JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

16 April 1995

Benoit Jolicoeur: Rodrigues ne doit pas copier tout ce qui se fait à Maurice

M. Benoit Jolicoeur, second député de Rodrigues, estime que le secteur privé doit avoir un plus grand rôle dans le développement de cette île pour éviter les lourdeurs de l'administration publique. Mais tout développement doit inclure une dimension spirituelle. Si son île a jusqu'ici loupé le train, il pense que la situation peut être renversée, mais récuse toute idée d'une mise en commun avec ses adversaires politiques qu'il descend en flammes. Par ailleurs, si malaise il y a à Rodrigues, ce n'est pas un malaise créole mais un malaise vis-à-vis de l'île Maurice tout entière.

Entretien réalisé par Jean-Mée DESVEAUX
l'express du 16/4/1995

M. Jolicoeur, j'interviewais le ministre des Affaires rodriguaises en 1978 et nous parlions déjà de démarrage et de décollage économique. On a pourtant l'impression que Rodrigues n'est toujours pas sortie de sa torpeur. N'est-il pas temps de cesser de rêver camarade?
 
D'abord il faut reconnaître que de 1978 à nos jours, il y a eu des choses qui ont changé. Il y a eu des améliorations de l'infrastructure au niveau des routes, de l'eau, du port et de l'aéroport II y a surtout eu des améliorations au niveau de la formation de cadres rodriguais. l.es étrangers qui visitent Rodrigues régulièrement peuvent témoigner de ce changement. Un long chemin a été parcouru bien qu'il reste encore beaucoup à faire.
 
Parfois, la comparaison que certains tentent de faire entre Rodrigues et Maurice laisse croire effectivement; que rien n'a été fait. Il faut aussi reconnaître que Rodrigues a été négligée pendant longtemps.
 
Non, croyez-moi, Rodrigues ne sommeille pas. Il est vrai qu'il y a certaines complexités au niveau administratif. Il y a malheureusement. une lourdeur. Cela est dû au fait que le secteur public joue un trop grand rôle chez nous. Nous n'avons pas assez d'acteurs au niveau privé où il existe une plus grande souplesse de procédures et où, par conséquent, les choses vont plus vite.

Ce qui nous mène justement au besoin, que les dirigeants rodriguais ont noté, de créer une nouvelle mentalité d'entrepreneur ainsi que la nécessité de libérer le Rodriguais de sa mentalité d'assisté. Quelle est la stratégie envisagée?


Nous croyons que tous les travaux de développement devraient être réalisés par des agents du secteur privé. Le rôle du gouvernement doit rester celui d'un facilitateur qui aide à rendre la tâche du secteur privé plus aisée. Cette situation est loin d'être le cas en ce moment.

A Maurice, presque tous les travaux sont accomplis par des contracteurs du secteur privé. C'est ce que nous visons à obtenir à Rodrigues. Ce genre de situation est apte à responsabiliser davantage les Rodriguais. Et c'est dans ce sens que nous venons de délivrer des permis de Job Construction à une vingtaine de Rodriguais. Ces personnes sont appelées à avoir des contrats dans divers domaines afin d'alléger le secteur public et rendre le pays plus productif.

En ce qui concerne la mentalité d'assisté dont vous parlez, je peux vous dire que c'est quelque chose de bien enracinée car elle a des origines historiques. Avant 1970, Rodrigues était auto-suffisante. On produisait beaucoup de haricots, le maïs, de patate douce, de manioc. On importait très peu de riz. Les gens ne mangeaient le riz que pour le Nouvel an et les jours de fête. Nous avions cependant de la viande et du poisson en abondance.

On pouvait vivre confortablement en travaillant dur. La terre rodriguaise nourrissait son peuple. Il faut dire que l'île était moins peuplée.

