Par Josie Lebrasse
Le Week-end du 4 juin 2006
Jean Mée Desveaux a été traité de super conseiller, son nom a été jeté en pâture dans les réunions et autres meetings ciblés durant la campagne électorale parce que son patronyme, associé à celui de ce qu'il appelait lui-même son patron, l'ancien Premier ministre, cela cadrait parfaitement avec la stratégie raciste de l'Alliance sociale. Aujourd'hui encore, lorsque le gouvernement essaie de justifier l'injustifiable, lorsqu'il s'agit de faire croire que les "conseils" de Dinesh Ramjuttun et de Gilbert Philippe - dont le passé est éloquent - sont indispensables pour la bonne marche du pays, le plat est haineusement resservi. Pas parce qu'il a été averti d'une allégation de maldonne autour d'un pot de vin de Rs 50 millions qu'il aurait omis de référer sur le champ à l'ICAC, pas parce qu'il était "on duty" à Pailles en pleine journée du jeudi saint se vanter d'avoir eu des "relations sexuelles protégées", pas parce qu'il a été accusé de viol sur mineur et encore moins d'avoir suscité le courroux d'un ambassadeur, pour qui l'allocation des contrats est tronquée. Parce qu'il s'appelle Jean Mée Desveaux. Et que certains amalgames sont commodes.
Son salaire était, paraît-il, considéré comme mirobolant mais, à la comparaison, le cachet de Lucien Finette, cinq ans de cela, n'y était pas très éloigné. Le débat n'est évidemment pas là, il se situe au plan de l'épiderme. Notre propos est, d'ailleurs, renforcé, accrédité même, par ce qui se passe aujourd'hui. Vous avez entendu Ali Mansoor ? Il était censé prendre son poste depuis la fin de l'année dernière mais comme les prévisions avaient été mal faites et que la Banque Mondiale n'est pas la boutique d'à côté, il a dû terminer son contrat et, dans une réponse à l'Assemblée nationale, Rama Sithanen, lui-même, est venu le reconnaître et annoncer qu'il ne prendra son poste que le 1er juillet 2006. Or, cela ne l'a pas empêché d'aller parler économie à la radio et, mieux encore, celui qui est présenté comme le "financial secretary designate" a été formulé la politique gouvernementale en matière des droits de douane. Vous imaginez le tollé que cela aurait soulevé si Jean Mée Desveaux avait publiquement évoqué des "policy decisions" à la place d'un quelconque ministre avant ou… après avoir été nommé. Ç'aurait été un crime de lèse république.
Mais ce genre de vrais "superconseillers" commence à devenir légion. Depuis sa nomination, Dinesh Ramjuttun se comporte comme le ministre - bis des Terres - il connaît bien, il est vrai pour avoir été l'heureux bénéficiaire des biens de l'Etat, notre patrimoine à tous - et le quatrième député de Pamplemousses/Triolet. Après avoir organisé des réunions pour le Premier ministre plusieurs samedis de suite, cette semaine, il a été un peu plus loin. Il a participé à la remise de clés de logements sociaux, construits par l'ancien gouvernement, à Cottage et à Notre Dame et s'est même permis de prendre la parole et de critiquer le régime MSM/MMM. Vous savez si Jean Mée Desveaux avait osé parler politique dans une fonction officielle, quel scandale cela aurait représenté. Un conseiller, comme son nom l'indique, est recruté pour conseiller, c'est un contractuel choisi selon un critère strictement partisan. Comme il n'a pas de mandat électif au même titre qu'un ministre, un député ou même un conseiller municipal ou de village, il se doit de s'en tenir à ce pour quoi il a été recruté. Mais les conseillers de l'ère ramgoolamienne sont spéciaux. Ils ont tous les droits. C'est normal, ils n'ont pas de problème de naissance…
Pour rester dans le domaine du "ne fais pas ce que je fais", il faut aussi relever cet appel touchant et répété du Premier ministre pour que la question de "law and order" ne soit pas considérée comme une affaire partisane. Il aurait été entendu s'il n'avait pas, alors qu'il était leader de l'opposition, parlé, semaine après semaine, de "lawlessness and disorder" et fait croire, avant les élections, qu'il avait une solution à tous nos problèmes de société. Il peut faire dire ce qu'il veut aux chiffres mais la réalité est qu'il y a de plus en plus de crimes atroces et de sévices sur les mineurs qui sont tout à fait inédits. Si c'était un de ses prédécesseurs qui avait enregistré un tel record en si peu de temps, c'est facile de deviner ce qu'on aurait dit. Comme il est facile d'imaginer ce qu'aurait été la réaction de l'opposition si Sir Anerood Jugnauth ou Paul Bérenger avaient traité les syndicalistes d'irresponsables, Jack Bizlall aurait fouillé dans ses manuels idéologiques pour traiter le Premier ministre de tous les noms et ses collègues syndicalistes auraient fait queue devant les micros de toutes les radios pour réclamer leur départ.
Voyez-vous SAJ ou Paul Bérenger venir annoncer la mise à mort de la DWC, cette créature de Sir Seewoosagur Ramgoolam dont Nando Nodha rappelait, avec raison hier, que c'est ce qui a permis que les collèges soient construits dans les délais. Cela aurait été un crime, une insulte à la mémoire du père de la nation. Au lieu de fermer la DWC et de procéder à sa refonte, Rama Sithanen serait bien inspiré de se pencher sur le Domaine les Pailles que le gouvernement travailliste avait cru utile d'acquérir en 98 pour la somme de Rs 480 millions alors que des Singapouriens étaient intéressés par le rachat de ce parc hôtelier situé sur des terres privées. Mais on est dans une période de volte-face et de retournement spectaculaire après l'escroquerie du dernier scrutin. Le bal des imposteurs qui trompent le peuple avec un rare cynisme ne fait que commencer…
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