l'express du 14/09/2005
QUESTIONS À JEAN-MÉE DESVEAUX, CONSEILLER DE PAUL BÉRENGER DANS L’ANCIEN GOUVERNEMENT
● Vous avez été le conseiller de Paul Bérenger pendant cinq ans. Quelles ont été vos attributions ?
En fait, j’ai été le conseiller de Paul Bérenger pendant sept ans, si vous comptez la période auprès des travaillistes en 96 et 97, bien que la responsabilité et l’impact que nous avons eus durant ces deux périodes ont été diamétralement différents. C’est vrai qu’un secrétaire financier m’a donné le sobriquet de sauce tomate dans la mesure où j’étais dans tous les dossiers, ce qui n’est pas tout à fait vrai.
● Ni tout à fait faux !
L’origine de chaque dossier est différente. Lors du premier grand tour d’horizon de Bérenger aux finances en 2000, il tire sa liste de dossier et fait un tour de table avec les hauts fonctionnaires pour savoir qui le conseillerait sur les questions pressantes. En ce qui concerne la douane, personne n’a montré d’intérêt. J’ai alors dit que ce dossier m’intéresserait.
Je l’ai suivi pendant cinq ans jusqu'à ce que la Mauritius Revenue Authority (MRA) tourne en eau de boudin entre les mains de Madame Hanoomanjee, la cousine du ministre des Finances. Là, après avoir livré une âpre mais futile résistance, je me suis retiré à pas feutrés sans que les médias ne soient alertés à l’avant-veille des élections.
Je ne peux m’empêcher d’ouvrir une parenthèse. Le Mauricien ne peut se permettre de s’asseoir en innocent bystander dans le conflit entre Bert Cunningham et ceux qui ont d’excellentes raisons de s’opposer au nettoyage de la douane et autres revenue departments. Le gouvernement précédent a capitulé devant ces forces scélérates. La MRA n’a de sens que si on sort du carcan de la fonction publique et ses syndicats qui sont des forces conservatrices qui militent contre le changement radical nécessaire.
Si on n’est pas prêt à faire cela, on devrait retourner à la situation antérieure. Le Memorandum of understanding, qu’a signé l’ancien gouvernement avec les syndicats, est une capitulation. Avec cela, rien ne changera à la douane et ailleurs. De plus, le ministre Dullul sait très bien à l’interieur des Finances quel Mauricien mérite de siéger à la tête du Board de la MRA.
“Les deux groupes politiques
me font penser à deux parents
divorcés qui pourrissent
de gâteries leur jeune enfant
dont ils ont la garde à tour
de rôle.”
Il a été évincé par une candidate qui possède pour tout diplôme un School Certificate et une alliance parentale. Si ce gouvernement réussit avec la MRA comme avec l’Independent Commission against Corruption (Icac), je lui tire mon chapeau. Le test est de savoir si la prochaine personne à la tête de la douane sera, comme certains ont oeuvré pour, un corrompu.
Le dossier de l’électricité a commencé à la suite d’une étude d’Arthur Anderson, quand un comité ministériel a été convoqué. Le vice-Premier ministre, peu intéressé à toutes ces technicités, m’a alors nommé à sa place. Très peu de temps après, je rejoignais le board et travaillais de pair avec le professeur Kasenally.
Je suis de nature un trouble shooter. Je vivais mal un dossier crucial mal géré. Très souvent, la stratégie requise était aussi nette et claire que mal perçue par ceux qui en avaient la charge.
A la State Trading Corporation (STC) et au ministère du Commerce, les choses avaient tellement dégénéré, qu’à un moment en 2001, la moitié de ma journée était vouée à remplir le vide décisionnel de la STC sur des questions qui coûtaient une somme colossale au pays. Cet organisme importe Rs 9 milliards de produits pétroliers sans parler du ciment, de la farine, etc.
● Toute cette activité a fait que vous étiez perçu comme un “super ministre” que les membres du cabinet craignaient. N’est-ce pas là une certaine arrogance ?
Il existe une faiblesse chez beaucoup d’êtres humains qui consiste à être fort avec les faibles et à être faible avec les forts. Je pratique exactement l’inverse. C’était pas le cabinet le plus fort dont on aurait pu rêver pour jouer une finale internationale. Soit dit en passant, bien que je ne veuille pas me prononcer trop tôt, je ne vois pas beaucoup de super stars dans l’équipe actuelle non plus. Pour survivre à ses défis, le pays doit mettre sur le terrain les meilleurs enfants du sol. Pour le sortir de la situation économique où il se trouve, un choix nettement plus judicieux de nos ministres est crucial.
