JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

26 April 2006

From the horse’s mouth

Le Champ de Mars connut une baisse de fréquentation entre 1996 et 2002.

l'express du 26/04/2006

Par Jean-Mée DESVEAUX

Il a suffi qu’un nouvel opérateur de Totalisator sponsorisé par messieurs Gudjadhur se mette en concurrence directe avec l’Automatic Systems Limited (ASL) dont la figure de proue est son président Jean Hardy, pour que tous les anciens démons de notre psychose nationale viennent à nouveau nous hanter.

Dans un domaine comme les courses hippiques, avec les connotations socio-économiques quelles comportent depuis des siècles, cette confrontation n’aurait pu manquer de faire rejaillir de notre subconscient national morbide ces éternelles étincelles qui sommeillent au fond de chacun des fils de ce sol maudit. Nous avons aujourd’hui un “Tote le Pep” et un autre qui, ne serait-ce qu’implicitement, ne l’est pas, bien qu’il s’agisse d’une compagnie publique qui est cotée à la Bourse de Port-Louis.

C’est le risque toujours présent que ces animosités avaient, si ce n’est d’engouffrer le pays corps et âme dans un brasier incontrôlable, du moins de créer un gouffre toujours plus profond entre les divers acteurs de cette industrie, qui avait poussé le gouvernement précédent à se pencher sur l’état des lieux au Champ de Mars. L’approche avait été en fait extrêmement “globale” dans sa méthode comme dans sa philosophie !

Deux événements allaient précipiter les choses. Tout d’abord un haut officiel du ministère des Finances qui, se substituant au législateur dans ce domaine durant les dernières années du vingtième siècle, avouant à qui voulait l’entendre qu’il fermerait le Champ de Mars s’il le pouvait, avait tellement plombé les ailes de l’industrie des courses avec des hausses répétées de la taxe sur le pari hippique que son vœu se voyait quasiment exaucé.

Les recettes de l’industrie déclinaient drastiquement, les impôts qui avaient d’abord fait un bond, arrivaient à un plateau mais, plus important encore, le Champ de Mars se vidait d’année en année et de journée en journée entre 1996 et 2002. Ce qui était tragique dans cette baisse de recettes officielles et ce désemplissement du Champ de Mars c’est qu’en revanche, les jeux clandestins avec tout ce qu’ils comportent de fraude en tout genre, gagnait du terrain en “off course”.

L’histoire retiendra le paradoxe que c’est un vice-Premier ministre (vpm) et son conseiller aussi superbement indifférents aux courses, l’un et l’autre, que le grand commis de l’Etat, qui allaient aider à renverser la vapeur et remettre une industrie qui procure un divertissement à une dizaine de milliers de Mauriciens sur des bases solides.

Le deuxième élément catalyseur fut l’offre de rachat du Domaine Les Pailles par son ancien propriétaire, pour y faire des courses hippiques avec des investisseurs étrangers. On peut difficilement imaginer la réaction du VPM quand un officiel du Mauritius Turf Club (MTC) sympathique mais pas diplomate pour un sou, déclara tout de go : “vous n’avez pas le droit d’ouvrir un autre hippodrome car le MTC est le seul autorisé par l’organisation internationale des clubs hippiques à organiser des courses dans le pays !” On ne saura jamais ce qui serait advenu de cette discussion si les investisseurs étrangers qui allaient aider au rachat du Domaine Les Pailles n’avaient pas disparu aussi vite qu’ils étaient venus.

Il devenait dès lors clair dans l’esprit du gouvernement que la baisse du taux d’imposition, qui avait doublé dans certains cas, allait être l’occasion d’introduire des changements radicaux au sein de l’industrie. Ces changements allaient être axés autour de cinq pôles principaux :


La transparence et la démocratisation du Club étaient primordiales dans l’approche du gouvernement.

a. Le président du MTC prit l’engagement solennel en 2003 avec l’appui de sept de ses officiels de tout faire pour trouver un “new mindset that will address the image problems and review the Club’s situation, with a view to bringing it more in line with current social realities in the country….” “The MTC wants to assure Government that it is fully committed to this reform process .The Club stands ready to entertain any suggestion for re-launching horse racing on a firmer footing(….) provided the interests of all parties…are taken on board and fairly dealt with. We believe it is possible (...)to reposition horse racing both as a national entertainment and a thriving economic activity. The MTC is prepared to consider redefining its organisation and structures to be more in tune with new social realities. The Club commits itself to carefully considering reform proposals in that area(...)all issues (spoken and unspoken) should be placed on the table, with an open mind, in a genuine attempt at moving forward, instead of(…)cultivating suspicion. A broad Government-MTC exchange should leave no issue out- whether legal, administrative, organisational, fiscal, ethical or practical.”

