JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

20 November 2013

Croissance, chômage et inflation : trois éléments de la même problématique ?

Par Jean-Mée DESVEAUX
l'express du 20 novembre 2013

La croissance du Produit intérieur brut est toujours fortement désirée. Cependant, si celle-ci est trop poussée, il existe des risques inflationnistes qui plombent l’économie. Inversement, si la croissance devient trop molle, c’est le sous-emploi qui nous guette. L’idéal est donc d’atteindre une croissance qui permet de résorber le chômage à son niveau «naturel», tout en évitant les dérives inflationnistes.

Selon  l'''Inflation Expectation Survey'' de la Banque centrale datant du mois d'août, la majorité des particpations ne s'attendaient pas à une forte augmentation de l'inflation. 
La croissance du Produit intérieur brut (PIB) du pays sera de 3,2 % en 2013. Le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, considère que c’est un «good growth», alors que le leader de l’opposition, Paul Bérenger, trouve, lui, que c’est «défaitiste» que d’appeler ainsi une croissance aussi anémique. Paul Bérenger est cependant convaincu que le pays n’atteindra pas les 3,5 % à 4 % de croissance que Xavier-Luc Duval prévoit l’année prochaine. Ce débat est loin d’être stérile quand on considère qu’il recèle la fortune ou l’adversité qui s’abattra inéluctablement sur chacun d’entre nous.

Ainsi, le chiffre de la croissance de 2013 reflète un PIB annuel par habitant de $ 9 300 (Rs 280 000), compa-ré au chiffre de 2005 de $ 5 200 (Rs 155 000). Si au lieu d’avancer, l’économie avait piétiné entre 2005 et aujourd’hui, nous aurions pu, d’après ces chiffres, aspirer seulement à la moitié du confort matériel dont nous jouissons en ce moment. La différence d’optique entre Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger se résume-t-elle au verre à moitié rempli ou à moitié vide ou est-ce que ce désaccord porte sur du sérieux ?

La déception de Paul Bérenger devant le taux de croissance de cette année est somme toute assez naturelle. Il a pris les rênes de l’économie en tant que ministre des Finances en 2000. En ce temps-là, le pays pouvait aspirer à une croissance de 6 % sans trop pousser la machine.

En l’an 2000 l’économie avait connu une croissance de 10,2 % et en 2003, la croissance est de 6,3 % ; juste après son départ, de 2006 à 2008, la croissance dépasse 5,5 %. Il est alors aisé de comprendre que l’ancien ministre des Finances peine à prendre la mesure du paradigm shift qui a eu lieu depuis.

En effet, beaucoup de nuages se sont amoncelés les uns après les autres sur l’horizon économique mauricien et empêchent le pays d’afficher la santé insolente qui était la sienne il n’y a pas si longtemps. Il y a eu le cumulus de la fin du Protocole sucre, le stratus de la fin de l’Accord multifibre et enfin le cirrus annonciateur de la bourrasque financière de 2008 qui spolie encore et toujours la demande pour nos produits en Europe.

Cela n’est pas une mince affaire et c’est ce qui explique que selon le Fonds monétaire international (FMI) l’«estimated potential growth» de l’économie mauricienne n’est qu’à 4,5 % du PIB. Si cela ne paraît pas être un trop grand fossé, cela représente tout de même 25 % de moins que le taux auquel nous étions habitués. On comprend dès lors pourquoi Xavier-Luc Duval repousse l’échéance de l’avènement du statut de Maurice au cercle select des High Income Countries à 2019. La catégorie de Upper Middle Income Country à laquelle nous appartenons depuis le début du siècle s’étend d’un PIB de $ 4 036 à $ 12 475. À $ 9 300, le dernier quart du chemin sera un parcours du combattant si nous n’atteignons pas un peu plus de 4 % en moyenne durant les années à venir.

