JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

18 October 2014

Pour Jean-Mée Desveaux 4 des mesures annoncées par l’alliance Lepep coûteront Rs 11,2 milliards

Le Defi du 18 octobre 2014


Les 12 mesures annoncées dimanche 12 octobre par sir Anerood Jugnauth lors du meeting de l’alliance Lepep ont été passées en revue dans l’émission « Au cœur de l’Info » sur Radio Plus samedi 18 octobre.

Ces mesures, parmi la hausse de la pension de la vieillesse à Rs 5 000, la baisse du prix du diesel et de l’essence et l’introduction d’un salaire minimum, sont-elles réalistes et réalisables ? Interrogé à ce sujet, Jean-Mée Desveaux, ancien conseiller de Paul Bérenger au Bureau du Premier ministre, affirme qu’elles sont « insoutenables pour l’économie ». 

Chiffres à l’appui, Jean-Mée Desveaux indique que quatre des mesures annoncées par l’alliance Lepep [hausse de la pension de vieillesse, baisse du prix du diesel et de l’essence, introduction du salaire minimum et construction de 2 000 logements pour les pauvres] coûteront environ Rs 11, 2 milliards à l’État. 

D’après ses analyses, la hausse de la pension de vieillesse nécessitera un fonds de Rs 3,5 milliards ; la baisse du prix du diesel et de l’essence nécessitera un financement de Rs 1,5 milliard ; l’introduction du salaire minimum coûtera Rs 5,2 milliards et la construction de 2 000 maisons annoncées par Xavier-Luc Duval pourrait s’élever à Rs 1 milliard. 

« Tous ces chiffres ne disent rien. Il faut obtenir la dimension de ce que ces chiffres représentent. Je vais donner leur ordre de grandeur : en 2013 l’État n’a recueilli que Rs 5 milliards à travers l’Income Tax. Pour ce qui est de la Corporate Tax, l’État a recueilli Rs 9 milliards. Les mesures de SAJ coûteront elles Rs 11,2 milliards. Comment pourront-ils faire une nouvelle dépense de Rs 11,2 milliards alors que le ministre des Finances pressenti par l’alliance Lepep [Vishnu Lutchmeenaraidoo] a dit qu’il n’augmentera pas la taxe ? » s’interroge Jean-Mée Desveaux. 

03 October 2014

Ces hommes qui nous gouvernent

Par Jean-Mée DESVEAUX
l'express du 3 octobre 2014
 
La politique est sans nul doute le plus noble métier dont un être humain puisse rêver. Aucune autre profession, en effet, ne permet à un homme de toucher tant d’êtres humains à la fois, d’améliorer leur niveau de vie, de maximiser leur sécurité, d’assurer l’avenir de leurs enfants et de créer un espace où il fait bon vivre. Pour cela, il est intelligent, foncièrement honnête, laborieux et fait immanquablement passer l’intérêt de ses concitoyens avant les siens.
Comment donc expliquer que chez nous, des politiciens de tous bords soient, à peu d’exception près, des hommes et des femmes parmi les plus abjects et méprisables que le pays contient ? Il y a plusieurs hypothèses possibles. Il se pourrait qu’à Maurice, la politique allèche les vauriens de tout genre. Il y a certainement pas mal d’honorables exemples au Parlement qui aideraient à fortement soutenir ce point de vue. Serait-ce, alternativement, parce que l’environnement politique à Maurice est si toxique que tout un chacun perd inéluctablement son idéal en devenant politicien ? S’il y a suffisamment de parlementaires dans cette catégorie pour soutenir cette approche, la question demeure la cause de cette toxicité.

L’origine de ce mal réside, en premier lieu, dans le morcellement que fait la politique de la population mauricienne. La carrière d’un homme politique à Maurice n’est pas axée autour du service des citoyens de la République dans leur ensemble. Dès qu’il devient membre d’un parti politique, on s’attend à ce qu’il oeuvre pour le segment de la population avec lequel il partage des liens ethniques. Sa circonscription sera choisie selon ce critère réductionniste et il aura pour électeurs des coreligionnaires à qui il fera croire, qu’à ses yeux, leur fortune est désormais aussi importante que la sienne. Ce que cela signifie vraiment n’apparaîtra que bien plus tard : son enrichissement personnel supplantera dorénavant toute considération du bien-être de ses mandants. Le tour est joué. Il peut dorénavant ouvertement asseoir la prééminence de ses intérêts personnels en faisant accroire qu’il oeuvre pour les siens. Sa circonscription a d’abord pris le dessus sur les intérêts nationaux. Ensuite, ses intérêts et ceux de ses coreligionnaires ne faisant plus qu’un, son enrichissement personnel leur permet le doux plaisir de vivre sa grande opulence par procuration.

Un des exemples les plus déroutants de ce phénomène est la dévotion que portent nos compatriotes d’une certaine caste, depuis plusieurs générations, vis-à-vis de l’enrichissement de la famille Seetaram, par le biais de l’État. Cette famille d’hommes d’affaires est véritablement remarquable.

