l'express du 15/09/2005
L'interview de Jean-Mée Desveaux, publiée dans notre édition d'hier, fait des vagues. Le conseiller de l'ancien Premier ministre, Paul Bérenger, devait y égratigner, entre autres, la députée MSM Maya Hanoomanjee, qui a occupé la présidence de la Mauritius Revenue Authority jusqu'en juin dernier. Aussi mis en cause, le leader du MSM et ex-ministre des Finances, Pravind Jugnauth. Ce dernier a souhaité réagir et a fait une déclaration à l'express. Il est aussi intervenu sur les ondes de la radio. A son tour, Jean-Mée Desveaux a riposté et a souhaité expliciter les propos évoqués dans son interview. Nous reproduisons ci-dessous les deux déclarations.
Pravind Jugnauth : “Je suis choqué par les propos de Jean Mée Desveaux, particulièrement par ceux ayant trait à Maya Hanoomanjee, ses qualifications et ses liens de parenté avec moi. Jean Mée Desveaux s’est trompé sur ces liens. Nous avons des relations familiales mais ne sommes pas cousins. Je rappelle que la nomination de Maya Hanoomanjee avait reçu la bénédiction de l’ex-Premier ministre, Paul Bérenger, de l’ancien leader de l’opposition, Navin Ramgoolam, et du cabinet d’alors. Il est indigne de Jean Mée Desveaux de tenir de tels propos déplacés d’autant plus que Paul Bérenger avait publiquement fait les éloges de Maya Hanoomanjee en tant que présidente de la MRA”.
Jean-Mée Desveaux: “Ma loyauté au pays devait toujours primer sur une allégeance mal placée au partenaire politique de mon patron, le PM. Le dossier douane était à mon point de vue capital pour la protection de nos enfants contre la drogue et autres substances illicites. Il était aussi crucial pour la lutte contre la corruption car il était clair que si on perdait cette bataille à la douane, on perdait la guerre contre la corruption. Notre champion dans ce domaine était Burt Cunningham. Pourtant, depuis qu’elle a été nommée comme chairperson de la MRA, madame Hanoomanjee a tout fait pour contrecarrer le contrôleur des douanes dans le but, bassement politique, d’obtenir l’allégeance des syndicats concernés que Burt Cunningham gênait. Cunningham vous dira lui-même que de toutes les adversités qu’il a eues, et Dieu sait qu’il en a eues, les coups bas de madame Hanoomanjee ont de loin été les plus féroces et cela se passait au vu et au su des douaniers que le contrôleur avait à faire rentrer dans les rangs.
“Un petit fait divers: savez-vous que Burt Cunningham, l’homme qui a remporté haut la main l’exercice de recrutement pour le poste de contrôleur des douanes en 2002, n’a même pas figuré sur la short list des 47 candidats pour le job de director general de la MRA. Plus précisément, les consultants de PriceWaterHouseCoopers de Londres et de Genève, experts en la matière de recrutement à très haut niveau l’avaient sélectionné, ainsi que le chef d’Interpol à Londres, mais deux petits malins sont passés derrière pour y mettre leur veto sous le prétexte qu’ils n’avaient pas suffisament d’expérience. Nos amis étaient soudain devenus meilleurs agents recruteurs que PWC international.
Je ne m’étais pas mis martel en tête que Cunningham devait être le DG mais son absence ainsi que celui du chef d’Interpol sur une liste de 47 personnes- où figuraient une demi-douzaine de Mauriciens – démontre clairement qu’on cherchait quelqu’un qui allait faire le jeu des syndicats, qui a toujours dirigé la douane, donc quelqu’un de très faible. Du reste le candidat dont rêvaient nos deux compères (qui ne cessaient d’évoquer la “policy decision” comme “rationale”) était un Mauricien correct certes mais qui n’avait pas la poigne. Il disait à qui voulait entendre que les syndicats n’avaient aucune opposition à ce qu’il devienne DG de la MRA. Il s’est désisté à la dernière heure.
On pensait que si Cunningham n’était pas short-listed sur 47 candidats et qu’en plus on lui collait une nullité comme DG, toutes les chances étaient qu’il s’en irait. C’était le but recherché. Savez-vous de quel pays on a fini par recruter le chef de la MRA ? D’un pays où, selon l’aveu du nouveau DG lui-même, tout nouveau gouvernement suspend les hauts fonctionnaires à la douane après les élections pour des raisons qu’on peut deviner. Le recruitment panel n’avait pas été mis au courant que le nouveau DG avait été suspendu pendant un certain temps de sa douane nationale. Le DG n’a pas trouvé nécessaire de partager ce petit détail avec le recruitment panel. Pas mal non, comme finaliste, dans une course où Burt Cunningham n’avait pas été jugé digne de prendre part? Quand cela devint évident, I put my money where my mouth was. Je donnai ma démission du board de la Mauritius Revenue Authority car ce n’était pas les Rs 30 000 de fees qui allaient me rendre complice de cette machination. Comme je savais que cette démission de ma part de la MRA à l’avant-veille des élections était doublement dangereuse pour mon patron, je lui ai même dit que si cela l’aidait, je serais disposé à m’en aller complètement. Quod erat demonstrandum. M. Jugnauth. Je le répète, on ne fait pas de la politique sur le dos de nos enfants.”