Comme on peut naturellement s’y attendre, l’économie nationale d’un pays ne peut su-bir une chute de l’envergure de 25 % de son taux habituel de croissance sans que cela ait un impact sur d’autres paramètres importants de l’économie. On peut déjà, de façon intuitive, comprendre qu’avec un taux de croissance ainsi réduit, le taux de chômage ne peut que s’accroître, tout autre chose étant égale.

En fait, la croissance, l’inflation, et le taux de chômage sont censés avoir une relation symbiotique au sein d’une économie. Le concept de cette relation est capturé par un petit acronyme qui vaut la peine d’être retenu. C’est le NAIRU. Ceci équivaut au Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment.

Ce concept implique : 1) qu’il existe un taux «naturel» de chômage au sein de chaque économie et (aussi pénible que cela puisse paraître), ce taux n’est pas à zéro ; 2) que vouloir pousser l’économie au-delà de son potentiel de croissance pour résorber le chômage en deçà du taux «naturel», créera une inflation accélérée ; 3) que toute croissance (et toute baisse du chômage) obtenue au prix d’une telle accélération de l’inflation ne peut qu’être éphémère.

Cette croissance durera le temps que les agents économiques prendront pour réajuster leur «inflation expectation». Il faut souligner que le lien causal impliqué ici est essentiellement entre une croissance (insoutenable) et l’inflation qui s’ensuivrait.

Quelle leçon en tirer pour notre économie ? D’abord prendre ces axiomes comme guides plutôt que comme une loi immuable de la nature. Après la déprime du double digit unemployment qui durera jusqu’en 1986, le chômage se résorbe à 2,7 % en 1991, mais il n’a pas cessé de grimper subrepticement depuis. Ce ne sera cependant qu’au début du nouveau millénaire que le taux de chômage atteindra une nouvelle fois la barre des 8 %, ce qu’il dépassera vite subséquemment.

On remarque aussi que depuis 2003, le taux du chômage évolue davantage en dents de scie que précédemment. Quoi qu’il en soit, les 8 % de chômage semblent être devenus aujourd’hui le NAIRU de notre économie. C’est aussi ce que confirme le FMI. Pre-liminary estimates show that the Non-Accelerating-Inflation Rate of Unemployment was generally in line with the unemployment rate (8.1 % seasonally adjusted 2013Q1 NdlR) suggesting a narrow output gap.

Le FMI explique que le taux de chômage depuis la crise financière de 2008 aurait été encore plus dévastateur sans les réformes entreprises et sans le Mechanism for Transitional Support to the Private Sector. Cela implique que nous avons eu, pendant ces années-là, un chômage artificiellement «bas» par rapport à ce qu’on pourrait appeler son equilibrium level.

En ce qui concerne la croissance, le graphique nous montre que depuis 2006 à aujourd’hui, la croissance du PIB a pris inexorablement une ligne descendante, qui est l’inverse de l’image de la montée du chômage pour la même période. Il est intéressant de constater que pour les États-Unis, ce taux «naturel» de chômage est de 6,5 % avec une inflation de 2 %, alors qu’en Grande-Bretagne, il est de 7 %. La décision a été prise au sein de ces deux économies de continuer la politique monétaire expansionniste existante jusqu’à ce que le taux de chômage soit réduit à ce niveau.

La dismal science qu’est l’économie va-t-elle une nouvelle fois prendre un pari saugrenu sur le sort du pays ? Pas nécessairement, à en croire le FMI. Celui-ci estime, en effet, qu’il suffirait à l’économie mauricienne d’atteindre 4,1 % de croissance du PIB pendant les cinq prochaines années pour réduire le taux du chômage de 1 %. Pour une réduction de 2 %, il serait nécessaire d’atteindre une croissance du PIB de l’ordre de 5 %.



Mais, comme on l’a vu plus haut, le FMI estime qu’une telle performance est au-delà du potentiel de croissance du pays qui est, selon ses estimations, de 4,5 % du PIB. Entre pessimisme et réalisme, il est difficile de savoir où pencheront nos politiciens. Le grand absent de notre rapide coup d’oeil est évidemment le taux d’inflation. Grâce à la Banque de Maurice (BOM), et quoi qu’en pense le ministère des Finances, la «rational expectation» des agents économiques est toujours ancrée en deçà des 5 %.