TRAITEMENT PRIVILÉGIÉ

Le jeune Jim a obtenu un traitement privilégié aux mains du ministre Alan Ganoo pour implanter le projet de téléphérique des Sept Cascades sur les terres du CEB. C’était pour inciter Jim à poser sa candidature sous la bannière de l’alliance MSM/ MMM à Montagne-Blanche. Le même Jim, devenu ministre MSM, convoquera une réunion de famille avec son frère Shyam et son père Iswardeo, ancien Speaker, pour déterminer le choix politique que Jim devrait prendre afin d’optimiser la fortune du clan. Faisant acte d’apostasie vis-à-vis des Jugnauth, Jim devint un transfuge au profit des travaillistes, auprès desquels il est encore ministre. Paul Bérenger a laissé entendre durant la semaine que le cas du Téléphérique des Sept Cascades sera revu s’il est élu. Il n’a pas ajouté si les terrains et autres faveurs de l’État vis-àvis du projet de Sarako, entreprise d’énergie photovoltaïque que pilote Shyam à hauteur de Rs 1,2 milliard, fera partie de cet audit du patrimoine de l’État. Le retour de la famille Seetaram au bercail travailliste avait été motivé par ce projet qui a beaucoup profité des largesses du gouvernement travailliste depuis deux ans. L’audit auquel se réfère le leader mauve pourrait aussi chiffrer les prêts octroyés par les banques de l’État au patriarche de la famille il y a quelques décennies. Ce qui laisse pantois dans cette affaire c’est comment diantre certains de nos concitoyens ont pu succomber au leurre d’une famille d’affairistes dont le souci pour leur bien-être rivaliserait facilement avec celui que portait George Bush Jr à celui des sinistrés du Mississippi après Katrina.

Passant en revue notre Parlement, essayant d’obtenir un échantillon représentatif, il nous faut admettre qu’il y a aussi là des hommes qui ont abordé une carrière politique après avoir atteint les sommets de la réussite professionnelle. Côtoyant les nombreux colleurs d’affiches et autres suiveurs dont la notoriété n’aurait jamais dépassé l’honneur d’avoir siégé au comité central ou autre assemblée de délégués de leur parti, il y a les docteurs Rashid Beebeejaun et Vasant Bunwaree. Ce sont là deux spécialistes en médecine qui n’ont pas chauffé les bancs des universités du ministre Jeetah. Pédiatre et cardiologue, ce sont des hommes qui auraient honoré n’importe quel pays de leur choix s’ils avaient voulu un jour émigrer. Ils se seraient fait de l’or en Europe, en Amérique ou en Australie. Ils se défendaient pas mal du tout financièrement avant de tomber dans la caraille politique. Je me souviens du pédiatre de mon fils comme étant, à mes yeux, le professionnel le plus accompli des années 80 et il en va de même pour le Dr Bunwaree.

Parmi les hypothèses que nous avancions en haut, il est évident que ces deux hommes sont les victimes du caractère toxique de la politique mauricienne. Tout le monde vieillit. Ce n’est pas un crime, c’est la condition humaine qui l’impose. Mais ces deux-là vieillissent mal, très mal ! Quand nous voyons le tableau pathétique de ces deux ministres, nous savons que nous sommes dans une drôle de gérontocratie.

L’honorable Beebeejaun sied parfaitement l’hypothèse du politicien choisi pour des raisons ethniques à défendre les intérêts de ses coreligionnaires dont il aspire à être le chef de tribu. Comme dans la théorie précitée, il ne s’est jamais battu pour les citoyens mauriciens car ce n’était pas son rôle. Ce qui pourrait étonner par contre, c’est qu’il ne se bat pas non plus pour ses distants coreligionnaires. Ayant pris l’arbre pour la forêt, il se bat inlassablement pour que pousse ce chêne à l’ombre duquel ne pousseront dorénavant que des saules. L’honorable Beebeejaun aspire aujourd’hui à établir sa dynastie à travers un de ses fils. Le ministre Bunwaree, encore plus pathétique que son collègue, est devenu la risée du monde politique. En proie à des aspirations qu’on attribuerait à un âge moins canonique que le sien, son ministère subit les soubresauts typiques d’un lieu où les passions mal gérées prévalent sur la raison.

Il y a ensuite les nouvelles recrues du MMM post 2005 avec lesquelles je n’ai pas eu la chance de travailler. Je n’avais pas cru Paul Bérenger capable de renouveler son équipe de vétérans essoufflés. Ce n’était pas faute d’essayer. Mais il l’a fait. Ces nouveaux hommes et femmes étaient du calibre à rendre le pays très fier d’eux, ce qui n’est pas mal quand on sait comment Paul Bérenger peut avoir la main malheureuse dans ses choix de candidats.

Mais que voyons-nous depuis ? Des hommes apeurés, timides, suiveurs, terrifi és de regarder leur chef dans les yeux et de lui dire qu’il déconne sérieusement quand il le mérite. Incapables de maintenir leur autonomie intellectuelle, ils hypothèquent leur réputation, jusqu’ici intouchable, en faisant, sous la houlette et selon l’humeur du vieux chef mauve, par ici des courbettes devant un MSM infect ou, par là-bas, un Ramgoolam incapable de changer de moeurs politiques. Devenu de la bagasse politique sous le pressoir anti-démocratique du führer mauve ( à qui revient exclusivement le choix des candidats aux prochaines élections), ils sont devenus des politiciens fantoches qui retournent chez eux en évitant le regard interloqué de leurs conjoints qui ne les avaient jamais imaginés aussi lâches.