Comme Bérenger hier, Rama Sithanen se démènera à jouer la dynamo qui fait marcher la machine en dépit des poids morts. Il n’y parviendra pas non plus car you can’t double guess every single move from the other 24 guys. On finit par passer son temps à neutraliser les erreurs des autres au lieu d’avancer. Lui aussi finira par être perçu comme trop remuant. Il deviendra le vrai super ministre qui fera de l’ombre à ses supérieurs hiérarchiques, avec des conséquences que je ne souhaite pas pour le pays. Rappelez-vous ce qui s’est passé quand Paul Bérenger a eu le malheur de travailler un dimanche en tant que PM par intérim en 1997.
● Mais est-il normal qu’un nominé politique ait le pouvoir d’un super ministre ?
Tout le pouvoir que j’avais dérivait de mon patron qui était le boss de ces messieurs. Avoir du pouvoir est bien mais il faut savoir s’en servir. Ce que je considère comme la partie la plus noble de mes fonctions était de mettre the right man or woman in the right place. Une fois que je l’avais fait, ils volaient de leurs propres ailes tant qu’ils delivered the goods au pays. Ce n’est pas là l’attitude de quelqu’un qui a la grosse tête du control freak qui se bâtit un empire sur lequel il tient les rênes.
La confiance que Paul Bérenger a mise pendant cinq ans dans ma capacité à choisir les personnes que je lui recommandais, demeure le plus grand compliment qu’il ne m’ait jamais fait. J’avais un seul critère : est-ce la meilleure personne à cette fonction au service du pays ? J’avais un rider à ce critère quant à son honnêteté. Le bon choix des hommes est crucial pour le pays. C’est ainsi que j’ai choisi deux personnes reconnues comme ayant des affiliations on ne peut plus fortes avec les travaillistes à la Wastewater Management Authority (WMA) et au secrétariat de la pension, malgré les critiques d’un ami ministre très anti-rouge. Elles ont été comme toutes les autres l’étaient, à la hauteur de leur tâche et je le referai s’il le fallait.
● Pensez-vous que l’actuel gouvernement pratique une telle philosophie ?
Navin Ramgoolam m’a un peu déçu. J’avais espéré qu’il aurait gardé certaines personnes choisies avec une attention particulière pour leur non-affiliation politique. Je pense particulièrement au secrétariat de la cellule du Light Rail Transit (LRT). Sachant l’importance de ce dossier, j’avais porté une attention minutieuse à placer l’homme qu’il fallait à ce poste. Avec l’aide de la Banque mondiale, nous avions élaboré la structure dans laquelle il allait opérer. Il n’était pas du Mouvement militant mauricien ou du Mouvement socialiste militant, mais il a été remercié. C’est triste et grave pour le pays car ce technicien avait l’intelligence, l’honnêteté et l’humilité qui aurait fait de lui le rempart contre le feeding frenzy que va attirer ce dossier.
D’ailleurs, la Port-Louis bypass ou ring road pour laquelle le PM s’est laissé convaincre tuerait irrémédiablement le métro léger si elle ne s’insérait pas dans son schéma global, tel que conçu avec l’aide de la Banque mondiale. Comme l’a démontré Ebène, les nouvelles routes ne font que déplacer les bouchons de deux ou trois kilomètres, et cela, au prix de centaines de millions de roupies. La ring road coûtera Rs 4 milliards comparée au LRT à Rs 8 milliards.
● Vous vous faisiez en quelque sorte l’agence de recrutement du gouvernement ? Y a-t-il là de quoi pavoiser ?
C’est l’essence même de la tâche d’un gouvernement que de mettre les meilleures compétences au service du peuple. Exemple : la STC. Il y avait à la tête de cette institution un fonctionnaire honnête et de bonne volonté qui, à cinq ans de la retraite, ne faisait malheureusement pas le poids dans une île Maurice complexe. Soit j’essayais tant bien que mal de pallier les choses en passant la moitié de ma journée aux affaires de la STC et ses dizaines de milliards d’achats, soit je remplaçais le vieux et gentil fonctionnaire.
Je contacte PWC et DCDM afin qu’ils me trouvent quelqu’un qui puisse remplir cette position clef. A la fin de la journée je réussis à trouver la perle rare. Il nous a aidés à mettre la STC sur des bases solides. C’est lui aussi, qui avec l’aide du Fonds monétaire international, a mis en place le système de Flexible Price Mechanism pour les produits pétroliers.