La dernière Inflation Expectation Survey de la BOM, réalisée en août 2013, constate que la majorité des participants s’attendaient à une montée de l’inflation (3,6 % actuellement) à 4,1 % en décembre 2013, 4,5 % en juin 2014 et à 4,7 % dans une année. Depuis la fin de 2011, nous dit la BOM «stakeholders have considered the level of inflation as ‘appropriate’». Tant que la BOM pourra «ancrer» cette attente nationale à un niveau raisonnable, le gouvernement aura le loisir de pousser l’économie vers son taux de croissance optimale. S’il s’égare dans cette tâche en tentant de réduire le chômage (8,3 % actuellement) en deçà de ce qui est économiquement raisonnable, il risquerait de surchauffer la machine économique (au moyen d’une politique fiscale trop agressive, par exemple), et le concept du NAIRU le rattrapera bien vite car il ne réussira qu’à créer l’épiphénomène économique qui s’appelle inflation.

09 November 2013

Budget 2014 : On a viré de bord

Par Jean-Mée DESVEAUX
l'express du 8 novembre 2013

Avec un déficit qui prend l'ascenseur, XLD fait fi de la rigueur budgétaire. 
Avant même que les projecteurs ne se focalisent sur Xavier-Luc Duval à l’occasion de la lecture de son troisième budget annuel, hier soir, l’observateur de la chose économique savait que le tandem XLD/Dev Manraj allait jouer sa crédibilité devant la nation et ses partenaires internationaux lors de cet exercice. Nous avons précédemment illustré l’importance de certains paramètres majeurs sur lesquels devrait être axée l’appréciation de cette manoeuvre périlleuse autant pour les deux hommes que pour le pays.

Ce budget concrétise une cassure nette avec la dream team Sithanen/Mansoor de 2006 qui avait poursuivi sa philosophie de rationalisme économique au-delà du départ du premier nommé en 2010. La question qui se posait alors était de savoir si le changement d’hommes allait sonner le glas de la philosophie du moindre État, de la rigueur budgétaire et de parcimonie dans les dépenses publiques. L’objectif macroéconomique majeur était alors la réduction de la dette publique à 50 % du PIB à l’échéance de 2018, comme inscrit dans la Public Debt Management Act (PDMA) de 2008.

La joute avait assez mal commencé pour nos deux protagonistes. Le déficit que XLD avait anticipé lors de son dernier exercice, l’année dernière, était de l’ordre de 2,0 % du PIB. Cela aurait été la culmination d’un sans-faute commencé cinq ans plus tôt (3,9 %,3,2 %, 3,2 %,2,5 %, 2,0 %). Or, ce déficit de 2013 a largement dépassé cette estimation et, nous annonce XLD hier soir, surpasse aujourd’hui les 3,7 % du PIB. De plus, le secrétaire financier Manraj étant directement impliqué dans le milliard excédentaire du PRB 2 qui a contribué en grande partie à ce dépassement, le niveau du déficit 2014 vole la vedette à toute autre considération. À 3,2 %, ce déficit de 2014 s’apparente plus au niveau auquel nous étions habitués il y a cinq ans qu’à cette vertu qui, XLD nous le rappelle, nous a valu un Sovereign Debt Rating Upgrade par les agences de notation.