b. Le consultant du MTC fit des propositions formelles en janvier 2002 aux officiels des Finances et de la State Investment Corporation (SIC ) :

i. MTC organisation to take into account integrity of races

ii. Stables should be companies

iii. Re-engineering of MTC is necessary since it is at the heart of a Rs 2 billion business, yet is managed like a private club;

iv. change in paradigm needed .

v. Separation between racing stewards and the executive team

vi. Enhance integrity; more independence from stables.

Le besoin de transparence allait être assouvi par le rôle du Horse Racing Board (HRB) tandis qu’un plus grand brassage de membres allait être la priorité une fois que le nouvel hippodrome se ferait construire car les membres existants dépassaient déjà la capacité des espaces qui leur étaient réservés au Champ de Mars. Il faut aussi, en toute justice, reconnaître qu’une visite imprévue aux espaces réservés pour les membres ne démontre aucune chasse gardée, bien au contraire. Il est d’autre part évident que certaines orientations citées en haut s’estompèrent devant d’autres démarches plus pressantes du dossier. Mais ce qui est différé n’est pas perdu et les écrits (et on espère l’esprit) restent intacts au MTC.

Un commentaire sur le HRB. Il existait deux modèles de ce Bill qui variaient selon le degré d’autoritarisme du HRB. Il a fallu éviter les deux extrêmes 1) que le HRB soit le rubber stamp du MTC d’une part ou 2)qu’une armée de fonctionnaires nommés par le gouvernement régissent une activité essentiellement privée à la manière soviétique d’autre part. C’est ce qui cause le cafouillage autour de l’identité de l’autorité hippique aujourd’hui. Une logomachie entre la MTC et le HRB est au centre d’un débat stérile en ce moment à savoir lequel des deux mérite le titre d’ “autorité hippique”. L’identité du porteur du titre ne devrait pas peser d’une telle importance si les deux structures comprenaient des personnes raisonnables.


Les bookmakers :

Si le prix à payer par le MTC pour voir baisser les impôts sur l’industrie était un “Horse Racing Board breathing down its neck”, les bookies allaient aussi avoir leur contrepartie à payer pour cette baisse de taxe qui allait augmenter leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour savoir qu’au départ le reste de l’industrie n’aurait pas été mortifié si le gouvernement décidait de ne plus renouveler le permis des bookmakers. L’argument, très valable dans ce sens, était que le “fixed odd bets” que pratiquent les bookmakers est le miel même qui attire toutes les fraudes et courses arrangées. En effet, quel que soit le sommet où grimpe la cote du cheval, (due à la magouille qui a eu lieu entre- temps), le punter qui a misé sur ce cheval au départ, en connaissance de cause du tripatouillage qu’il allait lui-même opérer, voit ses efforts pleinement récompensés. Le système du totalisator, en revanche, ne contient pas ce talon d’Achille. Ici, alors que la cote du cheval monte, le gain potentiel initial du punter descend, ce qui ne l’incite pas à jouer au deus ex machina.

Ce qui a fait que le gouvernement refuse de prendre cette voie, c’est non seulement le fait que ce serait empoisonner l’atmosphère intercommunautaire des courses encore un peu plus, ( les bookies étant essentiellement issus de la communauté chinoise), que de déclarer une guerre vouée à la défaite. Mettre les bookies au ban aurait été le meilleur moyen de les envoyer “underground” où les seigneurs de la mafia les attendent pour leur offrir une protection qui mettrait en danger les valeurs d’un Etat de droit. Il valait mieux un contrôle limité du bookie que pas de contrôle du tout ! Ces petites choses demandent une “policy decision” qui, dans ce cas, était impeccable.

“Nous avons aujourd’hui
un ‘Tote le Pep’ et un autre
qui, ne serait-ce qu’implicitement,
ne l’est pas, bien qu’il s’agisse d’une
compagnie cotée à la bourse de Port-Louis.”