Cette situation a changé quand, à la suite des grandes sécheresses des années 70, la terre devint plus difficile à cultiver, et la vie également. Le gouvernement d'alors, afin de pallier ce problème, embaucha massivement et systématiquement des Rodriguais dans des secteurs non-productifs. Ce qui créa bien vite une situation où la majorité des familles rodriguaises avaient, du jour au lendemain, des salaires assurés à la fin du mois car ils étaient payés par l'Etat. Dès lors, on pouvait se procurer facilement sa ration de riz, et cela sans avoir à cultiver la terre. Tous les jours étaient devenus jour de fête. Mais il y a eu abandon de cette terre nourricière et, en même temps, on a perdu le sens de l'effort, le struggle for life, qui caractérisait le peuple rodriguais, avait disparu.

Les années passèrent, la pluie revint. Malheureusement, la mentalité ne changea pas. Quand la pluie revint, on n'a pas senti le besoin de retourner à cette terre car on n'avait plus besoin d'elle pour vivre. On était devenu salarié du gouvernement. Depuis," le retour à la terre" allait acquérir de plus en plus une valeur idéologique et philosophique, une valeur de slogan même, plutôt que la valeur pratique qu'elle possédait quand le choix était de cultiver la terre ou crever de faim.

Tout cela pour vous dire que ce n'est pas une tâche facile aujourd'hui de nous libérer de ce que vous appelez une mentalité d'assisté. Il y a heureusement des efforts qui se font par les ONG, l'Eglise et le gouvernement pour permettre aux Rodriguais de se remettre debout, de tenir sur leurs propres jambes. Il faut ajouter que ceci n est pas propre à Rodrigues; dans toute société, il y a toujours des problèmes qui se manifestent différemment. Il y a toujours un effort constant à faire pour responsabiliser le citoyen.

D'autre part, Serge Clair parle du besoin de garder la spécificité de la société rodriguaise en évitant une société matérialiste où les valeurs familiales et sociales sont bafouées. La clé du problème n'est-elle pas que Rodrigues refuse les coûts qui sont indissolublement liés au développement?


Cela dépend de ce qu'on comprend par développement. Ma conception du développement n'est pas, comme vous dites, indissolublement liée à des pertes de valeurs familiales et sociales.

S'il y a ce genre de problème dans une société, je dis qu'il n'y a pas de vrai développement. Je dissocie ce concept au sens fort du terme de tous les problèmes que vous avez mentionnés. Malheureusement, aujourd'hui, quand on parle de développement dans le monde, on pense systématiquement aux infrastructures. Or, le vrai développement est une réponse à tous les besoins humains, des besoins primaires ainsi que des valeurs. Tout projet de développement doit prendre ces valeurs en considération.

Quand on a une telle vision, on ne peut faire n'importe quoi et à n'importe quel prix. Certains ont tendance à aspirer qu'on déverse beaucoup d'argent sur Rodrigues tout d'un coup; qu'on construise des routes et des bâtiments à tort et à travers. On ne peut pas nier que nous avons besoin d'investissements pour rattraper le retard. Mais il faut toujours se poser la question quant à savoir si le Rodriguais est partie prenante dans tous ces projets.

A vous entendre, on a l'impression que vous avez une dimension spirituelle en tête?


Oui. Je dis qu'il faut prendre en compte une dimension spirituelle basée sur des valeurs humaines. Il faut prendre en ligne de compte les aspirations profondes des Rodriguais. C'est dans ce sens que je dis qu'il ne faut pas copier systématiquement tout ce qui se fait à Maurice.

Nous croyons qu'à Rodrigues, nous pouvons vivre une expérience unique en matière de développement. Ce serait un développement qui serait une réponse à notre manière de vivre. Nous concédons que ce n'est pas facile, mais nous croyons que c'est possible et j'ai la conviction profonde que c'est dans ce sens qu'il faut oeuvrer.

Et si la perte de valeur était une condition sine qua non du développement?


Je ne crois pas que c'est le cas. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas en cours de route des manières de faire, des habitudes et des mentalités qu'il faudra changer; mais l'essentiel c'est de rester soi-même, dans la fierté et la dignité. J'ai vu de la vraie misère dans des sociétés dites développées. J'y ai vu des hommes et des femmes qui avaient tout au niveau matériel, mais qui avaient perdu le sens de la vie. Tout cela doit nous pousser à réfléchir à quel modèle de déyeloppement l'on désire.