Il vise à empêcher qu’un gouvernement paralysé de frayeur devant l’augmentation des prix du pétrole laisse l’ardoise de la STC atteindre des milliards de roupies. C’est ainsi qu’on grignote les quelques points de croissance de plus, pas en appliquant l’adage du zaco ek so montagn. Soit dit en passant le gouvernement actuel montre la même timidité que le gouvernement sortant sur ce dossier. Il doit annoncer le prochain Automatic Pricing Mechanism et inclure le Liquid Petroleum Gas qui représente déjà Rs 600 milllions sur l’ardoise de la STC.
● Quelle est la contribution qui vous fait le plus plaisir ?
La bataille la plus acharnée que j’ai dû engager durant ces 5 ans : l’établissement d’un processus d’appel d’offres transparents pour le marché des stations thermiques électriques. Le prix d’une telle station varie entre Rs 1,5 et Rs 3,5 milliards. Pourtant, auparavant, quand une firme de l’industrie sucrière faisait une demande pour un tel projet, elle était à la merci de deux fonctionnaires qui décidaient du sort du dossier d’une façon extrêmement opaque. Cela était étrange dans un pays où le moindre petit projet doit passer par le Central Tender Board.
Avec la coopération de Donna LeClair du Central Electricity Board, nous avons institué des règles transparentes et une concurrence entre les sucriers et autres pour ces appels d’offres. Ces Request For Proposal (RFP) ont aujourd’hui mené à l’octroi de deux centrales thermiques. C’est une avancée en matière de bonne gouvernance que le ministre Kasenally conservera, je l’espère, malgré toutes les pressions qui s’exerceront sur lui pour retourner au système de gré à gré.
● Pourquoi ce dossier est-il si spécial ?
Parce que c’était du suicide de ma part. J’allais ni plus ni moins à la boucherie comme un agneau. Si je n’ai pas eu froid aux yeux, c’est que j’étais convaincu que les enjeux économiques pour le pays valaient le coup. Nous menions un combat sur un principe de transparence qui avait des répercussions directes sur le prix de l’électricité.
Il y avait au départ trois partants. Quand Médine s’est retiré, c’était la confrontation entre la Centrale thermique du Sud et le Projet Suzor. Il était connu de tous que le PM d’alors, la Sugar Authority, le ministre des Services publics et ses officiers, de même que Jack Bizlall, avaient décidé que la compétition n’était nullement nécessaire et que le projet Suzor devait être accepté coûte que coûte. La compétition a eu lieu quand même !
Le RFP a été lancé et si Suzor avait gagné tant mieux pour lui car, contrairement à ce qui nous opposait, je ne me battais pas pour un projet spécifique mais pour le processus d’appel d’offres qui allait déterminer le gagnant. Je ne pourrai jamais comprendre et l’histoire notera comment Paul Bérenger, après 30 ans de frustration a eu le courage, à la veille de la passation de pouvoirs, de me donner son support sur cette question de transparence au risque d’attirer les foudres de son propre chef et pire, d’une cassure. Dans ce genre de situation, vous avez des ennemis qui essayent de plaire aux puissants mais les alliés sont très rares car l’enjeu est soit incompris, soit il ne pèse pas lourd au regard des autres attraits. Le secteur privé a brillé par son absence dans ce débat malgré son attachement théorique à la transparence .
● Quels sont les défis qui attendent notre économie ?
Le premier défi repose sur un déclic et une prise de conscience de nos politiciens que Maurice passe par une phase critique que nous n’avons jamais rencontrée. Je vais me servir d’une analogie. Les deux groupes politiques me font penser à deux parents divorcés qui pourrissent de gâteries leur jeune enfant dont ils ont la garde à tour de rôle.
Pour surpasser l’autre dans l’estime de l’enfant immature, ils dilapident le patrimoine familial et hypothèquent l’avenir même de leur enfant. A moins que le peuple-enfant ne s’affranchisse de son immaturité et déclare : stop les cadeaux empoisonnés, les deux camps poursuivront une spirale infernale. Inversement, les deux anciens amoureux pourraient arriver à une entente qui vise à sauver les meubles. C’est ce que la société civile doit obliger les deux camps à construire. Pas d’opportunisme politique sur certains dossiers : pensions, LRT, MRA, Prix des produits pétroliers, squatters avant les élections… la liste est longue.
“Pour survivre à ses défis, le pays
doit mettre sur le terrain les meilleurs
enfants du sol. Pour le sortir
de la situation économique (...),
un choix nettement plus judicieux
de nos ministres est crucial.”