Que les agences de notations nous retirent leur satisfecit et nous colle un downgrading devant un glissement de 1,7% du PIB (2,0% à 3,7% pour 2013) ne devrait pas trop nous étonner car, avec le même glissement, XLD peut très bien nous annoncer, lors du prochain budget, que le réel déficit pour 2014 est plutôt de l’ordre de 4,9% du PIB. Un tel downgrade aurait un impact direct sur le taux d’intérêt à décaisser aux épargnants internationaux sur notre dette souveraine. Cela risque d’être encore plus débilitant que le gouvernement semble vouloir écouter le (mauvais) conseil, cette fois, de l’IMF, de renverser la courbe de la dette vers 1) une augmentation du pourcentage de la dette en devises étrangères et 2) une meilleure répartition de cette dette extérieure vers le long terme. Bien que le Grand argentier s’est tout de suite empressé de nous rassurer que la dette du secteur public ne dépassera pas les 54,8 % (54 % en 2014) du PIB et que Maurice sera donc au rendez-vous en 2018 pour la PDMA, les déficits de 2013 et de 2014 permettent de questionner sa conviction de ne pas «spend his way through an economic downturn». Il est plus crédible quand il admet que la croissance économique est sa réelle priorité.

Comme le dernier Focus de la MCB l’a bien démontré, ce ne sont pas les défis économiques qui manquent à notre pays. Les points saillants se nomment l’emploi, la croissance, l’investissement privé, le taux d’épargne et notre capacité d’exportation. On ne peut s’attendre que le budget renverse la tendance de ces données macroéconomique avec une baguette magique. Ce que le budget est censé faire, cependant, c’est de créer les conditions nécessaires pour établir l’atmosphère de confiance chez les acteurs économiques. Ce budget allait aussi être jugé sur sa capacité à conserver les acquis économiques depuis 2006 sans y ajouter des mesures abracadabrantes qui recréeraient les lourdeurs d’antan.

Du grand nombre de mesures autour de nouveaux hubs, piliers et clusters qui ont été annoncés (Aviation, Petroleum, Marine), l’Africa Strategy est celle qui se démarque plus de l’effet d’annonces qui plombe le reste. Les grands absents doivent aussi être notés : aucune mesure pour enrayer l’effet du vieillissement sur la facture du Basic Retirement Pension qui atteint 2 % du PIB en 2014 alors que nous avons six personnes en âge de travailler pour chaque pensionnaire. Qu’en sera-t-il quand nous n’aurons que deux salariés par pensionnaire en 2051 ?

06 November 2013

Living in fools' paradise

By Touria Prayag
Weekly 6th November 2013

“The further a society drifts from the truth, the more it will hate those that speak it,” George Orwell once said.

Paul Bérenger and Sir Anerood Jugnauth’s reaction to Jean-Mée Desveaux’s revelations about the Illovo deal tips the scales further in favour of what we have always believed: that the opposition is fine with the concept of freedom of speech, as long as it does not compromise the lily-white image it wants to convey. For as long as we were echoing all the scandals we were being served by them, everything was fi ne, thank you – and remember, nothing was too trivial for us: from official documents to mere emails exchanged between board members. For as long as Jean-Mée Desveaux was criticizing the government of the day, he was a great guy. The minute he touched a raw nerve he became the subject of all sorts of profanities unbecoming of people who aspire to lead this country one day. The words ‘bacharamercenaire’ (a mercenary fool) coming out of the mouth of someone like Sir Anerood Jugnauth is really beyond the pale.

The press conference held after Desveaux’s revelations was in fact good theatre. But the only purpose it served was to make the accused look guilty. Many of the comments which followed show that people are unfortunately still interested in shooting the messenger rather than taking the full measure of the message delivered without fear or favour. Worse, they confirm that people are only prepared to hear what they are interested to hear and that the bias is such that anything which rubs their allegiance the wrong way throws them off balance. And, once off balance, their reaction becomes primitive to the point of starting to throw mud and putting inappropriate labels on people.

Jean-Mée Desveaux was at the heart of a deal which has never stopped being controversial. He therefore is in a position to have information none of us – outside the players at the time – has. He chose to reveal it many years after the deal. So what? Does that justify all the venom spewed on him since? What should be of interest to us is whether his allegations are true or not. If they are a string of lies, he will pay for the consequences of his irresponsibility.