Autre statistique néfaste pour Rodrigues: 90% des terres rodriguaises appartiennent à l'Etat. L'essence du capitalisme reposant sur l'appât du gain, ce contexte devient inexistant à Rodrigues. Faut-il être prophète pour prédire que le développement ne sera obtenu que lorsqu'on privatisera les terres rodriguaises? Qui empêcherait l'organisation systématique de la vente de terrains aux Rodriguais?


Moi, je dis qu'il est heureux que la majorité des terres de Rodrigues appartiennent à l'Etat. Il y a aujourd'hui une spéculation foncière effrénée à Rodrigues. Cette terre, qui était autrefois le lieu d'exil pour des lutteurs comme Anquetil, est devenue aujourd'hui une réponse aux aspirations profondes de beaucoup de Mauriciens, c'est-à-dire un lieu où il y a de la tranquillité, la joie de vivre, le sens de l'accueil, un lieu où on peut respirer vraiment.

D'autre part, le fait que la terre appartienne à l'Etat ne veut nullement dire que le Rodriguais ne peut pas la cultiver. Celui qui veut cultiver la terre reçoit un bail du gouvernement. II est vrai qu'il faut activer la procédure d'octroi de ces baux.

Il n'est pas nécessaire de vendre les terres rodriguaises quand celui qui possède un bail a le sentiment d'appartenance à cette terre qu'il peut cultiver. Dans la pratique, les terres privées ne sont pas mieux cultivées que les terres à bail. Il y a des terrains privés qui sont abandonnés. Non, la privatisation n'est pas la solution pour rendre les terres plus productives. Au contraire, ce qui pourrait se passer si on privatisait les terres de façon systématique, c'est que le Rodriguais se retrouve bien vite locataire chez lui.

Le politicien rodriguais que vous êtes doit constater avec désarroi que les Mauriciens préfèrent investir à Madagascar qu'à Rodrigues. N'est-ce pas là l'ultime preuve d'inconfiance dans ce monde compétitif où on n'investit pas pour faire plaisir mais pour faire profit?


C'est une réalité et il faut donc s'en rendre compte. Nous allons de plus en plus vers une situation difficile au niveau économique.

Je crois qu'on peut dire qu'à Rodrigues, nous avons loupé le train. Des usines de textile auraient dû avoir été ouvertes à Rodrigues durant les années de boom économique de 84 et 85. Malheureusement, le ministre de Rodrigues d'alors n'a rien fait. Il aurait fallu dès 83 mettre en place des infrastructures pour accueillir des unités de textile à Rodrigues. Or, ce n'est qu'à partir de 87, quand Serge Clair a repris le ministère de Rodrigues, que les choses ont commencé à bouger. Ce n'est qu'à ce moment-là que des négociations ont été entamées avec la Banque de Développement pour construire un bâtiment industriel à Rodrigues. Malheureusement, à la fin de la construction, on était déjà entré dans la période difficile. Un industriel nous a aussi fait faux bond et nous essayons maintenant avec la Banque de Développement de réaménager le bâtiment afin de le rendre utile à des entreprises non labour intensive; c'est ainsi que Historic Marine et Miracolor ont pris la décision de venir s'installer à Rodrigues. Maintenant que le textile perd de sa vitesse, il faut se tourner vers des industries à haute valeur ajoutée comme les maquettes de bateaux et les peintures spécialisées.

Quel est le poids de l'OPR au sein du gouvernement quand le PMSD, avec un seul député, réussit à obtenir de nombreux postes d'ambassadeurs, deux ministères et des directions de corps paraétatiques alors que vous n'avez qu'un ministère et des miettes?


Le rôle de l'OPR au sein du gouvernement n'est pas en premier lieu de rechercher des postes. Notre priorité c'est d'abord travailler avec le gouvernement en place pour apporter des solutions aux problèmes rodriguais. Notre priorité c'est de faire entendre la voix de Rodrigues au sein de la république. En tant qu'élus, nous avons également notre mot à dire dans l'orientation de la politique nationale. Nous contribuons à l'édification de la république de Maurice.

Cet apport s'est-il accru avec votre nomination comme Deputy Chairman of Committees?


