JM et les chefs coutumiers de la République démocratique du Congo

26 September 2005

La contre-attaque de Ramgoolam

l'express du 26/09/2005

Le Premier ministre (PM) a réuni la presse, samedi, pour parler de sa visite à New York. L’air préoccupé, il donnait l’impression de vouloir mettre les points sur les “i”, en sus de faire le bilan de sa visite.

Ses préoccupations ne l’empêchent cependant pas d’exprimer sa satisfaction : “La diplomatie économique est en marche à nouveau.” Il répond aux critiques de Paul Bérenger qui avait qualifié, le samedi précédent, son premier discours de “faible”, et l’avait accusé de ne pas avoir évoqué les Chagos : “Leader lopozisyon fer komenter san li kone.”

Mécontent, il explique avoir fait trois discours. Quant à Paul Bérenger, il “n’a jamais défendu les intérêts du pays aux Nations unies.” Le PM rappelle “le tort que Bérenger a fait à notre cause (les Chagos) quand (...) li ti menas pou kit Commonwealth ” comparé à sa propre gestion du problème.

Le PM rappelle qu’il a demandé que les Chagos et Tromelin soient rendus au pays. “La Grande-Bretagne (...) a demandé un droit de réponse. C’est une bonne chose.”


Conférence sur la pauvreté

Il ne ménage pas son rival politique : “Ala kouma Bérenger enn bluffer. So mit inn eklate (...). Linn resi parski linn manipil dimounn.” L’autre critique du leader de l’opposition était qu’alors que les autres Etats membres avaient exprimé leur insatisfaction de l’outcome document des Nations unies, le PM s’en était dit, lui, satisfait. L’intéressé récuse. “Je ne sais pas d’où Paul Bérenger tire ses informations.” Il cite les déclarations de chefs d’Etat qui disent que bien que le outcome document, visant à donner une autre image des Nations unies, ne soit “pas idéal, c’est une bonne base”. Cela démontrerait que “Bérenger ne comprend rien. Cela m’attriste car il était conseiller en désarmement.”

Navin Ramgoolam s’engage à organiser une conférence sur la pauvreté dans le cadre de la Clinton Global Initiative. “Ma proposition a été chaudement saluée par l’ancien président Clinton.” A la question de savoir si Maurice peut se permettre ces dépenses, et après les critiques de l’Alliance sociale sur la conférence des petits Etats insulaires (Sids), le PM répond : “La conférence Sids n’a rien rapporté au pays. Elle aurait pu se faire ailleurs.” Pour le financement de la prochaine conférence, il propose une fund raising avec le secteur privé et les Nations unies. Le PM déclare qu’il existe des poches de pauvreté partout et que la conférence, qui mettrait Maurice en valeur, “nous forcerait à agir en ce sens”. Le PM s’appesantit sur le fait que “les Etats-Unis, pays capitaliste par excellence, tiennent le même langage que nous” (...) “Ils ont dit que ce n’est pas bien qu’une petite élite contrôle l’économie”. C’est dans cette optique que Ramgoolam justifie sa décision de rendre l’île-aux-Bénitiers aux Nubheebucus.


Rencontre prochaine avec les Verts

La prochaine mission du chef du gouvernement sera en Inde. Le foreign secretary, Shyam Saran, s’est déplacé pour la préparer. Seront discutés, une ligne de crédit pour la formation dans l’informatique, la santé, l’aide aux petites et moyennes entreprises, le Foreign Direct Investment, la surveillance de la zone maritime et le Double Taxation Agreement .

Par ailleurs, Navin Ramgoolam affirme qu’il n’y a qu’“un seul vice-Premier ministre constitutionnel et c’est Rashid Beebeejaun.” Il attend l’avis de la cour sur la question.

Commentant les propos de l’ancien conseiller de Paul Bérenger, Jean-Mée Desveaux, Ramgoolam pense que ce dernier a eu la “permission” de Bérenger pour s’exprimer. Mais ajoute que “se bon ki dimounn ena ouvertir ek zot dir. Dayer mo trouv sertenn verite ladan. Desveaux pa memb PTr me nou dakor.”