If, on the other hand, they are true and can be proved to be true, then I really despair for the options we will face at the next general election. That concerns me much more than whether Jean-Mée should have spoken then or kept quiet now.

If Jugnauth genuinely wants to clear his name – notice that Desveaux didn’t accuse Bérenger; the latter chose to jump in the trenches and fight a war which, strictly speaking, is not his – then there is only one way: he sues Desveaux for a symbolic rupee and the case comes up quickly enough for the citizens of this country to know where things stand.

Naturally, we have – up till now – heard a lot of venom spewing, mud slinging and character assassination seasoned with a huge amount of speculation about what an ordinary citizen like Jean-Mée Desveaux wants to do with his life – which is none of our business by the way – and little in terms of whether the allegations are true or not. Isn’t it time this chase-your-tail switching and vote-catching posturing stopped and we are given what we deserve: the plain truth. Not from the foul mouths of politicians but from our courts of justice. Many of our politicians do not have any credibility left to trade. So why should we believe them?

03 November 2013

Jean-Mée Desveaux : ''Il n'a jamais été question de salir la réputation de SAJ''

L'Hebdo du 3 novembre 2013

Jean-Mée Desveaux, ancien conseiller spécial de Paul Bérenger, dit « maintenir les révélations » qu’il a faites sur Radio Plus mardi, portant sur le Illovo Deal.
Toutefois, soutient-il, il n’a « jamais été question » de nuire à la réputation de sir Anerood Jugnauth. « C’est regrettable que SAJ arrive à telles conclusions. Je n’ai fait que citer des faits et je ne change rien à ce que j’ai dit », ajoute-t-il. Sir Anerood Jugnauth a affirmé n’être jamais intervenu personnellement pour faire concrétiser ce deal et a annoncé son intention de poursuivre Jean-Mée Desveaux. 

Ce dernier avait révélé que le gouvernement « devait obtenir deux tiers » des windfall gains de Rs 9 milliards découlant du deal Illovo. Mais, selon lui, après une rencontre entre SAJ et des représentants du secteur privé, « la donne a changé ». Le secteur privé « a obtenu deux tiers » et le gouvernement « un tiers » ! Paul Bérenger a, lui, soutenu que Jean-Mée Desveaux était « frustré », car il « soutenait » un autre groupe. 

À cela, Jean-Mée Desveaux réplique qu’il n’y « avait pas d’autre groupe » avant l’implication alléguée de SAJ. Le leader des mauves a soutenu, jeudi, que c’était « lâche » de dire que « SAJ est intervenu en faveur de tel groupe du secteur privé », avant de rappeler que les terres ont notamment été utilisées pour la Cybercité et la construction des écoles.


Jean-Mée Desveaux, Germain Commarmond et Jyoti Jeetun ''exclus des négociations'' de Illovo


02 November 2013

SAJ: ''Des propos pour nuire à ma réputation''

Le Mauricien du 2 novembre 2013 


SAJ et Paul Bérenger ont tenu une conférence de presse jeudi.


· Le leader du Remake dément être intervenu personnellement au cours des négociations dans le cadre du deal Illovo
· « À aucun moment je n’ai pris part ou négocié avec des représentants du privé », soutient sir Anerood Jugnauth

SAJ a démenti catégoriquement lors d’une conférence de presse du Remake, jeudi dernier, toute implication dans le deal Illovo. Le leader du Remake soutient qu’il est clair que les propos tenus cette semaine sur les ondes d’une radio privée par l’ex-conseiller de Paul Bérenger Jean-Mée Desveaux ont été inventés pour nuire à sa réputation.