Oui, c'est même la première fois qu'un habitant de Rodrigues accède à cette fonction. Il faut aussi ajouter qu'à l'OPR, nous n'avons rien demandé et que nous acceptons avec joie et fierté cette nouvelle responsabilité. Nous allons ainsi continuer à apporter notre contribution active à cette plus haute institution du pays qu'est le Parlement.

En quoi consiste cette fonction de Deputy Chairman of Committees?


D'abord, le Chairman of Committees c'est le Speaker. Je deviens donc l'adjoint du Speaker en ce qui concerne la présidence de l'Assemblée quand des projets de lois sont au stade de comité. Je peux ainsi présider le Parlement quand, par exemple, on épluche le budget item par item. C'est un grand honneur pour moi et pour tous les Rodriguais.

Parlant de la créolité de Rodrigues, on a élaboré la notion d'une culture qui démontre un art de vivre typiquement rodriguais, qui se caractérise par une identification à la terre plutôt qu'à un groupe ethnique, comme c'est le cas à Maurice. Le "malaise créole" serait-il absent de Rodrigues?


Ce terme se situe dans une perspective historique. L'histoire des créoles est différente dans les deux îles. A Rodrigues, c'est le strugglefor life dont je vous parlais tout à l'heure qui nous a attachés à la terre. Pour en revenir au malaise, je ne crois pas qu'il y ait malaise créole à Rodrigues, il y a malaise rodriguais.

N'est-ce pas la même chose dans la mesure où la population rodriguaise est essentiellement créole?


Oui et non. Le malaise créole à Maurice se définit par rapport à plusieurs autres ethnies. Le malaise rodriguais se définit par rapport à UNE autre communauté, c'est-à-dire l'île Maurice tout entière.

L'important c'est que chacun puisse être reconnu pour ce qu'il est avec ses valeurs aussi bien que ses limites. Dans ce sens, le combat est le même. C'est un enrichissement mutuel. Mais quand je parle de combat, je ne parle pas de lutte contre celui-ci ou celui-là, mais un combat pour la promotion sociale et spirituelle de tout un chacun.

Vous êtes dans une situation paradoxale en ce qui concerne l'emploi. D'une part, vous avez le droit de vous plaindre que l'île Maurice emploie des travailleurs étrangers alors qu'il y a chômage à Rodrigues. D'autre part, si l'employeur mauricien embauche votre main-d'oeuvre qualifiée, vous pourriez vous plaindre de brain-drain, de pillage et d'exode. C'est une no-win situation?


C'est une question difficile. Il faut être réaliste: il y a plus de débouchés à Maurice qu'à Rodrigues, si ce n'est qu'en raison de la plus grande étendue de l'île. II y a plus de possibilités à Maurice de faire valoir ses capacités. Il est vrai que de par cette situation, le pays perd des hommes et femmes de valeur.

En même temps, le fait qu'il y ait des Rodriguais qui travaillent à Maurice, démontre que nous jouons aussi un rôle dans l'édification de la république. Rodrigues n'est pas qu'assistée.

Il existe une mouvance mondiale qui, comme disait un philosophe, a fait de la planète un grand village. Rodrigues ne peut être une exception à cette mouvance. Il est malsain de vouloir à tout prix garder tous les Rodriguais à Rodrigues tout le temps. D'autre part, il est vrai que nous perdons souvent des hommes et des femmes de grande qualité, ce qui devrait donc nous empêcher de tomber dans l'autre extrême et d'encourager l'exode massif des Rodriguais vers d'autres terres.

On crie, avec justesse, au foul play quand les dons mauriciens aux réfugiés rodriguais sont distribués par les agents de l'OPR à des fins et selon des critères politiques. N'est-ce pas à même de décourager la générosité des Mauriciens qui ne partageraient pas la conviction OPR?


Les dons mauriciens sont partis pour Rodrigues par le Mauritius Pride qui a quitté Port-Louis le jeudi 6 avril pour arriver à Rodrigues le vendredi 7 avril dans l'après-midi.