Cependant, chaque bookmaker allait devoir se connecter en temps réel aux terminaux des autorités du Value Added Tax Department à travers un software très spécialisé dans ce domaine. Ce logiciel peut à tout moment déceler une soudaine aberration dans le déroulement normal des courses à travers le comportement des punters et mettre ainsi la puce à l’oreille des autorités qui rappliqueraient en temps réel, squad à l’appui, pour saisir le laptop et ses “tell tales”. Bien sûr il restera le crédit qui n’apparaît pas dans les livres mais, “the proof of the pudding is in the eating” : l’acharnement qu’ont mis certains à se battre contre l’introduction de cette technologie est une preuve amplement suffisante qu’elle ne les laisse pas aussi indifférent qu’on voudrait nous faire accroire. Après un appel à la Cour suprême pour la protection de leur droit constitutionnel à la magouille, le désespoir de certains devant une ère nouvelle de transparence les a poussés à prendre des risques énormes pour sectionner le câble, pourtant hautement protégé, qui allait transmettre ces données à la veille de la première journée des courses.

Il est nécessaire, à ce stade, de faire ressortir que le bookie a bon dos mais “it takes two to tango”. Sans les malfrats qui pullulent au Champ de Mars déguisés en honnêtes propriétaires d’écurie, d’entraîneurs intègres, de propriétaires de chevaux férus d’un sport de gentilhomme et de jockeys “professionnels”, la magouille qu’on met sur le dos du “fixed odd betting” n’aurait pas eu de cours.

Dans un pays ou on dépense une centaine de millions sur l’Icac, comment les avoirs de ces messieurs ne sont pas déclarés chaque année avec un suivi rigoureux au niveau local et international est une absurdité.

Après avoir longuement élaboré le système de transparence et de démocratisation au Mauritius Turf Club (MTC) et avoir explicité la méthode de travail des bookmakers, il s’agit de voir trois autres aspects se rapportant à l’industrie des courses hippiques.


Le Tote et le “off course”

Il était un fait qu’Automatic Systems Limited (ASL), compagnie organisatrice du Tote, allait elle aussi avoir à faire des concessions pour mériter la baisse d’impôts que le gouvernement allait opérer pour donner un nouvel essor aux courses et permettre au Champ de Mars de regagner sa vitalité d’antan. Le Tote avait en fait énormément à gagner car, étant de nature totalement transparente dans sa méthodologie, le gouvernement allait s’en servir comme un des principaux leviers contre les paris illégaux.

En sus d’engranger plus de bénéfice on course au Champ de Mars avec la baisse des impôts, le Tote allait profiter directement de la décision du gouvernement de livrer la bataille chez les organisateurs de paris illégaux hors du Champ de Mars, à travers tout le pays. La décision était de permettre à ASL d’opérer au départ cinq succursales. Pour être strictement “fair”, le bookmaker enregistré et connecté à son software, allait lui aussi avoir le droit de travailler off course.

Le “pound of flesh” que le Tote allait payer pour cette manne que lui envoyait le gouvernement allait être en termes d’une participation de 25 % à 30 % de la State Investment Corporation au sein de Drapers, la holding company d’ASL.

Toute la démarche dépendait de l’évaluation des actions d’ASL sur laquelle serait basé le prix d’achat de la State Investment Corporation (SIC). Les autorités ont encouragé le président d’ASL et le managing director de la SIC à se rencontrer sur ce point. C’est l’échec de ce pan du puzzle qui vient aujourd’hui tourmenter ASL et semer la discorde entre le MTC et le gouvernement

Comme pour le reste de ce dossier, il était important que chaque spécialiste reste en charge de son secteur pour lequel il conserve la responsabilité finale. Ces secteurs étaient nombreux : fisc pour la comptabilité de l’effet de la baisse des impôts ; légal pour le texte du Horse Racing Board Bill ; informatique pour le software server ; administratif pour le rôle de la police des jeux, etc.

Ainsi, Seilendra Gookhool, patron de la SIC, a eu des échanges pendant près de deux ans avec Jean Hardy sur la valeur des actions d’ASL. Le jeune patron de la SIC craignait que le prix auquel le Tote voulait vendre ses actions ne tienne pas compte de l’apport que le gouvernement donnait à la compagnie à travers la détaxe et le off course betting. Les discussions prirent tant de temps qu’entre-temps, le Horse Racing Board (HRB) fut mis en place avec à sa tête Kris Lutchmeenaraidoo.

La SIC posa beaucoup de questions et reçut beaucoup de réponses sur la faible profitabilité d’ASL ainsi que sur la pratique de distribution de dividende trouvée un peu généreuse. La vétusté du système informatique d’ASL donnait aussi des anxiétés à la SIC ainsi que la relation contractuelle entre la Management Company Hardy Henry et la compagnie ASL.