C’est un Sir Anerood Jugnauth irrité par les propos de Jean-Mée Desveaux qui s’est adressé à la presse jeudi lors d’une conférence de presse du Remake au Hennessy Park. S’expliquant, SAJ soutient qu’à aucun moment, il n’a pris part ou négocié avec des représentants du privé comme l’allègue Jean-Mée Desveaux. Il affirme qu’il y avait à cette époque une équipe dédiée aux négociations, une équipe à laquelle il dit avoir fait confiance. « Je ne suis à aucun moment intervenu personnellement. Jean-Mée Desveaux pretane que tou ti pe al fwarer ki enn missier sekter prive inn vine guette mwa et ki mwa kinn force la main pour conclir deal-la. Desveaux pretane ki GM ti kapav gagne enn meyer deal, ki GM ti cave 2/3 et sekter privé 1/3 et ki zordi GM inn gagne 1/3 et sekter prive 2/3 ». Ce qui est faux, affirme catégoriquement le leader du Remake. Chiffres à l’appui, il explique : « Illovo ti detenir 80 % par Mon Trésor Mon Désert. Total ti concerne 20 000 arpents la terre. Dans sa deal-la, Sugar Investment Trust (SIT) inn aster 7000 arpents, 3000 arpents GM inn gagn kado et enswit, dans la balance ki tine rester, a enn groupe sekter privé ki connu zordi comme Omnicane. SIT ek National Pensions Fund (NPF) fine pran 35 % qui reprezant 3 500 arpents. Ninport ki dimounn kapav fer enn simple kalkil ek li pou trouver ki GM inn gagne plis de 2/3 », explique SAJ.

Le leader du Remake s’interroge ainsi sur les motivations de l’ex-conseiller de Paul Bérenger : « Kot Missier Desveaux ti ete tout ca banane la ? Eski li fine monte par le zot pou zet la bou lors nou », se demande SA.

À ses côtés, le leader du MMM, Paul Bérenger, qui soutenait sir Anerood Jugnauth, a qualifié le deal Illovo de deal « patriotique et historique » qui a permis de voir émerger la Cybercité, faire fleurir le secteur des TIC et la construction d’écoles. Deux groupes mauriciens étaient intéressées à acheter les terres d’Illovo et en tant que ministre des Finances, il explique avoir délégué Jean-Mée Desveaux pour discuter avec un des groupes afin d’obtenir la meilleure proposition. L’autre groupe avait une avance sur le premier et son porte-parole, avant le début des discussions, a rencontré le Premier ministre d’alors, en l’occurrence sir Anerood Jugnauth. « Anerood en tant ki patriote inn trouve deal-la mari intéressant, line exprim so lakor de principe mais line dire zot carry on diskision avec minis des finances, en l’occurrence moi. Ler la zone vine vers mwa, nounn met enn team dibout pour travay lors dosie-la », dit Paul Bérenger. L’équipe était composée du leader du MMM lui-même, de Sushil Khushiram, Pravind Jugnauth et Mookhesswur Choonee, alors ministre des Terres et du Logement. « Tout a été présenté au conseil des ministres et Anerood Jugnauth n’est jamais intervenu », soutient Paul Bérenger. Selon le leader des mauves, Jean-Mée Desvaux s’est senti frustré car ses discussions avec l’autre groupe n’ont pas abouti. « C’est une lâcheté de dire que SAJ est intervenu en faveur de tel groupe du secteur privé », dit-il.

Poursuites légalesÀ une question de la presse au sujet d’éventuelles poursuites légales, SAJ a répondu qu’il envisage cette possibilité, mais qu’il doit d’abord récupérer une copie verbatim de la déclaration de Jean-Mée Desvaux sur les ondes de cette radio privée. « Je suis presque sûr qu’on pourra le poursuivre pour diffusion de fausses nouvelles », dit-il.

01 November 2013

Tragiques épaves politiques

Par Nad Sivaramen
l'express du 1er novembre 2013

C’est quand même surprenant que le terme «épave politique» sorte de la bouche d’un Paul Bérenger, qui a régné plus de quatre décennies sur un MMM qui dérive d’alliance en alliance depuis. Encore plus surprenant que le leader mauve parle d’«épave» en présence de son aîné, sir Anerood Jugnauth, bientôt 84 ans. Est-ce un lapsus freudien, comme le pense notre collègue Jean-Mée Desveaux ? Toujours est-il que, politiquement, on reste enlisé dans une gérontocratie, avec son lot de secrets et de bonimenteurs.