M. France Félicité a tenu une conférence de presse le mardi 4 avril pour crier haut et fort que les dons ont été distribués par des agents de l'OPR. Je trouve cela mesquin, méchant et bête. C'est vraiment une histoire inventée de toutes pièces pour faire accroire à la population mauricienne que l'OPR est un parti qui n'a pas le sens de la misère humaine.

En réalité, la municipalité de Port-Louis a travaillé avec la Croix Rouge et Caritas à Rodrigues pour la distribution des dons. Les conteneurs envoyés par le ministère de la Sécurité sociale ont été pris en charge par les officiers de ce ministère à Rodrigues et ils ont travaillé de concert avec les différents comités de village. Ce n'est que le matin du lundi 10 avril que la distribution a commencé. Les familles sinistrées ont reçu au préalable des cartes pour bien démontrer le sérieux de cette distribution.

Vos adversaires ne se référeraient-ils pas à la manière dont ces cartes ont été distribuées?


Tous ceux qui ont fait des déclarations de leur état de sinistré à la police ont reçu des cartes. Une liste a été dressée à partir de ces déclarations en vue de la distribution des cartes durant le week-end alors que nos adversaires nous accusaient bien avant.

Le caractère extrêmement sérieux de la situation économique à Rodrigues en ce moment, ne justifierait-il pas une coalition des partenaires politiques en vue de présenter un front commun?


Un front commun pour voir ensemble comment vraiment amener le développement à Rodrigues serait pour moi l'idéal. C'est vrai que nous sommes un petit pays et il est malheureux de disperser notre énergie. Ce front ne serait pas contre la métropole mais pour le mieux-être des Rodriguais.

Malheureusement, nos adversaires politiques à Rodrigues sont plus intéresssés à dénigrer les gens et à inventer des histoires qu'à promouvoir le bien-être et l'avenir du pays. Nous venons de constater leur méchanceté en ce qui concerne la distribution des dons. Je peux vous donner une liste d'histoires aussi farfelues les unes que les autres qui sont à la une de leur journal et ceci dans le seul but de semer la confusion dans l'esprit des Rodriguais. Ils traitent la population avec mépris en pensant que celle-ci va avaler ces sornettes. Ils n'ont aucun respect pour leur engagement politique. Cela me chagrine de le dire, mais avec des gens comme cela on ne fait pas de front commun.

La MBC est-elle en train de créer une situation néo-coloniale en matière d'informations à Rodrigues?


La situation relative à cette question est très grave. Alors qu'on approche de l'an 2 000, qu'on a une demi-douzaine de chaînes radio à Maurice et qu'on est sur le point de recevoir Canal Plus, il n'y a pas une politique de l'audiovisuel à Rodrigues.

La radio est faite à partir de Maurice, pour Maurice et Rodrigues ne reçoit qu'une chaîne, et ce même pas 24 heures sur 24 car les émissions sont souvent irrecevables en raison des interférences d'autres chaînes de radio étrangères.

Au niveau de la télé, c'est encore plus grave. Le Rodriguais ne se voit pratiquement jamais à la télé. Après que j'ai harcelé des personnes responsables, on a enfin envoyé une caméra à Rodrigues. Elle fut reçue le 6 décembre 94. On ne s'en est servie qu'une fois depuis, c'est-à-dire le 17 mars, lors des inondations à Port-Mathurin.

Je ne peux vous dire à quel point cette situation me scandalise. Cela veut tout simplement dire qu'il y a une image de Rodrigues qu'on veut projeter et une seule. C'est l'image d'une île du malheur, d'une île à problèmes. Les choses positives qui se réalisent, et elles sont nombreuses, n'atteignent jamais l'écran de la MBC. Je répète que cette manière de faire est très grave car on est en train de tuer l'âme d'un peuple. C'est une des sources du malaise chez les Rodriguais car il voit qu'il y a des choses positives qui sont accomplies à Maurice pendant 15 minutes tous les jours durant le journal télévisé. Mais s'il y a du bon travail qui se fait à Rodrigues, comme l'aménagement de la vallée de la Rivière-Banane par exemple, cela il ne le voit jamais. Cela crée le réflexe typique selon lequel le développement n'existe pas à Rodrigues. Rodrigues est devenue synonyme de cyclone, inondation et sécheresse..

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