Pour l’instant, le transport public prôné par les deux camps à Rs 700 millions ainsi que l’ineptie de la duty-free island à Rs 4 milliards démontrent que le déclic n’a pas encore eu lieu chez nos hommes politiques. Quant à l’exemption d’impôt sur le revenu pour ceux touchant jusqu’à Rs 25 000, c’est l’occasion pour les deux camps de dire, pour le bien-être économique du pays, we won’t rub your nose in it if you renege on the tax promise! On doit prendre conscience que payer entre 20 et 25 sous au service de la dette dans notre budget courant est un gâchis. A moins bien sûr que nous comptions demander notre admission au sein des pays qui comptent sur le Club de Paris pour l’annulation de leur dette !
● Pensez-vous qu’un consensus soit possible entre l’opposition et le gouvernement sur les dossiers “brûlants” ?
Je suis convaincu que c’est la condition sine qua non pour que le gouvernement passe le message de vérité qui va créer le déclic. Il doit le dire : l’île Maurice doit aujourd’hui travailler plus pour gagner moins. Cela est triste, cela semble injuste, mais c’est comme ça. Nos salaires ont diminué au niveau international. Seul un tel message de vérité peut apporter le déclic qui fera comprendre aux Mauriciens que les choses sont sérieuses. Ce n’est qu’ainsi qu’on arrêtera les revendications de salaires intempestives et la tendance de s’arc-bouter sur les droits acquis qui ne feront que creuser une plus grande fosse pour notre économie.
Les devoirs du monde extérieur envers l’économie mauricienne que nous tenions pour acquis ont été subitement enlevés. Dès lors, le concept même du droit acquis au sein de l’économie ainsi affectée n’a aucun sens et ne servirait qu’à nous rendre encore moins compétitifs. Quand je joins le service du gouvernement PTR-MMM en 1996 je conseillais un adage à Navin Ramgoolam : The world does not owe us a living. Les choses étaient claires depuis 94 dans le textile, mais la massue sucre ne se pointait pas encore à l’horizon.
Je suis triste d’avoir été prophétique dans ce sens-là. Quand l’économie s’est érigée en science, elle a bien vite hérité du sobriquet de dismal science. Nous saurons bientôt si, de ce point de vue, Rama Sithanen est un bon adepte de cette funeste discipline.
Ensuite, en économie comme en médecine, il est aussi important de savoir quoi ne pas faire que de savoir quoi faire. Le gouvernement sortant allait augmenter le bagasse transfer price, ce qui aurait fait augmenter le coût de l’électricité pour l’économie en entier. L’électrité provenant de la bagasse coûte plus cher à la Centrale Thermique de Belle-Vue que l’énergie provenant du charbon importé. On ne doit pas aider l’industrie sucrière au dépens de l’économie nationale. Car, ce faisant, nous pénalisons d’éventuels champions qui pourraient graduellement prendre la relève de l’industrie mère.
● Mais l’injection de fortes sommes dans l’industrie sucrière pourrait certainement aider ?
On nous parle de Rs 30 milliards comme étant la somme que requiert l’industrie sucrière pour se mettre debout. Je suppose, d’abord que cet argent ne sort pas des coffres de l’Etat mauricien. Ensuite, supposant que les Européens qui nous ont nourris pendant trente ans veulent nous faire cette compensation, est-il sage de throw good money after bad de la sorte quand nous savons que le prix de la denrée baisse de 40 % ? Ne serait-il pas au moins souhaitable de se poser la question quant à une meilleure utilisation de cette compensation économique dans un créneau qui risque de nous faire mieux avancer dans les années à venir ? L’industrie sucrière a fait une sortie très réussie vers l’hôtellerie, n’y a-t-il pas d’autres débouchés pour cette injection majeure de fonds qui sera la dernière ?
De plus, au sujet de cette compensation, l’Etat a été depuis le début des années 70 et reste en 2005, un agent indispensable dans la défense des intérêts de l’industrie sucrière au niveau international. Serait-il aussi ignoble et inique que cela d’imaginer qu’une partie de cette injection de fonds soit redirigée vers des projets sociaux du gouvernement pour pallier les besoins de cette population afro-mauricienne qui, elle, n’a jamais reçu ni VRS ni de compensation après avoir établi sous l’esclavage les bases de l’industrie mère ?
Je ne parle évidemment pas d’une compensation par individu qui serait dilapidée en moins de deux mais en projets scolaires (professeurs spécialisés et classe réduite au niveau primaire), en bourses, en projets sociaux et autres infrastructures dans les régions comme la côte ouest? Quoi qu’on puisse penser du ministre Valayden et de ses méthodes, il est aujourd’hui à 2 000 voix de Jayen Cuttaree.