Concernant la Commission anti-corruption, Ramgoolam indique être toujours à la recherche de “l’oiseau rare” pour le poste de directeur. Cette attribution se fera dans le consensus.

Le contentieux avec Les Verts Fraternels n’est toujours pas réglé, mais le PM annonce qu’il y aura une rencontre bientôt. “Nou sagrin. Nou konpran li me li bizin konpran nou osi.”





Les leçons diplomatiques de Bérenger

Le leader de l’opposition, Paul Bérenger, et de l’alliance MSM-MMM-PMSD, fait la leçon au gouvernement. Il a dénoncé samedi les “faux-pas” du Premier ministre Navin Ramgoolam lors de sa mission auprès de l’Organisation des Nations unies (Onu).

Première “maladresse” : la façon dont le dossier Chagos a été abordé. “C’est un faux-pas de réclamer les Chagos sans préciser que Maurice n’a pas de conflit sur la base de Diego-Garcia (…) La Grande-Bretagne et les Etats-Unis risquent de penser que Maurice est contre la base”. Paul Bérenger se réfère au discours du PM à la tribune de l’Onu, évoquant la souveraineté de Maurice sur l’archipel.

Autre “maladresse”, d’après le leader de l’opposition, l’absence de contact entre le PM mauricien et les dirigeants européens. “Dix fois on a annoncé une rencontre entre Ramgoolam et (le PM britannique, NdlR) Blair. Zéro !” Pour Paul Bérenger, il est crucial que le chef du gouvernement mauricien contacte personnellement les dirigeants britannique, français, allemand et italien. Le moment est opportun, argue Bérenger, puisque l’Union européenne tente de débloquer des budgets et que la question du prix du sucre est une priorité. “Je suis angoissé par la façon dont le gouvernement traite le dossier sucre.”

Bérenger critique aussi le ministre des Affaires étrangères, Madan Dulloo. Celui-ci aurait raté l’occasion, lors de son passage à Dakar, au Sénégal, de rencontrer le secrétaire d’Etat américain : “Un camouflet, un faux-pas.”


“Gouvernement de la peur”

Paul Bérenger a tenu ces propos lors de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de l’opposition. Elle a eu lieu au Sun Trust, en présence de Pravind Jugnauth, leader du MSM et de Maurice Allet, leader du PMSD. Paul Bérenger a fait la chronologie du projet de télévision numérique, initié, rappelle-t-il, par l’ancien gouvernement. Mise en place d’un comité en 2002, d’une plate-forme numérique en 2003, lancement d’un appel d’offres en 2004 et soumission d’un seul prestataire, Zee TV, qui ne répondait pas aux critères.

“Donner le monopole de la télé numérique à la MBC (...) serait un recul.” Il faut ouvrir ce créneau aux opérateurs privés pour une baisse du prix des services offerts, estime-t-il.

Plus loin, Paul Bérenger critique la décision de Navin Ramgoolam de rendre le bail de l’île-aux-Bénitiers aux Nubheebucus. Il souligne que le gouvernement sortant a rejeté le projet hôtelier “exclusif ” présenté par cette famille, en collaboration avec le groupe Food and Allied. Bérenger met l’accent sur le cachet “paradisiaque” de l’îlot, pour lequel son gouvernement avait un plan de restauration et d’embellissement. Une partie devait être réservée à la préservation, alors que l’autre aurait accueilli le public. Bérenger menace de recourir à la Cour suprême si un projet hôtelier exclusif y voit le jour.

Pravind Jugnauth et Maurice Allet commentent la campagne électorale. “Bon mood sur le terrain et colère latente des citadins contre un gouvernement de la peur qui risque de mettre les villes sens dessus dessous”, décrit Pravind Jugnauth. Il dénonce les “persécutions politiques”, “l’impunité”, bref, l’insécurité qui règnerait. Il critique la politique économique du pouvoir “contre les petites gens”.

Maurice Allet rejette, lui, l’idée de “réconciliation” de la famille bleue. Il dénonce le “ramassis de roder bout” que représenterait le PMXD. Le PMSD est “solidaire” de ses partenaires de l’opposition et confiant en la victoire aux municipales.