Mais le deal breaker allait être l’évaluation des actions de Drapers. En juin 2004, il s’avéra que les deux parties ne pouvaient seules trouver une réponse à ce problème. Il fut donc décidé d’un commun accord entre les deux parties de faire appel à Kemp Chatteris Deloitte and Touche (KCDT) qui se pencherait sur un exercice d’évaluation après avoir conjointement rencontré ASL et SIC qui leur firent part de leurs points de vue respectifs. Dans l’esprit d’ASL, cet exercice de KCDT allait servir d’arbitrage auquel devraient se plier les deux parties.

Il est sans doute intéressant du point de vue historique de se rappeler que l’évaluation des actions de la Holding Company d’ASL par KCDT était de Rs 27 à un moment où son cours à la Bourse de Port-Louis était dans les alentours de Rs 32.

Mais cet aspect du dossier s’acheva sur une déception car la SIC ne fut pas satisfaite du prix avancé par KCDT qu’elle ne semblait pas du reste considérer comme un arbitre sur la question. ASL se défend que la SIC ne lui a pas fait de contre- propositions et a joué aux abonnés absents.

Quoi qu’il en soit, comme il n’était pas de notre habitude de forcer les responsables de ce niveau de poursuivre une stratégie qu’ils ne jugeaient pas optimale pour leur organisation, the deal fell through ! Le lecteur qui, à travers ce dossier, voudrait confirmer son a priori pour ou contre ASL sera certainement déçu car il n’y eut pas de méchant et de bon larron dans cette histoire. Il y eut seulement une belle occasion ratée.

Comme les autres aspects du dossier avaient, eux, progressé de façon satisfaisante, il ne pouvait être question de tout remettre en cause parce que les pourparlers entre la SIC et ASL n’aboutirent pas à l’association espérée entre ces deux organismes.

Est-ce que le gouvernement aurait dû bloquer les cinq off-course outlets d’ASL en vue de mettre de la pression pour faire baisser la valeur des actions de la compagnie bien que cela aurait pu entre- temps jouer en faveur des paris illégaux ? Est-ce que le gouvernement aurait dû forcer la main de la SIC ? Est-ce qu’en hindsight, le board d’ASL n’aurait pas préféré un prix de vente forfaitaire à la SIC plutôt que d’avoir aujourd’hui un concurrent directe qui fait infléchir sa valeur boursière ? Jean Hardy aurait-il dû faire plus de concessions sur l’organisation interne d’ASL ? Autant de questions qui appartiennent au domaine de la conjecture, donc essentiellement stérile.

Comme nous le disions, les autres aspects du dossier allaient bon train, le HRB avait déjà commencé à recruter


La police des Jeux

Un évènement au Champ de Mars allait motiver les autorités à considérer la formation d’une police des Jeux incorruptible comme un élément incontournable du changement que nous voulions amener aux courses. Ce fait divers qui nous fut rapporté démontrait que la loi de la jungle avait vraiment pris racine au Champ de Mars.

Il y a quelques années de cela un cavalier français, grand favori d’une course qu’il ne pouvait perdre avait dû, à bout de moyens pour retenir son cheval, carrément enlever ses deux pieds de l’étrier avant de se projeter par terre et perdre la course. Quand le président du MTC raconta la chose au président de l’Organisation internationale des clubs hippiques, celui-ci répondit : “Si vous m’aviez demandé le nom du jockey français le plus propre, je vous aurais donné son nom.” La mafia avait tout simplement menacé la famille de ce jockey s’il gagnait la course !

Il fallait refermer l’étau sur les courses truquées et autres magouilles. Le software server sur lequel la State Informatics Limited conseillait le gouvernement allait être complémenté par une police des Jeux avec deux inspecteurs triés sur le volet. On réussit à obtenir deux hommes de grande intégrité, correctement motivé, pour imposer de la discipline au Champ de Mars.

Il y eut pas mal de barrières administratives à surmonter car il fallait que les membres de ce squad gardent leur statut de policiers avec “power of arrest”, soit sous l’autorité du Commissioner of Police, reçoivent une appréciation salariale qui ne provienne pas de la police, tout en se donnant totalement à l’industrie des courses. Nous eûmes l’apport et le conseil d’un officier de police de Western Australia spécialisé dans la matière qui visita le pays.

L’Etat de Western Australia nous servit en quelque sorte de modèle. La tache la plus ardue est, on doit le reconnaître, de faire le commissaire de police accepter qu’un de ses officiers soit rémunéré correctement car il craignait les précédents et les frictions que cela aurait pu créer. Mais inversement, envoyer un policier aussi droit fut-il parmi tant de filous alors qu’il a un salaire de Rs 15 000 n’était psychologiquement pas envisageable.

