l'express du 07/06/2006
Par Jean-Mée DESVEAUX
Tel un corps dont le mécanisme immunitaire serait détraqué, l’île Maurice s’acharne contre les hommes et les femmes qui se battent pour sa survie alors qu’elle ouvre ses bras accueillants aux filous de tous genres qui leur en veulent d’être hautement plus capables qu’eux.
L’ancien gouvernement avait eu une stratégie intelligente qui visait à permettre au pays de faire un bond qualitatif dans certains domaines clés en y recrutant des professionnels extrêmement qualifiés à leur tête. C’est ainsi que les compétences de Bert Cunningham à la Douane, de Donna Leclair au CEB, de Phillip Cash à l’Airport of Mauritius et de Bill Duff à La Prison, furent mises au service du pays dans le double but de réformerr l’organisme dont ils avaient la charge ainsi que de s’assurer qu’au terme de leur contrat, un enfant du sol soit suffisamment formé pour assurer la relève.
C’était un processus qui allait permettre à tout un pan important de la vie institutionnelle du pays de sortir de son statut de sous-développement pour se positionner au niveau des upper middle income countries que le pays aspire à devenir. Le grand bénéficiaire de ce processus allait sans aucun doute être le public mauricien dans son ensemble dont le niveau de vie aurait tiré profit de la transformation de ces organismes clés. Mais il y allait aussi avoir des perdants : ceux qui ayant reçu une formation sur le tas au sein du laisser-aller d’un système désuet avait rendu nécessaire la présence de l’expatrié. Il est tragique de constater que dans ce rapports de force, le manque de conviction et de patriotisme des politiques, hier et aujourd’hui, compromettent l’intérêt supérieur du pays allait transiger et en se pliant devant les frustrations de petits hommes qui ont, de par leurs actions, confirmé le manque de professionnalisme qui les excluent du poste qu’ils convoitaient.
Le bal des commissaires de prisons des six dernières années a créé une telle faiblesse au sein de notre système carcéral que chaque prison est comme autant de poudrières prêtes à exploser. Nous venons de constater que dans un pays qui veut faire du tourisme son pilier essentiel, un événement inattendu comme le chikungunya peut faire tituber même les plus grands groupes hôteliers. Les prisons de Beau-Bassin sont à vingt minutes des grands hôtels de l’Ouest. Qu’adviendra-t-il de cette destination cinq-étoiles le jour où une mutinerie dégénèrerait en prise d’otages dans un bel hôtel du littoral ? Si notre réputation devait être ternie par un tel événement combien de temps faudrait-il pour la rebâtir et à quel coût.
C’est donc avec une légèreté choquante que Navin Ramgoolam a fait partir Bill Duff . En ce faisant le Premier ministre a pris le pari d’un homme qui ne pourra pas dormir d’un sommeil tranquille pour des années à venir car le pays ne lui pardonnera jamais si ce que nous redoutons avec le départ de l’écossais s’avérait juste. Et pour compenser ce manque aigu de jugement, les décisions les plus abracadabrantes sont prises pour donner l’impression de bouger dans le bon sens. On ne peut peut-être pas s’attendre à ce que l’homme qui se débarrasse aussi négligemment d’un des meilleurs chefs de prison au monde réalise qu’amender le code pénal en vue d’instituer une peine de 60 ans pour viol est une assurance que prend le gouvernement que le violeur achève sa victime après son forfait. Comme dirait Hamlet, “ There are more things in heaven and earth than in your philosophy ”, Prime minister.
On se souvient qu’à la Mauritius Revenue Authority, une responsable avait trouvé que ni Bert Cunnigham, ni le chef de l’Interpol n’aient les qualifications nécessaires pour leur permettre d’être sur la short liste de 40 candidats. Cet exercice fut mené à bien en main de maître avec le recrutement d’un responsable des douanes d’un pays du Sud-Est asiatique où Ousama Ben Laden et ses gentils lurons entrent et sortent à volonté ce qui lui vaut du reste le titre peu enviable du case book d’une douane louche aux yeux de la Banque mondiale.
