JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

21 February 2021

Dans l’orbite du pouvoir : incursion dans la galaxie des « superconseillers » des PM



Ils sont bien souvent l’ombre du Premier ministre. Ils agissent loin des feux des projecteurs pour certains, en avant-plan pour d'autres. À travers une série de témoignages, Le Défi-Plus a, ‘on record’ et ‘off record’, tenté de mieux comprendre le rouage et surtout l'influence de ces proches des chefs du gouvernement. 

Une des raisons de sa démission au gouvernement est le rôle prépondérant et dominant de certains conseillers du Premier ministre. Nando Bodha, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général du Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) qui a fait ressortir que « le Premier ministre est enfermé dans un cercle hermétique où il faut souvent passer par les conseillers pour le rencontrer ». Nando Bodha estime qu’« il y a un pouvoir cadenassé où seulement deux à trois personnes prennent les décisions ». Les conseillers de ce gouvernement ont plus de pouvoirs que les ministres, dit-il. 

En revanche, son opinion est contredite par Avinash Teeluck, ministre des Arts et de la Culture, et Bobby Hurreeram, ministre des Infrastructures publiques. « À chaque fois que je sollicite Pravind Jugnauth, j’obtiens un rendez-vous dans les heures qui suivent, ou sinon un ou deux jours après. Je ne passe pas par des intermédiaires. De plus, on se parle de tout. Du coup, je trouve la déclaration de Nando Bodha inexacte. Le Premier ministre ne fait aucune distinction. Que vous soyez un ministre ou un député, il vous rencontrera », soutient le ministre des Arts et de la Culture. Le ministre des Infrastructures publiques a abondé dans le même sens, en allant aussi loin que de prêter serment sur la tête de son enfant sur les ondes de Radio Plus, dans l’émission ‘Au cœur de l’Info’.

Sur la crête de cette controverse, Le Défi-Plus s’est immiscé dans la galaxie des « superconseillers » des Premiers ministres.

Relation « Special Advisor-PM »



Pour Jean Mée Desveaux, ancien conseiller au bureau du Premier ministre, au temps où Paul Bérenger occupait ce poste, la relation entre un Premier ministre et son conseiller c’est comme « danser le tango ». Réagissant aux propos tenus par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, qui a fait état de l’influence malsaine des « Senior Advisers » du Premier ministre, Jean-Mée Desveaux précise que ce genre d’influence ne passe pas avec un Premier ministre comme Bérenger. « Paul Bérenger est avant tout quelqu’un qui connaît ses dossiers. Il suivait mes conseils, mais de manière éclairée. Et lorsqu’il faut mettre ses conseillers à sa place, il n’hésitait pas à le faire », raconte l’ancien bras droit de Paul Bérenger. 

En ce qu’il s’agit des pouvoirs dont il jouissait lors de la période 2000-2005, il tient à faire ressortir qu’il ne sortait jamais dans ses paramètres. « J’étais bel et bien conscient que je n’avais pas de pouvoir exécutif », déclare notre interlocuteur. D’ailleurs, ce dernier ne manque pas de rappeler qu’il a été derrière le recrutement de plusieurs responsables à la tête de certaines institutions, notamment l’Écossais Bill Duff comme Commissaire des Prisons ou encore l’Australien Philip Cash chez Airports of Mauritius Ltd (AML). « Je n’ai jamais recommandé le recrutement d’un marchand de gâteaux piments à la tête des institutions clefs du pays. Je ne voulais pas perdre des points et je ne voulais pas lui faire perdre des points également », affirme-t-il.

Jean Mée Desveaux soutient qu’il a choisi plusieurs responsables à la tête de certaines institutions"

Répondant à la question « si un conseiller peut avoir plus de pouvoirs qu’un ministre ? », Jean-Mée Desveaux tient à faire ressortir que d’abord un conseiller n’a aucune entrée dans le cabinet ministériel. « Lorsque Paul Bérenger était en discussion avec son ministre des Services publics sur un projet spécifique j’étais appelé à rédiger un papier afin de faire part de mon opinion, mais la décision finale revenait au Premier ministre », précise-il. 

En ce qu’il s’agit de l’accès des ministres à l’ancien Premier ministre, Jean-Mée Desveaux rappelle que les ministres n’avaient pas à passer par lui pour rencontrer le chef du gouvernement. « Ils se contentaient uniquement de venir me voir pour avoir une idée du ‘mood’ de Bérenger et bien souvent ils transpiraient à grosses goûtes », souligne-t-il. « Les personnes qui souhaitaient faire une donation pour le Mouvement militant mauricien (MMM) me contactaient et j’arrangeais une réunion avec Bérenger pour transmettre la donation en chèque. » dit-il.

 

Le GM dit nommer en fonction des compétences

Au niveau du bureau Premier ministre, un des conseillers du chef du gouvernement, explique ne pas vouloir répondre aux arguments mis en avant par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, concernant l’influence des conseillers. Au sujet de la présence des conseillers sur les différents conseils d’administrations, des institutions gouvernementales, il soutient qu’il s’agit d’une politique gouvernementale. « C’est au niveau du gouvernement que l’on décide qui nommer en fonction de ses compétences. »

Rémunérations et privilèges  

Les salaires et privilèges auxquels ont droit un conseiller opérant au Prime Minister’s Office (PMO) varient bien évidemment en fonction de la hiérarchie. Selon les documents que nous avons consultés, que ce soit sous l’ère Ramgoolam, Jugnauth père et Jugnauth fils, le salaire d’un conseiller débute à partir de Rs 21 475. Dans ce cas précis, il s’agit de Viswaraj Malloo, Public Relations Officer au bureau du Premier ministre en mars 2018. Son package comprenait également une allocation de Rs 5 545 ‘for working beyond working hours’. 

En ce qu’il s’agit des plus gros salaires, nous observons que sous l’ère de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, c’était Kerteecoomar (Kailash) Ruhee, ancien Senior Adviser/Chief of Staff de 2005 à 2014, qui touchait un salaire mensuel de Rs 156 000. Comme privilège, il avait droit à soit une voiture de 2000 cc ou une remise de 100 % duty free pour l’achat d’un véhicule. Il avait aussi droit à une ‘travelling allowance’ de Rs 10 200 chaque mois et un chauffeur, sans compter une allocation de Rs 2000 pour son téléphone. 

Sous le régime actuel, selon le document le plus récent qui a été déposé il y a deux ans, Ken Arian, Senior Adviser au bureau du Premier ministre, a droit à un salaire de Rs 92 000, une ‘travelling allowance’ de Rs 11 500, des facilités de prêt bancaire pour l’achat d’un véhicule. Au temps où il avait occupé le poste de Senior Adviser au bureau du Premier ministre, Prakash Maunthrooa avait droit à un salaire mensuel de Rs 122 000. Comme privilège, il avait droit à soit une voiture de fonction de 2000 cc avec chauffeur ou 100 % de duty free pour l’achat d’un véhicule avec des facilités de prêt bancaire. 

Par ailleurs, il faut aussi savoir que bon nombre de conseillers sont aussi souvent appelés à faire partie de la délégation du Premier ministre lorsque ce dernier va en mission à l’étranger. Pour ce qui est du coût des voyages des « Advisers » du Premier ministre en 2018 et 2019, plus précisément des missions effectuées à l’étranger, le document le plus récent s’élève à la hauteur de Rs 1 528,257.


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