JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

15 September 2005

Réformer l’industrie sucrière au coût de Rs 23,5 milliards


l'express du 15/09/2005

Le chemin vers la réforme de l’industrie sucrière est semé d’embûches. Avec la baisse du prix du sucre sur le marché européen, le pays est tenu de réformer en profondeur. Cette transformation exige l’injection de capitaux massifs.

L’Etat en est conscient. Il étaye sa vision dans son plan intitulé “A roadmap for the Mauritius sugarcane industry for the 21st century”, rendu public par le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell. Ce plan de travail sera aussi un outil pour négocier les mesures d’accompagnement de l’Union européenne afin de mitiger les effets de la baisse des prix.

“Nous avons une tâche difficile, mais pas insurmontable. Nous sommes condamnés à réussir. Il faut un élan de solidarité et de patriotisme. Tout se déroulera dans la transparence”, a affirmé hier le ministre. Il animait une conférence de presse avant son départ en mission de lobbying en Europe, pour négocier en faveur d’une réduction raisonnable.

Cette réforme accélérée est rendue nécessaire par la baisse annoncée de 39 % du prix garanti du sucre que le groupe Afrique, Caraïbes, Pacifique (ACP), avec Maurice en tête, exporte vers l’Union européenne. Pour la survie de l’industrie, le pays est tenu de produire à moindre coût et à diversifier à l’intérieur même de cette activité.

La tâche à accomplir est immense. Le plan (roadmap), conçu dans une logique de création de groupes (clustering), établit une liste de dix secteurs à relancer sur de nouvelles bases, selon un processus allant jusqu’à 10 ans dans certains cas. Coût du projet : Rs 23,5 milliards. Le but étant qu’à la fin de l’exercice, en 2015, l’industrie de la canne présente un profil nouveau.


Essor de deux secteurs

Dans ce schéma, la centralisation entraînera une diminution du nombre d’usines, de onze à six, produisant 550 000 tonnes de sucre annuellement. La superficie sous culture passera de 72 000 à 65 000 hectares. Deux secteurs seront appelés à prendre de l’essor : la production énergétique à partir de la bagasse, et la production massive d’éthanol à partir de la mélasse.

Les emplois représentent une charge financière importante dans les dépenses des établissements sucriers. Arvin Boolell se dit conscient de l’urgence à réduire le nombre d’employés et annonce un plan de départ volontaire à la retraite (Voluntary Retirement Scheme) nouvelle version.

Alors que les usiniers-planteurs se sont déjà attelés à réduire leurs coûts de production, la communauté des petits planteurs est, elle, en retard. Aussi, l’Etat, qui milite pour leur regroupement, prévoit dans le plan un budget de Rs 4,3 milliards pour l’épierrage, la mise en place d’un système d’irrigation et la mécanisation. Cela devrait aboutir à une baisse dans les coûts de production dans les champs de ces petits planteurs. Cet aspect de la réforme inclut les 5 000 arpents qui se trouvent dans des zones dites “difficiles”. La finalité est de permettre à cette communauté de récolter, pour être rentable, une moyenne de 40 tonnes de canne à l’hectare.

La réforme entraîne la rationalisation du Cess Fund. Ce fonds, alimenté par les planteurs, finance les organismes oeuvrant pour l’avancement de l’industrie sucrière. Le roadmap postule pour une réduction de 50 % du montant. D’ailleurs, le ministre de l’Agro-industrie a exigé de ces organismes une participation plus active et productive.


“Nous ne vendons pas de rêves”

Dans une conjoncture exacerbée par la baisse annoncée de revenus, les planteurs auront moins à supporter sous forme de primes au Sugar Insurance Fund Board. En sus de cette mesure, a indiqué Arvin Boolell, ils auront droit à d’autres exemptions.

Le ministre a aussi réagi aux propos de l’ancien conseiller de Paul Bérenger, Jean Mée Desveaux. Celui-ci préconisait que les mesures d’accompagnement que l’Union européenne mettrait à notre disposition devraient être injectées dans d’autres segments de l’économie. Arvin Boolell a été catégorique : “Je ne connais pas l’agenda de Monsieur Desveaux. Nous ne vendons pas de rêves. Je mets au défi quiconque de venir de l’avant avec une culture qui pourra remplacer la canne du jour au lendemain !”

Le débat est lancé.

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