Si nous sommes donc choqués par le départ de Bill Duff, c’est que nous savons que le pays va encore une fois perdre au change. Arpentant les rues londoniennes et la prison de Brixton à la recherche d’un homme qui mettrait de l’ordre dans nos prisons, votre correspondant n’aurait jamais pensé trouver un tel candidat pour servir le pays. Il existe plus d’un douzaine de prisons à Londres et on devine ce que cela demande comme expérience, intégrité, bagage intellectuel et caractère trempé dans l’acier pour être le governor d’une de ces instituions pénitentiaires de sa majesté britannique. Eh bien, Bill Duff était le patron très respecté de tous ces messieurs ! Ce bonhomme a été en charge, parmi tant d’autres, des terroristes de l’IRA qui donneraient à nos Monstre et autres Antoine Chetty un profil d’enfant de chœur.
Mais une question vient tout de suite à l’esprit. Si Bill Duff était si doué, comment est-ce qu’il ne réussit pas à redresser la barre d’une institution bon enfant en plus de quinze mois ? Et la réponse à cette question est extrêmement grave et condamne encore une fois le gouvernement actuel qui n’a pas agit sur des renseignements qui indiquent de fortes présomptions de haute trahison dans un domaine tel que celui-ci. Chaque incident dans une prison mène potentiellement à une mort d’homme, soit dans la prison ou pire encore dans la communauté qui l’entoure.
Si certains officiers ont été responsables de jouer ainsi avec la vie humaine pour des raisons qui leur sont propre, leur place est bien à la prison mais de l’autre côté des barreaux. Il était étrange qu’une série d’événements aient eu lieu pendant tout ce temps qui pointaient à une connivence de l’intérieur même des prisons. Sans aucun démenti, Deepa Bhookun de l’express décrit la semaine dernière un scène sortant d’un roman de Kafka : Depuis des mois, le responsable de la prison de Beau-Bassin préfère laisser les prisonniers de la plus grande institution pénitentiaire du pays fainéanter pendant des heures jusqu’à ce que l’envie leur prenne de regagner leurs cellules plutôt que de se servir de la Prison Supporting Squad de M. Jacques Henri. Que l’animosité entre officiers du plus haut échelon de la MPS puisse mener à ce genre de brinkmanship où chaque fermeture frise une mutinerie potentielle est angoissant. Que le gouvernement ne fasse rien à ce sujet de peur de froisser les éternelles sociétés socioculturelles est criminel.
Mais depuis quelques jours la situation ne relève plus de l’anecdote. Bill Duff l’a mis noir sur blanc et le pays attend que le gouvernement agisse. Dans une lettre au Secretary for Home Affairs il y a quelques mois, (citée par Week-End), Bill Duff dit ceci: “Even after 16 months being in charge of prisons, I had not fully realized the capacity of the staff to bypass professional procedures and the capacity of managers to collude .” à qui profitait cette collusion? Qui a outrepassé les procédures en mettant nos vies en danger ?
La grandeur de l’homme est visible: “If you wish me to see out of my contract then i shall do so but should you wish to appoint my successor sooner rather than later then it is a decision that I shall fully respect. In the meantime I shall continue to do all I can to rid Mauritius Prisons Services of its laisser-faire attitudes and inculcate within it an ethos of professionalism, integrity, efficiency and pride.” Il semblerait que tout le monde ne soit pas aussi content de voir partir Bill Duff.
Écrit sur une page de cahier avec les ratures et fautes d’orthographe, une de ses pensionnaires à la prison des femmes lui a écrit cela : “I would just like to say from my heart that No matter what happend and there was a lot of mis understandings aspecially with the language barrier , that we appreciate everything you did for us big and small and we know you tried your atmost Best to reform this prison , but when things are out of your hands , then its God's way of telling you you have done your Best. And we are thanking you with tears in our eyes , to see you leave is taking a piece of our heart. And we want to wish you the Best of success for where you are going and for your career to florish wherever you may be. Thank you and Good Bye , may God Bless you Mr Duff.”