Le dilemme que Desveaux soulève, après ses révélations sur les ondes de Radio Plus qui ont relancé l’affaire Illovo, est un problème surtout d’ordre moral. Jusqu’ici, la seule motivation pour s’éloigner d’un parti politique auquel on est affilié ou pour lequel on a travaillé était axée sur des raisons purement intéressées, personnelles, souvent financières. Or, Desveaux ne donne pas de signe de vouloir rejoindre le PTr, encore moins serait-il à la recherche d’intérêts quelconque. On saura le juger s’il le faisait. Mais quand un homme se démarque ainsi de «son parti» pour des raisons de conviction, c’est peut-être parce qu’il se sent aliéné de la direction que prend celui-ci. Alors, comment expliquer qu’il soit crucifié sur la place publique, alors que la douzaine de transfuges du Parlement vivotent toujours ? La loyauté d’un homme envers «son» Premier ministre devrait-elle primer sur ce qu’il considère être sa loyauté vis-à-vis de sa patrie ?

Prenons le deal Illovo, acte II. Au lieu d’éclairer le public sur les révélations de Jean-Mée Desveaux, les deux leaders du Remake s’en prennent à notre journaliste, car il a eu l’audace de remettre sur le tapis, entre autres sujets, cet accord, qui nous a toujours été présenté par le MSM-MMM comme étant un «mari deal». Pour avoir osé lever une partie du voile sur les négociations en amont du deal - négociations qui restent secrètes aujourd’hui encore, en l’absence d’une Freedom of Information Act -, le «whistleblower» est traité de tous les noms, selon une vieille tactique du MMM qui consiste à tuer le messager afin de faire diversion, au lieu d’expliciter le dossier au public.

La première réaction de Bérenger sur les révélations de Desveaux aura été : «Cela ne m’intéresse pas». Puis, quelques jours plus tard, sous la pression médiatique, le leader du MMM est forcé de commenter en long et en large le deal Illovo, puis tombe dans l’insulte pour démontrer qu’il est sur la même longueur d’onde que SAJ. Surtout après son silence radio assourdissant après l’interrogatoire de Jaye Jhingree/Kross Border. SAJ ne fait pas mieux en termes d’explication ; au lieu de démentir le fait qu’il ait reçu un représentant du privé avant la conclusion du deal «un tiers pour le gouvernement et deux tiers pour le privé» (alors que Desveaux avait négocié et obtenu l’inverse, c’est-à-dire «deux tiers pour le gouvernement et un tiers pour le privé»), il annonce un projet en diffamation contre notre collègue. Une vieille tactique pour noyer le poisson, car l’octogénaire, QC, sait fort bien que cette affaire, si vraiment elle est logée, ne sera prise sur le fond que dans plusieurs mois, voire plusieurs années.

Puis, il y a le cas des «tapeurs» vocaux qui défendent aveuglément leur leader, car dépourvus de bon sens et d’esprit critique. Ce n’est pas parce que l’express critique l’opposition que nous faisons le jeu du PTr ou du gouvernement. Si tel était le cas, cela se verrait dans nos pages, non ? D’ailleurs, nous poursuivons le gouvernement du jour, qui nous prive de publicités gouvernementales car on est perçu par lui comme étant anti-travailliste !  Il est temps d’arrêter de traiter les journalistes comme étant soit à la solde du gouvernement, soit des suiveurs de l’opposition.

Cette vision manichéenne est dépassée, comme nos dirigeants politiques de l’opposition, qui pensent bêtement qu’ils peuvent faire abstraction de nous uniquement en nous privant d’invitations à leurs conférences de presse. La belle affaire ! Dans le monde d’aujourd’hui, ils ne peuvent plus contrôler l’information. Avec ou sans carton d’invitation à leurs «Muppet Shows» du samedi, on mettra en relief leurs discours sur le web et sur papier…