On y arriva jusqu’à ce que cette police des Jeux tomba sous la tutelle du surintendant Raddhoa avec les résultats qu’on connaît. Les dernières nouvelles veulent que cette branche lui a été enlevée à cause de sa très grande activité ailleurs. Il faudrait espérer que sa dignité d’antan y retourne et que les hommes intègres choisis au départ reviennent donner la confiance au public qui est aujourd’hui une commodité rare au Champ de Mars.


La Terre Promise à Bagatelle

Un des aspects du Illovo deal était l’achat par l’État de 3 000 arpents à Bagatelle, près de Réduit, au prix agricole de Rs 125 000 l’arpent alors que ces terres valaient un million l’arpent. Le Champs de Mars était, au dire de tous, devenu trop exigu et dangereux pour contenir les activités hippiques.

Le MTC et le VPM avaient jeté leur dévolu sur une terre de Médine, pas loin de Bambous pour un futur hippodrome au cas où l’industrie relèverait la tête. C’est à ce moment que leur attention fut redirigée sur Bagatelle. Le principe accepté, l’emplacement exact des 130 arpents au sein des 3 000 arpents était crucial. Trop près de l’autoroute, l’hippodrome aurait englouti les terres les plus prisées. Trop près de Mon Désert Alma, la pluviométrie aurait été néfaste aux courses. De plus, un des voisins de l’hippodrome était ni plus ni moins le barrage de Bagatelle qui fournirait l’eau à tout Port-Louis. Il est un fait, par ailleurs, que la présence de l’hippodrome au centre du terrain de l’Etat aurait aussi apporté une valeur ajoutée à ces terres et à la région.

L’objectif global était que si tous les axes mentionnés en haut étaient couronnés de succès, l’industrie renouerait avec des finances florissantes qui lui permettraient d’offrir un magnifique hippodrome à Bagatelle aux turfistes mauriciens. Là, sur 130 arpents, la SIC, State Land Development Corporation et le MTC pourraient conjointement construire un hippodrome avec de longues lignes droites qui rendraient le pulling plus évident. On pourrait aussi y bâtir, comme ailleurs, des demeures pour séquestrer les jockeys “incommunicado” entre le jeudi où les programmes sont annoncés et le jour des courses.

L’ambition était de créer un réel centre équestre avec les caractéristiques principales et spécifications suivantes : piste de 1 500 mètres (Champ de Mars environ 1 300 m) ; tribunes pour accueillir 6 000 personnes ; piste d’entraînement sur 13 arpents ; un espace écurie pour 400 chevaux ; deux barns de quarantaine pour 48 chevaux ; une clinique vétérinaire pouvant accueillir 20 chevaux ; une spelling farm (40 chevaux) ; trois piscines ; un centre equitaid de thérapie pour enfants autrement capables ; un club hippique reflétant l’arc-en-ciel mauricien et pouvant accepter 70 chevaux pour le show jumping ; un apprentice academy ; un stud farm ; cinéma, magasin et, comme on l’a mentionné en haut, des appartements où les jockeys pourraient être en quarantaine sans aucun contact avec le monde extérieur pendant 48 heures avant les courses.

Ce rêve national peut encore être réalisé si le gouvernement et le MTC enterrent la hache de guerre plutôt que de se regarder en chiens de faïence. C’est en quelque sorte le rôle du HRB de faire ce pont car il n’est pas de son intérêt que l’atmosphère se détériore dans ce domaine.

Il ne reste qu’un petit commentaire anodin sur l’état actuel des relations humaines au Champ de Mars. Nous ne comprenons pas comment deux hommes intelligents comme Me Hiren Jankee, chairman du HRB et Me Clive Auffray, son directeur, s’offusquent que Jean-Michel Giraud ait qualifié de chantage le retard avec lequel le gouvernement a, à travers le HRB, donné son aval au calendrier de 2006, car c’est bel et bien un chantage.

Nous ne comprenons pas davantage comment Jean-Michel Giraud soit si offusqué devant ce chantage. L’octroi de la clause d’exclusivité que le MTC donna à ASL en fin d’année au lendemain de l’annonce d’un concurrent était un magistral pied de nez aux autorités et au principe de transparence et de démocratie. Il ne laissait aucun choix aux autorités. Malgré les relations amicales, dans de pareilles circonstances, nous l’aurions fait pareillement chanter !