerial system of government en accaparant des dossiers contrairement à sir Anerood Jugnauth qui accordait les coudées franches à ses ministres ». Jean-Mée Desveaux, conseiller du Premier ministre, qualifié de ''Senior Minister'', en prend également pour son grade.

Tout en prédisant que la direction du MSM « conduit le parti à sa perte », Anil Bachoo a préféré garder ses cartes dans sa manche. Il nie toute négociation avec le Parti travailliste et se contente de dire qu’il a toujours conservé « une ligne de communication avec Navin Ramgoolam ».