JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

01 August 2003

Le CEB sort un nouveau projet de son chapeau

l'express du 01/08/2003

Le cabinet examinera ce matin un projet de construction par le CEB d’une centrale thermique alors que celui du groupe privé mené par St.-Aubin est mis au frigo.

Une solution de fortune a été trouvée pour contourner l’obstacle juridique qui bloque le projet de construction d’une centrale thermique par un consortium privé à St.-Aubin. Le CEB compte installer lui-même trois nouveaux générateurs, d’une puissance totale de 36 MW à St.-Louis. Cette décision sera présentée au cabinet ce matin par le ministre des Services publics, Alan Ganoo.

La décision du CEB d’entreprendre une nouvelle activité de production va à l’encontre de l’annonce faite par le gouvernement que l’organisme parapublic ne s’occupera que de la transmission d’électricité désormais. C’est mardi que le conseil d’administration du CEB a pris connaissance d’un rapport, présenté par le directeur général, Paul Van Niekerk, et deux techniciens, au sujet de l’installation de nouveaux moteurs à St.-Louis. Un consultant sera désigné pour en faire une étude de faisabilité et un expert nommé pour préparer une étude de l’impact du projet sur l’environnement.

C’est en décembre 2002 qu’un appel d’offres restreint fut lancé pour la construction d’une centrale de 30 MW. Le Central Electricity Board (CEB) avait alors reçu des offres d’un consortium dirigé par Norland Suzor, la SWE Fort-George Sugar and Power Ltd, et de la Compagnie thermique du Sud (CTDS). Un comité technique avait retenu l’offre de cette dernière. Elle offrait le kWh à moins cher que son concurrent. Le CEB n’a cependant pas pu signer l’accord prévu avec la CTDS, un Power Purchase Agreement, parce que Norland Suzor a contesté en Cour suprême ce choix du CEB.

Outre l’action judiciaire, il y a un autre facteur qui a compromis les chances d’un aboutissement rapide de la signature d’un accord avec CTDS. Un comité inter-ministériel, présidé par Guy Wong So, haut cadre du ministère des Services financiers, et chargé d’approuver une garantie de l’Etat à CTDS, n’a toujours pas statué sur la question. Certains membres du comité seraient favorables au projet Suzor.

Si la solution de St.-Louis a été retenue, c’est parce que la construction d’une nouvelle centrale de 30 à 40 MW d’ici juillet 2005 est considérée comme une nécessité absolue. C’est du moins l’avis des consultants sud-africains de PB Power. Or, comme la construction d’une centrale prend au moins deux ans, et qu’au 31 juillet 2003 aucun accord n’avait encore été signé avec CTDS, son projet ne pourra pas se concrétiser dans les délais. Ainsi, si le CEB avait persisté dans son choix de ne pas se lancer dans de nouvelles unités de production, cela aurait bénéficié à Norland Suzor, dont le projet, à base d’huile lourde,nécessite moins de temps pour être opérationnel.



L’urgence de la situation

Pour Jean Mée Desveaux, conseiller spécial du vice-Premier ministre et membre du conseil d’administration du CEB, si la date fatidique de juillet 2005 est atteinte sans que nous ayons une nouvelle centrale “le CEB ne pourra plus subvenir aux besoins énergétiques du pays durant les heures de pointe de 17 a 22 heures”. Pour lui Norland Suzor, est un “sore loser” qui a fait appel a la cour pour gagner du temps. “Le candidat malheureux qui a saisi la cour peut, lui, arriver au jour, même s’il prend quatre ou cinq mois de retard de par la technologie qu’il a choisie.”

Le projet de St.-Louis, qui va à l’encontre de la politique du gouvernement, est une idée qui émane du département de la production du CEB. Les responsables de ce département n’ont jamais apprécié l’idée de confier la génération d’électricité au privé. Leur proposition “s’est toutefois avérée être une manne pour les décideurs”, affirme Jean Mée Desveaux. “Elle nous enlève une épine du pied” car autrement Suzor aurait été une option inévitable.

Jean Mée Desveaux regrette néanmoins une conséquence de la tournure des événements. “Depuis les dernières unités de Fort George dans les années 90, les gouvernements qui se sont succédé ont estimé que si le privé est disposé à investir dans l’infrastructure du pays, l’Etat ferait des économies qu’il pourrait canaliser vers des secteurs où le privé ne souhaite pas investir”. Le coût d’une centrale s’élève à environ Rs 1,5 milliard.

Pour autant, il souligne que le projet de St.-Louis a des avantages évidents. “Il y a d’abord la proximité du réseau du CEB car cela peut coûter près de Rs 100 millions pour une centrale de se raccorder au réseau. Ensuite il existe sur place le système de stockage de l’huile lourde. Enfin le CEB possède un terrain qui est un prime real estate pour ce genre de projet”. Malgré tous ces avantages, “et avec beaucoup d’hypothèses un tant soit peu over optimist, les analyses du projet de St.-Louis (avec des chiffres très approximatifs à ce stade) situent la compétitivité du projet au même niveau que celui du green field CTDS”, conclut-il.


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