Ses mandants sont les laissés-pour-compte qui fourniraient demain les recrues de nouvelles émeutes à la 1999. Je rappelle que certains se voyaient déjà à bord de leur hors-bord pour d’autres cieux avec leur famille à l’approche des hordes de 99 Je pense qu’un effort de l’industrie sucrière serait préférable à un réveil brutal qui déchirerait notre tissu social. La situation est d’autant plus grave que les deux camps politiques semblent décidés d’enlever tous les impôts qui sont essentiels pour un Etat qui veut aider ses enfants moins fortunés à avoir une chance égale.
● Vous ne croyez pas à la capacité du tourisme à nous sortir de nos problèmes économiques ?
Dans notre langage imagé, nous parlons de piliers de l’économie. Si vous mettez plus de poids sur un pilier qu’il ne peut en supporter, tout l’édifice s’effondre. Le ministre des Finances l’a compris quand il a played down les attentes de ce côté-là. Déjà le gouvernement sortant a créé une augmentation effrénée de nouvelles chambres qui ne trouvent pas preneur. S’imaginer que nous pouvons construire à ce rythme pour que le tourisme apporte les trois ou quatre points de croissance qu’il nous faut au niveau national, serait suicidaire. Le patron de la Mauritius Tourism Promotion Authority vient de le dire, il y a suffisamment d’hôtels quatre-étoiles à Maurice.
Vous en construisez plus, vous créez une guerre de prix et un nivellement par le bas qui fait fuir le tourisme de qualité. Un plus grand parc hôtelier veut dire moins d’espace quand les touristes quittent leur hôtel. L’Espagne et des pays nord-africains ont regretté cette stratégie. Il existe un grand flou en ce moment quant à savoir si nous voulons ou non du touriste qui fait attention à ses sous. Il est certain qu’en faisant cela, nous sortons de la philosophie de greatest bang per buck par tête de touriste.
● Quelles sont les solutions que vous préconisez ?
Il n’y a pas de solution miracle. Des décisions posées doivent être prises. La première est d’établir un calendrier réaliste pour le repaiement de notre dette nationale, ce qui implique une diminution du déficit budgétaire. Nous aurions dû avoir fait cela quand nous avions une croissance confortable. Repayer ses dettes quand son salaire diminue est une chose extrêmement pénible. Aujourd’hui, le gouvernement doit vendre tous les actifs qu’il possède dans des activités où il n’a rien à faire. Ensuite, le gouvernement devrait se retirer complément de toutes les institutions bancaires du pays, First City Bank, MPCB, Development Bank of Mauritius, cette création de la Banque mondiale qui se mord les doigts aujourd’hui devant les abus de ces institutions et leur tendance à la corruption dans tous les pays.
Les terres de l’Etat doivent aussi être soumises à une enchère. On ne peut donner soixante arpents sur le littoral gratuitement a un projet quand on sait qu’un quart d’arpent vaut Rs 5 millions. Les actions du gouvernement dans Mauritius Telecom, dans la State Bank of Mauritius et Air Mauritius devraient être prises en considération aussi. Dernièrement, au vu de la diminution de notre pouvoir d’achat par rapport au monde extérieur, plutôt que de ralentir la dépréciation de la roupie, le gouvernement devra l’accélérer si ce n’est en fait avoir recours, malgré le traumatisme que cela pourrait engendrer, à une dévaluation.
Mais, et cela est important, il ne sert à rien de prendre de telles mesures si d’autre part, on se paye des compensations contre la montée des prix qu’on a ainsi engendrée. L’Alliance sociale parle beaucoup de démocratisation et de redistribution des richesses économiques. Un des seuls moyens qui nous reste à accomplir cela sans la démotivation qu’entraîne les impôts directs, c’est d’instaurer une Inheritance Tax aussi appelée Death Duty. Cela existe dans les pays les plus capitalistes du monde en vue de redresser la balance des fortunes.
Propos recueillis par
Stéphane SAMINADEN
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Le Week-end 18 septembre 2005
Les propos de Jean Mée Desveaux à l'express:
Paul Bérenger: "Je m'en dissocie totalement !"
"Mo dissocié moi totalement des propos ki l'ex-conseiller spécial du Premier ministre Jean Mée Desveaux fine tenir dans un journal". C'est la déclaration faite par Paul Bérenger, hier. Il a dit ne pas vouloir s'étendre sur le sujet en pleine campagne pour les municipales.
"Mo dissocié moi de so banne propos, mo né pli Premier ministre, li né pli conseiller. Il reste mon ami. Je ne l'ai toutefois pas rencontré depuis les élections générales", a commenté le leader de l'opposition.