Par Jean-Mée DESVEAUX
Tel un corps dont le mécanisme immunitaire serait détraqué, l’île Maurice s’acharne contre les hommes et les femmes qui se battent pour sa survie alors qu’elle ouvre ses bras accueillants aux filous de tous genres qui leur en veulent d’être hautement plus capables qu’eux.
L’ancien gouvernement avait eu une stratégie intelligente qui visait à permettre au pays de faire un bond qualitatif dans certains domaines clés en y recrutant des professionnels extrêmement qualifiés à leur tête. C’est ainsi que les compétences de Bert Cunningham à la Douane, de Donna Leclair au CEB, de Phillip Cash à l’Airport of Mauritius et de Bill Duff à La Prison, furent mises au service du pays dans le double but de réformerr l’organisme dont ils avaient la charge ainsi que de s’assurer qu’au terme de leur contrat, un enfant du sol soit suffisamment formé pour assurer la relève.
C’était un processus qui allait permettre à tout un pan important de la vie institutionnelle du pays de sortir de son statut de sous-développement pour se positionner au niveau des upper middle income countries que le pays aspire à devenir. Le grand bénéficiaire de ce processus allait sans aucun doute être le public mauricien dans son ensemble dont le niveau de vie aurait tiré profit de la transformation de ces organismes clés. Mais il y allait aussi avoir des perdants : ceux qui ayant reçu une formation sur le tas au sein du laisser-aller d’un système désuet avait rendu nécessaire la présence de l’expatrié. Il est tragique de constater que dans ce rapports de force, le manque de conviction et de patriotisme des politiques, hier et aujourd’hui, compromettent l’intérêt supérieur du pays allait transiger et en se pliant devant les frustrations de petits hommes qui ont, de par leurs actions, confirmé le manque de professionnalisme qui les excluent du poste qu’ils convoitaient.
Le bal des commissaires de prisons des six dernières années a créé une telle faiblesse au sein de notre système carcéral que chaque prison est comme autant de poudrières prêtes à exploser. Nous venons de constater que dans un pays qui veut faire du tourisme son pilier essentiel, un événement inattendu comme le chikungunya peut faire tituber même les plus grands groupes hôteliers. Les prisons de Beau-Bassin sont à vingt minutes des grands hôtels de l’Ouest. Qu’adviendra-t-il de cette destination cinq-étoiles le jour où une mutinerie dégénèrerait en prise d’otages dans un bel hôtel du littoral ? Si notre réputation devait être ternie par un tel événement combien de temps faudrait-il pour la rebâtir et à quel coût.
C’est donc avec une légèreté choquante que Navin Ramgoolam a fait partir Bill Duff . En ce faisant le Premier ministre a pris le pari d’un homme qui ne pourra pas dormir d’un sommeil tranquille pour des années à venir car le pays ne lui pardonnera jamais si ce que nous redoutons avec le départ de l’écossais s’avérait juste. Et pour compenser ce manque aigu de jugement, les décisions les plus abracadabrantes sont prises pour donner l’impression de bouger dans le bon sens. On ne peut peut-être pas s’attendre à ce que l’homme qui se débarrasse aussi négligemment d’un des meilleurs chefs de prison au monde réalise qu’amender le code pénal en vue d’instituer une peine de 60 ans pour viol est une assurance que prend le gouvernement que le violeur achève sa victime après son forfait. Comme dirait Hamlet, “ There are more things in heaven and earth than in your philosophy ”, Prime minister.
On se souvient qu’à la Mauritius Revenue Authority, une responsable avait trouvé que ni Bert Cunnigham, ni le chef de l’Interpol n’aient les qualifications nécessaires pour leur permettre d’être sur la short liste de 40 candidats. Cet exercice fut mené à bien en main de maître avec le recrutement d’un responsable des douanes d’un pays du Sud-Est asiatique où Ousama Ben Laden et ses gentils lurons entrent et sortent à volonté ce qui lui vaut du reste le titre peu enviable du case book d’une douane louche aux yeux de la Banque mondiale.
