l'express du 28/07/2008
Edito par Raj MEETARBHAN
Le gouvernement avait cru sortir un squelette du placard mais c’est au musée des affaires foireuses qu’il devra ranger le dossier BPML. La Cour suprême a en effet ordonné que des paragraphes entiers soient enlevés du rapport rédigé par un «Fact-Finding Committee» (FFC) sur cet organisme.
Le BPML a été créé en 2001 pour développer et gérer des parcs informatiques. Il a conçu et géré la première cybercité du pays à Ebène. Le 13 janvier 2006, le Conseil des ministres décide de mettre sur pied un comité pour faire la lumière sur ce qu’il estime être des pratiques de «mauvaise gestion» à BPML. Harris Balgobin, Raj Busgeeth et Bruno Dumazel sont nommés pour siéger au comité. Dès le début, la composition de cette instance est contestée par les partis d’opposition. Ils craignent une manipulation politique. En octobre 2006, les conclusions du FFC sont rendues publiques. Le gouvernement exulte : il parle de rapport «accablant» et menace d’intenter des poursuites.
Vendredi dernier, la Cour a accédé à la requête de quatre personnes incriminées dans le rapport du FFC et a ordonné que tous les passages les concernant soient biffés. La cause a été vite entendue puisque les représentants de l’Etat n’ont pas pris longtemps pour reconnaître la faute. Ils concèdent qu’il y a eu «denial of natural justice in this case in not allowing the parties to present their point of views». Séance tenante, le chef juge Bernard Sik Yuen et le «Senior Puisne Judge» Keshoe Parsad Matadeen ont ordonné que les remarques déraisonnables soient enlevées du rapport.
Ce verdict prompt et tranchant de la Cour suprême met fin à une saga qui sera retenue comme un exercice exemplaire de communication politique maladroite. Examen au Conseil des ministres, approche dramaturgique pour vendre l’événement, crises d’exubérance à l’annonce des conclusions du comité, quatre ministres alignés derrière une table donnant trois conférences de presse en une semaine pour célébrer le rapport… Tout était calculé pour donner une dimension de scandale à l’affaire. Le véritable scandale, on le sait aujourd’hui, c’est que dans sa précipitation le comité Balgobin n’a pas respecté les règles de justice naturelle.
On a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles le comité n’a pas entendu les témoignages de Pravind Jugnauth, de Jean Mée Desveaux et du couple Tamas et Vijaya Saha alors qu’ils sont mis en cause dans le rapport. De plus, il faut tirer au clair les circonstances de la visite infructueuse du comité Balgobin en Inde. Ses trois membres s’y sont rendus en août 2006 pour écouter le premier «Managing Director» de BPML, Devendra Chaudry, mais n’ont jamais pu procéder à son audition !
Au vu de ce qui vient de se passer, on peut se demander s’il ne serait pas opportun de demander une enquête sur l’enquête du FFC.