Si nous sommes donc choqués par le départ de Bill Duff, c’est que nous savons que le pays va encore une fois perdre au change. Arpentant les rues londoniennes et la prison de Brixton à la recherche d’un homme qui mettrait de l’ordre dans nos prisons, votre correspondant n’aurait jamais pensé trouver un tel candidat pour servir le pays. Il existe plus d’un douzaine de prisons à Londres et on devine ce que cela demande comme expérience, intégrité, bagage intellectuel et caractère trempé dans l’acier pour être le governor d’une de ces instituions pénitentiaires de sa majesté britannique. Eh bien, Bill Duff était le patron très respecté de tous ces messieurs ! Ce bonhomme a été en charge, parmi tant d’autres, des terroristes de l’IRA qui donneraient à nos Monstre et autres Antoine Chetty un profil d’enfant de chœur.
Mais une question vient tout de suite à l’esprit. Si Bill Duff était si doué, comment est-ce qu’il ne réussit pas à redresser la barre d’une institution bon enfant en plus de quinze mois ? Et la réponse à cette question est extrêmement grave et condamne encore une fois le gouvernement actuel qui n’a pas agit sur des renseignements qui indiquent de fortes présomptions de haute trahison dans un domaine tel que celui-ci. Chaque incident dans une prison mène potentiellement à une mort d’homme, soit dans la prison ou pire encore dans la communauté qui l’entoure.
Si certains officiers ont été responsables de jouer ainsi avec la vie humaine pour des raisons qui leur sont propre, leur place est bien à la prison mais de l’autre côté des barreaux. Il était étrange qu’une série d’événements aient eu lieu pendant tout ce temps qui pointaient à une connivence de l’intérieur même des prisons. Sans aucun démenti, Deepa Bhookun de l’express décrit la semaine dernière un scène sortant d’un roman de Kafka : Depuis des mois, le responsable de la prison de Beau-Bassin préfère laisser les prisonniers de la plus grande institution pénitentiaire du pays fainéanter pendant des heures jusqu’à ce que l’envie leur prenne de regagner leurs cellules plutôt que de se servir de la Prison Supporting Squad de M. Jacques Henri. Que l’animosité entre officiers du plus haut échelon de la MPS puisse mener à ce genre de brinkmanship où chaque fermeture frise une mutinerie potentielle est angoissant. Que le gouvernement ne fasse rien à ce sujet de peur de froisser les éternelles sociétés socioculturelles est criminel.
Mais depuis quelques jours la situation ne relève plus de l’anecdote. Bill Duff l’a mis noir sur blanc et le pays attend que le gouvernement agisse. Dans une lettre au Secretary for Home Affairs il y a quelques mois, (citée par Week-End), Bill Duff dit ceci: “Even after 16 months being in charge of prisons, I had not fully realized the capacity of the staff to bypass professional procedures and the capacity of managers to collude .” à qui profitait cette collusion? Qui a outrepassé les procédures en mettant nos vies en danger ?
La grandeur de l’homme est visible: “If you wish me to see out of my contract then i shall do so but should you wish to appoint my successor sooner rather than later then it is a decision that I shall fully respect. In the meantime I shall continue to do all I can to rid Mauritius Prisons Services of its laisser-faire attitudes and inculcate within it an ethos of professionalism, integrity, efficiency and pride.” Il semblerait que tout le monde ne soit pas aussi content de voir partir Bill Duff.
Écrit sur une page de cahier avec les ratures et fautes d’orthographe, une de ses pensionnaires à la prison des femmes lui a écrit cela : “I would just like to say from my heart that No matter what happend and there was a lot of mis understandings aspecially with the language barrier , that we appreciate everything you did for us big and small and we know you tried your atmost Best to reform this prison , but when things are out of your hands , then its God's way of telling you you have done your Best. And we are thanking you with tears in our eyes , to see you leave is taking a piece of our heart. And we want to wish you the Best of success for where you are going and for your career to florish wherever you may be. Thank you and Good Bye , may God Bless you Mr Duff.”